• Suis en train de méditer longuement.
    Je me suis aperçu que l'étude du cornet à piston m'avait ramené au jazz, et que le jazz avait précédé tout ce que je dois oublier désormais, pour ne pas souffrir.
    C'est comme si je faisais marche arrière, précautionneusement, afin de repartir sur une route toute neuve, n'ayant pas le choix.
    Je sens bien qu'à part ma femme il ne reste plus personne avec qui relationner de façon satisfaisante et profonde.
    Son fils s'est grillé en montrant sa totale indifférence au drame qu'on me fait vivre, participant à l'histoire de ce drame du mauvais côté, tout en faisant semblant d'être neutre.
    Les filles ne me connaissent plus.
    Ma famille d'origine, il y a longtemps que plus personne ne me fréquentait.
    Donc je n'ai qu'une seule personne sur cette planète.
    Mes amis fidèles se comptent sur les doigts d'une main et encore ils ne me comprennent pas complètment, ils sont juste humains et chaleureux, c'est déjà pas mal.
    Cela voudra dire que : je n'aurai jamais eu de filles, je n'aurai jamais connu les gens qui m'ont abandonné ou rejeté ou oublié ( tout à la fois ).
    Cela veut dire que désormais je suis ouvert à toute rencontre qui s'harmoniserait avec mon projet de vie neuve.
    " Un effacement "  (  120  )


    votre commentaire
  • Savoir se souvenir que les petits-enfants, lorsqu'on ne les voit pas, ce sont les parents qui les privent de leurs grands-parents.
    Ne pas se soumettre à l'idée communément répandue : " C'est moi qui tire bénéfice et qui suis en demande et en désir ".

    L'enfant est en désir de voir ses grands-parents.

    Et il faut que je me souvienne que lorsqu'on relationne avec moi, c'est un échange, je ne suis pas à voir comme celui qui est en demande. J'enrichis l'autre par ma fréquentation. Il y gagne autant que moi .

     

    "  Un effacement  "  (  121  )


    votre commentaire
  • Je lis un gros livre sur le goulag.
    Ces analogies que mon inconscient me dicte, la situation des prisonniers déportés sans raison connue d'eux et qui me donne le sentiment d'être en terrain de connaissance...
    On est dans " Le procès " de Kafka, en fait mes filles ont déporté mon affection pour eux, comme on faisait physiquement avec les Juifs, on les a soudain écartés de la vie à laquelle ils appartenaient, et il a bien fallu inventer des raisons pour justifier l'injustifiable.

    L'humiliation morale, l'impression de perte de dignité, voilà ce que je partage avec tous les parias.

    "  Un efffacement " (  122  )


    votre commentaire
  • Bon il y a eu un petit souci venu du fils de ma femme.
    Nous ne les voyons presque jamais, ce jeune couple et leur petite fille, dont ma femme est la grand mère.
    Et voilà qu'ils ont pris rendez vous depuis quelques jours pour passer demain. On les voit très peu et ma femme s'en est plaint. Elle m'a dit qu'ils voyaient chaque semaine les autres grands parents, et qu'elle n'osait pas leur en parler parcequ'aussitôt elle serait taxée de jalousie.
    Moi je lui ai dit que c'est à cause de mon existence qu'ils ne la voient pas plus, toujours cette mise à l'index inexpliquée mais fréquente de ma personne.
    Il y a la tondeuse que le fils doit récupérer.
    Mais soi-disant que la petite doit faire la sieste avant de venir.
    Bon, mais avant elle la faisait chez nous, comme ça nous pouvions bavarder pendant ce temps-là.
    En fait ils passent le midi et l'après midi chez les autres grands-parents et donc ne viendraient qu'une fois cette première visite terminée.
    Bon moi j'ai dit à ma femme : " Ils savent que je suis tout le temps isolé, seul, et quand ils passent c'est justement après avoir passé du temps chez d'autres, qui voient souvent du monde, et donc ne venir chez nous qu'en fin d'après midi. Moi je suis frustré de cela. "
    J'ai conseillé à ma femme de leur expliquer sans animosité et d'essayer de nous obtenir une visite plus normale, pas les miettes d'une visite chez d'autres. Pas une visite de seconds couteaux.

