J’ai été gentil toute ma vie avec tout le monde, car seule la gentillesse, la paix et l’empathie m’intéressent dans toute relation.
« Tout le monde «, cela veut dire : les enfants, les proches, les collègues, la famille, les amis, les voisins, les commerçants...
Tout ce monde-là appréciait le couple joyeux que nous formions, Ingrid et moi.

Et peu à peu après 2006 je me suis retrouvé dans le désert.

Les collègues m’ont tourné le dos, les amis n’ont plus cherché à entretenir l’amitié, et le plus dur aura été de se rendre compte que mes propres filles, que j’avais tant choyées, à qui j’ai fait l’école dans ma classe maternelle, dont j’ai eu la garde à leur demande lors de mon divorce, quand mon premier mariage a cessé, on s'est éloigné, prétextant, pour ne plus m’écrire de mails, de sms, pour ne plus me téléphoner, pour ne plus me rendre visite, prétextant du travail, des activités, des maladies... Et peu à peu montrant des signes d’irritation lorsque je leur faisais remarquer la rareté de leurs interventions dans ma vie.

C’est alors que le terme très laid et brutal de « Pue La Mort « est venu à mon esprit.

J’ai compris que les Pue-La-Mort sont comme les lépreux d’autrefois, leur crécelle c’est la connaissance qu’on a de leur situation d’endeuillés, et qu’il auraient double-peine : celle de la perte terrible d’une personne indispensable, avec en supplément la peine de voir leur monde d’autant plus déserté.

Le Pue-La-Mort que je suis devenu est en train de réfléchir à une stratégie pour se refaire un monde nouveau, car l’ancien semble avoir disparu avec ma compagne.

".... Les histoires de cercueils, c'est triste et pas joli... "

".... Je suis encore vivant. Ne pas m'enterrer trop tôt ".
 

( SMS envoyé hier à ma fille cadette, qui semble m'oublier totalement depuis plusieurs semaines ).

"...Être, ou ne pas être, c’est là la question.

Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir la fronde et les flèches de la fortune outrageante, ou bien à s’armer contre une mer de douleurs et à l’arrêter par une révolte?..."

En fait j’avais à réfléchir : « Que faire parce que ma fille cadette ne me fait plus signe depuis plusieurs semaines sans que j’en sache la raison ? «

En ayant assez de souffrir de ses longs silences inexpliqués, de ne plus jamais voir mon petit fils, de n’avoir pas de réponse à mes mails ou à mes sms, je suis sur le point de couper définitivement et radicalement les ponts avec cette ingrate.

Voilà à quoi j’avais à réfléchir.

Car si je n’ai plus signe de vie de sa part, au moins j’en connaitrai désormais la raison, si c’est moi qui coupe les ponts.