• Je ne me déplace pas, je ne pense pas à l’avenir ou si peu,  je ne ressens pas ces envies de gagner ou perdre, qui sont des illusions.  

    Je me contente de laisser battre mon coeur.

    Surtout j’essaie d’éviter d’être ma propre mesure du monde.

    Ne pas bouger et surtout ne pas imaginer que je serais un acteur de l’Histoire.
    Savoir quelle place j’occupe dans ce monde ne m’intéresse plus.
    Je possède la solitude forcée, l’isolement, cela vaut-il mieux que de ne plus rien posséder ?

    Mes blessures anciennes continuent à saigner, la cicatrisation n’est pas intervenue.
    Je suis l’homme qui danse la valse tout seul.
    Je ne sais même plus ce qu’est l’indécision.
    J’aurai toujours envie de boire une tasse de thé de temps en temps.
    Car je possède la solitude forcée, l’isolement et cela vaut peut-être mieux que de ne plus rien posséder...
    Nul besoin d’une quelconque volonté, ma liberté vient de mon absence de désirs.

    Vendredi  2  Octobre  2015  (  Vers minuit 16  )
     


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  • Bon revenons au sérieux : en fait moi j'accepte tout par habitude et par expérience ( savoir que rien n'y pourra si rien n'y peut ), notamment qu'on m'oublie un peu ou qu'on cesse soudain une communication qui avait des airs réguliers, mais ce qui me manque c'est l'info : on ne me prévient pas.

    Jamais.

    Les gens ne préviennent pas qu'ils vont se taire. Ca prend dix secondes ! Car ce qui compte n'est pas ce qui est écrit ou dit, mais la relation elle-même.

    Or le silence c'est ce qui tue les relations ou les rend souffrantes. Je me serai battu toute ma vie avec beaucoup de gens pour essayer de faire comprendre cette réalité : le silence entre deux personnes, lorsqu'il n'a pas été institué, lorsqu'il n'est pas convenu, ça crée un déséquilibre. L'un se tait à sa fantaisie, l'autre subit cette silencieuse fantaisie.

    Donc voilà, si tu ne me parles plus pendant quelques jours, au moins fais-le moi savoir. On peut tout de même faire une toute petite concession au mode de fonctionnement d'une autre personne, moi je ne cesse de devoir le faire, et bien souvent même contre mon gré, car aucun modus vivendi n'est convenu ou décidé entre un autre et moi.

    Le silence je ne supporte pas et ne pas en tenir compte c'est nier ma propre existence, ma personne même. Je répète que je suis un homme de langage, de communication, c'est un trait de personnalité à prendre en compte.

    Lorsqu'on se tait, on doit, juste avant, ou pendant, me faire signe qu'on se tait. Comme font ceux qui ne peuvent répondre pendant un repas parce qu'ils ont la bouche pleine. Ils diffèrent la reprise ou la continuité du dialogue en faisant des gestes devant leur bouche. Au moins ils se sont fait comprendre. L'autre sait pourquoi ils se taisent. Moi on ne me dit pourquoi on s'est tu qu'après m'avoir laissé longuement dans le silence. Pourquoi cette façon de faire pour le moins tracassière ne changerait-elle pas ?

    Samedi  3  Octobre  2015  ( Vers 22 h  )


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  • Je viens de recevoir par la Poste le livre « Carrington «,  à l’origine, biographie de Lytton Strachey, écrite par  Michael Holroyd, biographie coupée en deux et commençant à l’arrivée dans la vie de Strachey de Dora Carrington.
    J’ai déjà parlé de ce couple ici.

    Lui écrivait des biographies victoriennes ironiques à grand succès, et elle peignait des portraits, des paysages.

    Ils fréquentaient un groupe d’artistes dont faisait partie Virginia Woolf.

    Lorsque Lytton est mort de maladie, il ne s’est pas passé deux mois avant que Carrington ne se tue d’une balle de fusil.

    Un deuil pathologique.


    Un film fort bien fait a été tourné sur cette histoire d’amour extraordinaire.
    Ingrid aimait beaucoup regarder ce film. Elle pleurait toujours à la fin, lorsque Carrington se retrouve seule dans cette grand maison qui avait abrité son bel amour avec Lytton Strachey.

