Ah la la, parfois j'ai de longs et tristes moments de découragement.
J'ai envie de pleurer, je me sens si triste que mes filles m'aient laissé tomber comme une grosse merde, sans que je sache pourquoi.

Et l'ex mari de mon ainée qui ne répond plus, il va faire comme il a déjà fait : se murer dans le silence. Entouré de gens murés dans le silence, ça fait comme si j'étais en prison.

Ils m'enferment dans leur absence volontaire. Se doutent-ils que cela me fait si mal ?

Il me vient des envies de disparaitre, mais pas au sens macabre du terme, au sens propre.
Plus personne ne saurait ce que je suis devenu.
Je vivrais ailleurs, loin.
Ca ne doit pas être simple de disparaitre vraiement, partir sans laisser de traces, ni d'adresse.
Tout quitter, quitter tout le monde.

Cette idée, ce soir me ravit.

Se lever avec ces étranges idées :
« Mes filles ne me font plus jamais signe «
« Mes filles me dénigrent «
« Mes filles m’oublient «
« Je ne vaux plus rien pour mes filles «

Se coucher avec ces étranges idées :
« Mes filles ne me font plus jamais signe «
« Mes filles me dénigrent «
« Mes filles m’oublient «
« Je ne vaux plus rien pour mes filles «

Passer la journée avec ces étranges idées :
« Mes filles ne me font plus jamais signe «
« Mes filles me dénigrent «
« Mes filles m’oublient «
« Je ne vaux plus rien pour mes filles «

C’est est vertigineux de souffrance. Combien de fois vais-je dire, me dire, essayer de le faire comprendre au monde entier, que je ne sais pas pourquoi elles se sont mises à me traiter comme un mort ?

Ne pas oser se souvenir du temps où j’étais papa, car cela est trop douloureux, donc m’interdire de me rappeler telle ou telle anecdote.
Etre privé même de vivre des moments nouveaux avec des enfants par ceux-là même qui font barrière entre mon passé et moi.
Tes filles, que tu as adorées, soignées, chéries pendant vingt ans, soudain te dédaignent, et du coup même leurs enfants tu ne peux relationner avec.
Cela ne saurait durer. Ils n’ont qu’une enfance et moi je n’ai qu’une vie.

Le principe, c’est que j’ai une collection de gens malades tout autour de moi depuis mon enfance :
ma soeur est complètement partie de la tête, elle a toujours pété les plombs en public ou en privé et se révèle infréquentable car cela peut la prendre d'un instant à l'autre..
Mon frère est atteint aussi, un jour il a décidé de ne plus me parler du tout, de faire comme si j’étais mort, alors que je croyais qu’il m’aimait bien.
Mes parents avaient soutenu ce frère dans sa bizarre décision tout en imaginant qu’ils allaient tout de même pouvoir continuer à me fréquenter. Mais leur complicité avec cette action d’oubli de ma personne, sans raison avouable, me mettait tellement mal à l’aise que je me suis résolu à ne plus les fréquenter, car je souffrais de leur muette complicité chaque fois qu je les rencontrais.
Ma première épouse s’est révélée gravement atteinte de bi-polarité, j'ai été amené à la quitter, heureusement que j'avais rencontré l'amour avec Ingrid.
Ma première femme a fini par transmettre sa maladie à mes deux filles, qui, au fil du temps, ont été de plus en plus souffrantes psychiquement au point actuellement de faire comme mon frère fait depuis des dizaines d’années : m’ignorer, voire se montrer hostile à mon égard si je me manifeste.
Tout ceci est si étrange et complexe ( car ces gens parviennent souvent à donner le change pendant un certain temps ) que je me débats tout seul ou presque, tout en ayant été traumatisé par la disparition d’Ingrid.
J’aimais bien tout ce monde-là, mais ce monde-là était malade.
Ce monde-là est malade.

Il faudra bien se dire que j'aurai énormément souffert de la mort d'Ingrid, depuis 2006, une vraie catastrophe dans ma vie, puis depuis cet été de la rupture qu'on décidée ( sans que ne sache pourquoi ), mes filles d'avec moi.
C'est la seconde catastrophe de ma vie et je me sens tellement impuissant à y faire quelque chose...
La relation qui a repris, entre la fille d'Ingrid et moi, me console un peu mais c'est fragile.

