Un forum sur Internet, auquel j'étais inscrit, et qui concernait le deuil : m'n suis fait vider pour deux raisons .

Ca fait dix ans que ma compagne est morte et que donc ça les inquiète, les endeuillés récents ils cherchent à oublier au plus vite, ils espèrent régler leur problème en deux ou trois ans maxi..°

 Presque tout le monde croit au petit Jésus et aux petits anges, donc leur mort(e) ça les suit partout, ça fait son ange gardien, on peut lui parler, on " sent sa présence ". Je leur ai expliqué que tout ça était de la croyance sans fondement, qu'un mort ça vit plus jamais et  ça reviendra jamais et  ça n'est plus là du tout. Ils ont appelé ça du " cynisme " et m'ont rejeté pour cette raison.

Le but pour eux est de fuir leur souffrance, ils n'acceptent pas d'en chier, ils imaginent qu'il " faut se donner un coup de pied au cul ", qu'il faut " se secouer un peu ", et.c. Ils ont des recettes toutes faites.

Il y a même des charlatans : des " coachs " qui se font du blé en " t'accompagnant " sur le chemin du deuil.

En fait il n'y a qu'UNE façon d'être en deuil. La mienne n'est pas valable pour la majorité des gens. Il leur faut un au-delà.. Il y a un conformisme même pour cette situation dramatique.

Aujourd’hui nous sommes samedi et les week-ends pendant lesquels ma femme travaille sont épuisants de l'ennui de ne pas voir du monde.

Personne ne vient, ne téléphone, ne m’écrit mail ou message sur  Réseausocial, rien rien rien, le désert.

Je me demande encore et toujours pourquoi ma fille cadette, qui a tant fait cas de moi pendant vingt ans au moins, me traite en mort.

Si encore il y avait eu un incident, quelque chose, mais rien... C’est toujours une punition subie comme une terrible injustice. Cela me déprime et me chagrine mais on ne peut obliger quelqu’un à vous aimer suffisamment, à vous entourer,  en reconnaissance de ce que vous avez donné comme affection et gentillesse.

Ce n'est pas simple de lutter jour après jour contre ce sentiment terrible de la réalité de l'abandon. Voici plusieurs semaines que ma fille cadette ne me donne plus signe de vie, je ne mérite pas ce traitement et chaque jour je me bats contre moi-même pour ne pas être trop déprimé par cette cruelle attitude de rejet ou d'ignorance.

"... Quand je regarde cette rue où personne ne passe
Que je regarde la porte et que personne ne frappe
Que je vois mon téléphone qui ne sonnera pas,
Je me demande chaque fois :
Est-ce la fin d'une époque ou le début d'une autre ? ... "

J'ai rêvé d'Ingrid, cette nuit, c'était tellement réaliste que je m'y suis cru.

Il y avait un petit orchestre de folklore roumain ( violon, tympanum, flûte... ) avec une chanteuse blonde à lunette, et j'ai reconnu, serrée dans un petit costume de paysanne roumaine, Ingrid. Le groupe jouait de la musique joyeuse, les Parisiens qui regardaient tapaient dans les mains en cadence.

Nous étions sur le Pont-Neuf, à Paris.

Il y avait du soleil.

J'étais troublé de retrouver Ingrid ici, je ne m'y attendais pas.
Elle me dit qu'elle m'aurait téléphoné dès le set accompli mais qu'elle était si heureuse de me voir arriver comme ça sans prévenir.

Je me suis réveillé aussitôt.
" Tu vois, ça n'était pas la réalité. "