    Elle savait que cela finirait par un suicide.
    Elle pleurait.
    Moi je regrettais que Carrington se soit tuée.

    Ingrid disait :
    - Moi je la comprends.
    - Ne me dis pas que s’il m’arrivait quelque chose, tu....
    - Si. En tous cas je commencerais par boire et reboire jusqu’à en crever, et un jour j’aurais le geste fatal. Je ne pourrais jamais supporter ta perte. Jamais.

    Elle pleurait en pensant à cela.
    Je la rassurais :
    - Ne t’inquiète pas, cela n’arrivera jamais !
    En effet, cela n’est jamais arrivé, car c’est Ingrid qui est morte la première de nous deux.

    Et moi je suis encore là, presque dix ans après, à repenser à tout cela...

    Lundi  5  Octobre  2015  ( Vers 23h15  )


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  • Aujourd'hui encore je n'ai toujours pas eu de SMS spontané, de mail, ou autre signe de vie venu de la planète terre.
    Quand Ingrid est morte, je suis devenu RIEN, je suis passé de l'autre côté du miroir, et je suis devenu le reflet de moi-même, celui qui écrit ici.
    J'ai rêvé cette nuit qu'Ingrid me décrivait le monde des autres, des indifférents à mon sort, des non-communiquants, des querelleurs, des agressifs comme :
    - Le monde des Singes. Ce sont des singes. Tu n'as pas grand chose à voir avec eux, ne te mêle plus de rien, n'attends plus rien des singes.
    Je me suis mis à rire tellement l'idée des singes m'amusait.
    Je me suis réveillé en riant.
    Je me suis dit :

    - Laissons les singes pour ce qu'ils sont. Moi je n'en serai jamaisVendredi  9  Octobre  2015  ( Vers 1h30 du matin ).

     

     


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  • C’est reparti pour un tour dans le désert.
    Pas un mail, pas un coup de téléphone, pas un SMS, pas un message privé sur FB, pas de visite, bien sûr.

    Demain je sais que je verrai un tout petit peu de monde, je vais au Salon du Livre et il y aura là-bas l’éditrice pour laquelle j’examine des manuscrits.

    Je n’ai pas envie de raconter une journée aussi morne que celle que je viens de vivre et qui n’est pas terminée.

    Mais je le fais quand même.

    Un texte ennuyeux est seul capable de traduire l’ennui des gens.
    Ca commence que mes nuits de sommeil sont entrecoupées de réveils, trois ou quatre jusqu’au matin.
    J’ai chaque fois envie de pisser, avec l’âge j’ai remarqué que je pisse de plus en plus souvent.
    J’espère que c’est le cas de tous les seniors.
    Evidemment je vais aux chiottes, en titubant de fatigue, avec de violentes douleurs articulaires, genoux, chevilles, tout cela bien ankylosé...

    Avec cela en musique off bien sûr une sorte de musique de solitaire, cette fois ça serait Astrud Gilberto mais au fond n’importe quoi fait l’affaire.

    Tellement ankylosé que j’ai trainé sur le canapé à toujours et encore continuer à regarder des épisodes de « Six Pieds Sous Terre «, avec parfois des émotions me ramenant au deuil lorsqu’un homme a perdu quelqu’un et qu’il est désespéré.

    Comment faire pour vivre sans Ingrid ?

    Repensé au fait que j’étais elle et qu’elle était moi et que donc elle une fois partie ça donne que je n’existe plus vraiment.
    J’ai repensé à cette histoire du Monde des Singes, auquel je n’appartiens plus.
    Ils sont si nombreux que je me sens perdu, je me sens comme un paria.
    Dix ans de la même souffrance, du même feu de douleurs qui m’aura consumé.
    Pendant vingt ans j’étais la joie d’être avec Ingrid et depuis dix ans je suis le chagrin qu’elle soit morte.