Les mois avancent, les jours se succèdent, je suis toujours sur ce sujet qui  n'en finit pas. Comment mes filles feraient-elles désormais pour rattraper ce meurtre symbolique de leur père ?
J'ai essayé de faire décoincer les choses en leur envoyant de temps en temps un SMS mais j'ai juste reçu des réponses méchantes de la cadette.

Bon sang mais qu'est ce qu'elles ont après moi ?
Je suis gentil. Je suis amusant.

Juste un petit quelque chose de " différent " des gens, pas grand chose.
Il y a aussi ce deuil d'Ingrid qui m'a frappé et qui doit donner aux filles l'impression que je ne suis plus le même qu'avant ce drame ?

M'en fous si je répète mille fois la même chose, cette histoire tourne en rond, c'est une spirale de douleur pour moi.

Voilà je commence l'Opération Kuro Deiji.
Cela veut dire " Marguerite Noire ".

Ingrid aurait voulu s'appeler Marguerite, elle me l'a souvent répété. Je crois parce qu'elle s'identifiait à  cette fleur simple et blanche.
Moi je la surnomme " La Marguerite Noire " parcequ'elle est morte.

J'ai donné ce nom à l'opération que je vais réellement faire démarrer en Janvier 2017, le mois prochain. Cela va consister pour commencer à envoyer un PDF aux deux filles et à leurs ex pour proposer de mettre au point un protocole de visites des enfants chez nous.

Comme il sera prévisible que je n'obtienne aucune réponse à ce sujet, je contacterai une avocate pour envoyer une première lettre de conciliation.

Pendant ce temps je vais aller faire la publicité sur mon livre de poésie " Poèmes sur le pouce " à la télé régionale rouennaise. Ainsi soit elles me verront dans leur écran soit elles en entendront parler par leurs amis. Je sais que ça leur déplaira mais elles seront contraintes d'entendre parler de moi. Ca les gênera j'en suis persuadé.
J'essaierai aussi qu'il y ait un article sur moi et mon livre dans le Paris Normandie.

Etape 1 : le PDF ( " avertissement " ) dès le 2 janvier.
Etape 2 : le courrier de l'avocate. le mois suivant.
Etape 3 . passer à la télé et dans le journal pour me rappeler à leur bon souvenir.

Je pense que je vais tenter une alliance avec l'ex de ma fille cadette mais là rien n'est gagné.

Mon but avec l'avocate, sera d'obtenir que soit dit que j'aurai été victime gratuite d'un dérèglement affectif. Surtout : que les petits enfants et nous puissions relationner et que cette relation soit protégée par la loi.

PDF envoyé sous forme de SMS à ma fille ainée :

Ton fils a besoin de s’habituer à connaître son grand-père ( ton père ) avant de pouvoir le fréquenter durablement et régulièrement comme font tous les petits-enfants avec leurs grands-parents. ( Quelques jours chez nous pendant les vacances scolaires en compagnie de ses cousins et cousines serait un minimum convenable ).
Rien ne devrait pouvoir s’opposer à ce qui aurait du être une habitude naturelle depuis longtemps.
Je demande donc, à l’orée de l’année 2017, que nous ayons une concertation au plus tôt afin  de mettre au point entre nous, sans intervention extérieure,  un protocole relationnel très progressif entre ton fils, sa grand-mère par alliance et moi son grand-père.
Ayant passé près de quarante ans à prendre soin de très jeunes enfants, ayant de l’affection à donner à mes petits-enfants,  je trouve injuste pour ton fils de le priver de cette richesse culturelle et affective que je veux lui donner, et injuste envers moi de n’avoir fait de moi et de ma femme que des grand-parents théoriques.
Nous avons des relations régulières et bénéfiques avec nos autres petits-enfants et donc je crois que c’est le moment de rétablir la situation de ton fils à la normale vis à vis de nous.
En espérant que tu donneras sans trop attendre à ce mot la considération qu’il mérite,
Papa.

Ma femme tousse depuis une semaine et je l'ai accompagnée chez le médecin.
Je l'ai attendue en lisant.
Quand sa consultation a été terminée, ils sont sortis du cabinet elle et lui et il est venu me trouver puis m'a dit devant tout le monde que c'est de ma faute si ma femme fume, que je ne suis pas assez autoritaire pour l'en empêcher et que j'ai donc une responsabilité dans son problème de santé.
Il a fait semblant de plaisanter en disant cela mais il m'a mis mal à l'aise. Je lui ai répondu que ma femme est assez grande et indépendante pour faire ce qui lui plaît et que si elle fume ou non c'est son problème et pas le mien.