    En fait ce qui me gêne le plus dans toutes ces histoires, dans ces histoires qui nourrissent " Ingrid Absente ", c'est que tout cela vole bas, et que je suis fatigué de n'avoir à rencontrer ou à vivre que du pas bien élevé, du médiocre. Je suis toujours obligé de me baisser au niveau des autres, je voudrais fréquenter des gens avec qui me sentir à l'aise, des gens francs et frais.

    Le " flou" , les petites manoeuvres, les sentiments pauvres, l'égoîsme, le nombrilisme, la langue de bois, la pluie, le beau temps, les rétentions d'infos, les petites combines psychologiques, les petits profits,  j'en suis las.

    " Un effacement " (  123  )


    1 commentaire
  • Pffff, encore un " ami " qui a nié mon isolement.
    C'est un " ami réseau-social " que je n'ai rencontré qu'une fois.
    Il est d'ordinaire intelligent mais là il a marché dans la lourdeur : lorsque je lui ai raconté mon isolement, il m'a démontré que ça n'est pas vrai.

    Je lui ai envoyé le manuscrit de " Ingrid absente ", on ne sait jamais, ça l'éclairera peut être.

    Mais bon je ne crois plus à personne ni en rien. C'est parfois si douloureux de vivre en sachant que mes filles m'ont rejeté sans raison.

    Le truc le plus difficile, c'est de m'obliger à essayer de rester raisonnable, lucide, gentil, de ne pas me dire " A quoi bon ".

    Ce supplice de chacune de mes journées, je ne le souhaite à personne.

    " Un effacement " (  124  )


    votre commentaire
  • Moi je continue chaque jour à penser à " cela ".

    Et je me suis aperçu que ce qui pourrait aller à l'encontre de ma personnalité, de mes tendances et instincts, ce serait justement de mêler la Justice à cette histoire.

    Donc je réfléchis à un moyen de faire savoir que j'existe, faire savoir ce que l'on peut penser de la situation, de faire savoir plus tard à mes petits-enfants que je ne suis pour rien dans le fait qu'il auront eu peu d'occasions de me voir.

    Je pense à une avocate. Je pense à faire rédiger une lettre .

    "  Un effacement  " (  125  )


    votre commentaire
  • Ma tête se vide parfois, tellement je supporte mal la situation.
    Extrait d'un mail envoyé par moi à mon ex-gendre, qui semble relationner avec nous de façon " flottante " ( il répond toujours très tardivement aux SMS ou mails et s'en tient à des formules diplomatiques qui mettent une distance désespérante ).

    ".... De ton côté, que vis-tu, comment vis-tu, as-tu des projets de vie, des projets de musique, et.c ?
    Il n'est pas interdit de me parler de tout ça car j'imagine que tu  n'as pas décidé pour nous deux une relation purement froide et diplomatique, je ne peux pas vivre de telles relations ou alors il faut me prévenir, que je puisse aviser.
    Bon écoute réponds moi quand tu auras le temps, on a toujours cinq minutes pour écrire un mail, même quand on travaille et qu'on a des enfants à charge. Par contre si on n'a pas envie, il est mieux de le dire clairement, ça permet de rester honnête.
    Je ne sais trop où tu te situes dans ce terrain-là !..."

    " Un effacement "  (  126  )


    votre commentaire
  • Je suis allé à Paris passer une journée.
    J’y avais rendez-vous avec la fille d’Ingrid et son petit garçon, dont Ingrid aurait été la grand-mère si elle était encore de ce monde.
    Cela fait deux fois que nous avons ce style de rendez-vous, cela remplace ceux que j’avais à Paris aussi avec ma fille ainée, qui m’ignore depuis un an environ.
    Je prends chaque fois le TGV, j’aime bien ce train qui glisse.
    Nous avons, la fille d’Ingrid et moi, beaucoup parlé, notamment de l’étrange et insupportable attitude de mes deux filles à mon égard.
    Rien n’explique cette « quarantaine «.
    Dans le train à l’aller, il y avait deux acteurs très connus en France, dans mon compartiment.
    Ils revenaient certainement de la projection d’un film auquel ils ont tous deux participé.
    Au retour, toujours en TGV, j’ai eu une discussion très intéressante sur les philosophes de la Grèce antique, avec un voyageur très sympa.
    Cela faisait des années que je n’avais eu un dialogue passionnant avec un inconnu, dans un train.
    A la maison, ma femme avait préparé un plat de lapin pour le dîner.

    "  Un effacement  "  (  127  )


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires