• "....Mon amour pour toi a été le plus important de mon existence.
    Pour le meilleur et pour le pire.
    Il m’a aidé à comprendre qui je suis.
    Nous sommes parfois obligés d’accomplir des gestes impardonnables.
    Afin de pouvoir continuer à vivre..."

    ( D’après le texte de la pièce de Christopher Hampton : « A dangerous method « )

    Vendredi  1er  Janvier  2015  ( Vers 11h45  )


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  • Je me suis surpris à imaginer, en roulant tranquillement vers l’hypermarché,  comment se déroulera la petite cérémonie des dix ans de la disparition d’Ingrid.

    Cela se passera au cimetière, près de la plaque à son nom derrière laquelle se tient l’urne qui contient ses cendres. 

    Il y aura un grand portrait photo d’elle encadré, posé sur un chevalet de peintre.
    Ce petit rassemblement aura lieu vers onze heures du matin, le 21 septembre 2016.

    Je suppose qu’il y aura présents d’anciens proches d’Ingrid, par exemple mes deux filles, des collègues des écoles, quelques anciens amis...

    Je ferai un petit speech et j’inviterai à l’écoute en silence d’un court morceau pour violoncelle de Benjamin Britten, qu’Ingrid adorait écouter, malgré ou à cause de la mélancolie qui émane de ces notes sombres...

    Puis j’irai manger dans un restaurant, me suivra qui voudra.

    Samedi  2  Janvier  2016  ( Vers 21h50  )


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  •                                                                       September Song


    L’automne est entré un soir tout à coup
    Il a poussé la fenêtre
    Brusquement le vent souffla comme un fou
    Et des feuilles mortes volèrent partout
    J’ai compris que l’été avait pris fin
    Qu’il faudrait nous quitter le lendemain
    Et pour très longtemps peut-être

    Lorsque septembre vient
    J’ai peur de l’automne
    Des tristes matins
    Des soirs monotones
    J’ai peur de l’automne
    Saison des regrets
    Où l’espoir disparait
    Où l’on est inquiet

    Sous le ciel gris et lourd
    Diminuent les jours
    Nuages
    Orages

    Lorsque l’automne vient
    Je me souviens
    Et me laisse étreindre
    Par la peur

    Mercredi  6  Janviers  2016  ( Vers 1h30  du matin )


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  • Ma fille cadette elle m’adorait, c’était réciproque. Cela a duré jusqu'à son age adulte.

    Et puis voici que depuis la mort d’Ingrid elle a pris peu à peu des distances que je peux l’empêcher de placer entre nous.

    Une relation, si l’un des protagonistes n’en veut pas ou n’en veut plus, celui qui en souffre il n’y peut rien.

    Je la relance avec des sms, avec des mails, je commence à trouver qu’elle exagère : je lui ai tant apporté pendant deux décennies.

    Je sais que je ne lui ai rien fait qui justifie qu’elle m’oublie et me néglige à ce point.
    Et je répèterai cela jusqu’à la fin des temps.

    Les gens qu'on méprise de cette manière ressentent une espèce de culpabilité, ils cherchent : " Qu'ai je fait pour mériter cela ? " Ils voudraient se trouver une faute, pour avoir une raison de souffrir.

    Moi j'ai été gentil et affectueux, j'ai joué à fond mon rôle de papa, ignorant que ma récompense serait le vide, le néant.

    Si l'on ajoute à cela mon isolement actuel et mon deuil d'Ingrid, je suis servi plus que je n'aurais voulu, en chagrin.

    Terriblement injuste, cette ingratitude, ce nombrilisme, cette pauvreté affective.
    Je crains de me fâcher un jour.

    La colère succède à la peine, lorsqu'elle est causée par l'injustice.

    Mercredi 6  janvier  2016  ( Vers 19h40  )


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  • Lorsqu’on est musicien/chanteur et qu’on est dans l’isolement, on pratique le re-recording.
    On enregistre soi-même une partie instrumentale sur une piste.
    On enregistre une autre partie instrumentale sur une autre piste.
    On enregistre tout un orchestre en exécutant soi-même le travail de chaque musicien grâce par exemple à un clavier de synthétiseur.
    On pose sa voix, le chant, par-dessus tout ça.
    On mixe.
    Puis, à l’écoute, on a l’impression de dix personnes en train de jouer ensemble alors qu’on a été seul, si seul, car on est trop isolé pour connaître des musiciens et constituer un orchestre.
    Alors on pratique l’enregistrement de one-man-band, comme l’avait fait Sidney Bechet avant les autres, comme l’avait fait ( sans le son  ) Méliès il y a plus de cent ans.

    Dimanche  10  Janvier  2016  ( Vers minuit 30 du matin )


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  • Moi j'avais cette petite fille en attention et en soins. Elle est née en 1983.

    J'ai été si gentil avec elle qu'elle me le rendait bien quand elle était petite.

    Mais c'est à croire qu'elle a oublié à quel point j'ai  été attentif à son enfance.

    La dernière fois qu'elle a vraiment veillé sur moi est quand Ingrid est morte, elle m'a hébergé chez elle pour essayer de me faire passer cette vilaine pilule.

    Et puis depuis quelques années elle se détache, peut être parce qu'Ingrid est morte et que je " pue la mort ", peut être aussi à cause de sa bipolarité, ou peut être qu'elle se met à ressembler à sa mère, qui était devenue si méchante et si acariâtre, toujours tournée vers elle-même.

    Nous n'avons quasiment plus de rapports de sympathie, elle laisse mourir la relation comme s'il s'agissait d'une vague qui doit mourir de sa propre mort, par abandon.


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  • Pendant que la vie des autres se poursuit, qu’ils pensent à eux, à leur nourriture, à se laver, à s’amuser, à travailler, à vivre leur existence à eux.

    Pendant qu’ils sont avec leur amour et que tout va bien et qu’ils ne pensent jamais :
    - L’autre pourrait mourir...

    Ou que s’ils y pensent ils écartent vite cette pensée qui pourrait leur casser le moral.

    Pendant tout ça.

    Moi je suis celui qui a été touché par la flèche, en plein coeur, je dois désormais boiter, qui me trouve en orbite autour de ma vie depuis dix ans.
    Et j’ai encore chagrin chaque fois que je fais quelque chose sans Ingrid.

    Mais il se trouve que je fais TOUT sans elle depuis dix ans et que j’ai ce chagrin depuis dix ans, jour après jour, heure après heure.

    Mercredi  13  Janvier  2016  ( Vers 20h20  )


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  • Je sais que j’en veux à plein de monde de ne pas parler assez, de ne pas se livrer, de ne pas se raconter, de tout garder pour soi.

    Je hais cette phrase : « Le silence est d’or . «

    Je déteste qu’on vante les bienfaits du silence, qu’on prête aux « taiseux « des qualités de sagesse.

    L’homme est de langage et le pire supplice qu’on puisse lui infliger est de ne jamais lui adresser la parole.
    Ne s’en privent pas ceux qui organisent des quarantaines. Ils torturent par le silence. C’est un lynchage muet.

    Samedi 16  janvier  ( Vers 1h du matin )


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  • «...L’entourage  familial  et  socio-professionnel de l’endeuillé  peut  réagir  par  le  rejet, menant à l’isolement et au retrait social involontaires de la personne la plus touchée...»

    Dimanche 17  Janvier  2016  (  11h20  )


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