• Jeudi 30 Avril ( vers 0h05 du matin )

    A part ma femme, qui est revenue de son travail à l’HP vers 15 h, deux personnes m’ont parlé en dialogue, une petite discussion, cet après midi : le propriétaire du « Grand Jardin Magique «, où je suis allé lire une bonne heure, noyé dans le végétal et dans les chants d’oiseaux, noyé dans le vent et les intermittences des passages de nuages, là-haut au-dessus et second bavardage : Véronique la toiletteuse pour chiens qui est venue tondre notre petite chiernne et qui était encore au travail quand je suis revenu .

    J’avais ressenti à cause du soleil et du printemps et de la solitude, l’envie de vivre cet état mélancolique de façon poétique pour quelques heures, et aussi pour retrouver un peu du fantôme d’Ingrid car c’est elle qui m’a initié entre 1988 et 2006, à l’art d’apprécier les jardins, ce qui m’était jusqu’alors inconnu car j’ai été élevé dans des cité d’immeubles HLM et que la nature et moi avons été longtemps des étrangers timides l’un envers l’autre.

    Dans ce grand jardin je me suis planté sur un vieux banc de bois devant une grande mare, une mare magnifique, et j’ai lu un  Magazine Littéraire de ma vieille collection, celui sur Roland Barthes, il date de 1975, je lisais dans ma jeunesse chaque mois le nouveau Magazine Littéraire, passionnant. Il y avait la chronique de Jacques Sternberg, « Le Moi littéraire «, pleine de critiques un peu vinaigrées mais si drôles.

    J’ai relu avec délices les défiances radicales de Roland Barthes envers le « bon sens « poujadiste, la tautologie dite « petit bourgeoise « mais que perso j’attribue sans honte à la « populace «, que je ne respecte que socialement, mais pas culturellement ni humainement, ils me font chier, ils imposent leurs moeurs et leurs opinions mal dégrossies, je les fuis comme la peste et depuis que je ne travaille plus je suis bien content de ne plus voir et entendre leurs gueules, leur vulgarité.

    Le plus paradoxal étant que je serais le premier à prendre les armes pour défendre leurs droits et leur dignité. Mais je n'aime pas les fréquenter, ils me font trop penser aux salauds de ma famille d'origine, celle de Rouen.

    Noyé dans tout ce vert et dans ces fleurs et dans ces feuilles de plantes et dans ces troncs d’arbres, avec le bruit du vent et des oiseaux, et seul seul seul oublié oublié oublié, j’ai trouvé le moyen de ressentir grand plaisir à vivre, car je pensais à tous ces coups de téléphone non reçus, à ces mails non écrits pour moi, à ces visites non rendues, je pensais à ces carences et déficiences d’affection et d’humanité qu’on ne me donne pas, et je me suis dit :
    - Si quelqu’un voulait te voir ou te parler, tout de suite à l’instant, il ne te trouverait pas, et un jour on ne te trouvera plus et il sera trop tard mais moi j’aurai vécu quand même.
    Car les instants de grande solitude et d’isolement et d’oubli de soi par les autres sont tout de même des instants de vie.

    Le fantôme d’Ingrid était là, je me souviens m’être déplacé à un bout du vieux banc de bois pour lui faire une place. J’ai regardé sa place vide et j’ai pensé :
    - Elle serait assise là et nous écouterions ensemble les grenouilles.

    « Mercredi 29 Avril 2015 ( 14h30 environ )Jeudi 30 Avril ( Vers 14h30 ) »

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