    « Dessinez le jour le pire de votre vie ... «

     

    Samedi  10  Octobre  2015  ( Vers 22h40  )


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  • Ma femme elle est au boulot de 13h à 22h et donc ça fera une longue journée sans signe de vie, car je n’ai pas la voiture et donc je suis coincé à la maison dans ce quartier mort silencieux, même pas un croassement.

    Une « amie « ( elle a beaucoup aimé autrefois Ingrid, elle est venue à ses obsèques,on se voyait au moins une fois par semaine car nous avions ses filles en classe ).

    Cette femme écrit sur Réseausocial « Menteur !  Arrête de faire ton Caliméro «.

    Je me sens violemment heurté car autrefois quand elle pleurait de solitude, après une ruptur pénible,  chaque jour nous l’avions soutenue, Ingrid et moi, avec affection jusqu’à ce qu’elle rencontre un homme nouveau et qu’elle puisse revivre hors de l’isolement.

    Répondre comme je peux, sans colère, patiemment,  aux reproches de sa fille qui n’a apparemment pas compris la situation.
    Essayer de lui expliquer objectivement la vérité.

    Ingrid aurait été blessée de me voir ainsi maltraité, c’est insulter sa mémoire que de me faire subir cela.
    Supporter tout cela.
    C’est ça, l’isolement.
    .

    Je ne veux plus en être. Je n’en suis pas. Je n’en serai plus jamais.

    Les gens ils m’emmerdent.

     

    Mardi  13  Octobre  2015  ( Vers Minuit 25 du matin )


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  • Cette nuit, insomnie à cause de cet habituel sujet :  étrange coïncidence, les gens ( famille, amis, collègues ) qui nous avaient fréquentés, Ingrid et moi, pendant longtemps et avec assiduité, se sont tous au fil des ans écartés peu à peu de moi une fois que ma compagne a été morte, je pense que dans leur inconscient je " pue la mort " et que je représente concrètement la " possibilité de la mort de l'autre ".Car ils sont tous en couple et j'ai été gentil avec tous.

    Je n'ai connu, de ce cercle d'intimes d'autrefois, pour me rester fidèle, qu'une ancienne mère d'élève et ma femme actuelle .

    Tous les autres ( famille, amis, collègues ) sans exception font désormais faux bond, sans assumer bien sûr.

    La vieille amie qui vient de trahir la mémoire d'Ingrid, cela fait une personne de moins sur qui compter, et j'en suis bien amer.

     

    Jeudi  15  Octobre  2015  ( Vers 13h10  )


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  • Toujours seul toute la journée comme cette voix de femme qu'on entend donner sa plainte dans la Symphonie No3 d' Henryk Górecki .

    Des violons forment un tapis de solitude.

    Personne ne m'entend.

    Je gémis doucement je n'ai rien à dire d'autre que de pleurer cet isolement qui est le mien.

    " Chantez pour moi, petits oiseaux,

       On n'entend pas mes plaintes
       On entendra votre chant... "

    La nuit est tombée sur ce néant.

     

    Vendredi  16  Octobre  2015  (  Vers 19h25 )


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  • "....Tu as été l'époque la plus belle de ma vie. C'est pourquoi, non seulement je ne pourrai jamais t'oublier, mais même je t'aurai constamment dans la mémoire la plus profonde, comme une raison de vie.... " 

     

    ( Pier Paolo Pasolini )Samedi  17  Octobre  2015  ( Vers  23h15  )


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  • Je vis dans le monde magique de ceux qui voudraient bien que les fantômes existent, ou les fées, ou que les mortes viennent les hanter gentiment parfois.
    Je suis triste de ne pas croire à tout cela, car je suis purement cartésien.

    Un libre-penseur radical.

    Ainsi donc elle ne viendra plus jamais me parler, appuyée contre un mur du salon, pendant une de ces interminables journées de solitude forcée.

    Ou bien jamais plus Ingrid ne chuchotera à mon oreille ou ne se glissera sous la couette pour avoir de mes nouvelles.

    Lorsque je songe à elle, lorsqu’Ingrid recommence à me manquer, ce qui se renouvelle à chaque minute depuis bientôt dix ans, en vérité je ne songe à RIEN. 

    Dimanche  18  Octobre  2015  ( Vers 19h  )


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