• Il parait que le moindre des évènements par effet domino a des répercussions loin, très loin, dans la vie de gens inconnus.
    Je me suis donc demandé ce que cet isolement dont je me plains tant va avoir comme effet sur l'existence de personnes éloignées ?

    " L'un des symptomes d'une prochaine dépression nerveuse est de croire que ce que l'on fait est important ". ( Bertrand Russell )

    Ces deux idées sont donc contradictoires. Je ne vois pas trop en quoi mon isolement aurait quelqu'importance sur autre que moi-même car personne ne s'en préoccupe, ce qui est d'ailleurs l'essence même de l'isolement : les gens ne se préoccupent pas de toi, ce qui font de toi un isolé, et personne ne se préoccupe de ton isolement, puisque tu es isolé. Cela tourne en rond et cela ne peut donc s'en aller ricocher sur la vie des autres.

    Aujourd'hui ce dimanche je l'ai vécu comme tant de gens le vivent, sauf que nous n'étions que deux, ma femme et moi. Nous sommes allés sur ma suggestion nous promener au Grand Jardin Magique qui était tout plein de visiteurs, ce qui m'a fort changé de mon ambiance habituelle de solitude mais qui m'a plus car ça me permettait de sourire à l'un au détour d'un sentier, dire trois mots à l'autre. Marcher sur de l'herbe, admirer un superbe bouquet de bouleaux, poser son regard sur les miroitements de l'étang où je m'étais installé pour lire l'autre jour.

    Je suis toujours étonné de voir que ma petite chienne shi-tzu est toujours d'attaque pour me témoigner qu'elle m'aime. Je vais à cause des abandonneurs, tomber dans le cliché : " Ma chienne me donne plus d'affection que les humains ", hi hi !
    Nous venons de faire une grande partie de chahut et cela me fait toujours rire car cette petite bête minuscule est si drôle...


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  • Ces journées que je vis, si je les compare avec d’autres journées que j’ai vécues, sont extraordinaires, elles ne ressemblent pas à ce qu’elle auraient du, logiquement, être.

    J’avais un grand oncle qui s’appelait Georges et qui était tromboniste.
    Il m’avait fait croire que les éléphants s’étaient inspirés de son instrument pour leur barrissement qui, en effet, peut avoir quelques point communs sonores.
    Cependant, à l’école j’ai eu à écrire un texte : " Description d'un personnage étonnant que tu connais ou as connu ... "
    J’ai donc parlé de mon Oncle Georges, qui avait inspiré le style vocal des éléphants dans mon devoir, je croyais réellement à cette anecdote,  j’étais déjà « premier degré « .
    Le maître essaya de m’expliquer que c’était une blague.
    Je fus mortifié car je n’aimais pas qu’on traite mon grand oncle Georges de menteur.
    J’ai beaucoup pleuré. Ma mère eut toutes les peines du monde à me convaincre que Tonton Georges m’avait conté une bourde.

    Vu personne sauf des gens qui mènent leur vie sans s’occuper de celle des autres.

    Dans le lotissement on sait qu’il y a des humains parce qu’ils envoient de la fumée de barbecue partout et qu’ils font un chambard d’enfer avec leur tondeuse à essence.



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  • J'ai envoyé tout à l'heure sans grand espoir ce mail à ma fille ainée

    "....Ca fait un bout de temps que personne ne me fait signe ! Je me demande pourquoi ! Si tu as un renseignement à me donner ou un avis, n'hésite pas, il est normal que cela me préoccupe. Merci d'avance et bisous !
    Papa..."

     Sachant que ma fille cadette est gravement bi-polaire et qu'elle a des tendances suicidaires, forcément je m'inquiète toujours quand il y a ces longs silence qu'on m'impose. Et sa soeur ainée ne me tient pas au courant.

    Cette fois mon bateau traverse de nuit une zone où flottent de gros icebergs, va falloir essayer d'éviter le naufrage.


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  • Tout seul aujourd’hui de 5h30 du matin à 15h dans l’après midi. Mais cependant la nuit n’a pas été cauchemardesque.

    Quel parleur je fais, insatiable, tellement je vois personne, quand ma femme rentre de son travail je lui parle je lui parle, alors qu’elle tente de se reposer au soleil sur la terrasse.
    J’ai ramené un bac de glace caramel/beurre salé pour ,lui faire plaisir et agrémenter sa sieste.
    De mon côté je vais boire une bonne bière fraiche .

    Ces maudites personnes qui auraient pu faire " mon entourage " m'ont encore oublié et laissé tout seul aujourd'hui.


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  • Un souvenir qui me revient ...

     Je suis récemment parti du foyer conjugal pour savourer ce fol amour naissant avec Ingrid. Je reçois très vite une lettre de ma banque m’annonçant que je suis en fort découvert.

    Or, j’ai toujours fait très attention à mes dépenses.

    - Est ce que ta femme n’aurait pas procuration par hasard ? me demande Ingrid.

    - Merde... J’ai pas pensé à faire cesser cette procu.

    Ingrid sourit :

    - Ben voilà, le mystère est élucidé.

    Elle élargit son sourire :

    - Il ne nous reste plus que l’amour et l’eau fraîche, on a de quoi tenir longtemps !...

     

    Un autre souvenir qui m'est revenu ce matin en écoutant la radio...

     

    « - Qu’est ce que tu écoutais quand tu étais jeune ? me demande Ingrid.

    « - J’écoutais des conneries yéyés.

    Cela la fait sourire :

    « - Moi aussi....

    Je mets un vieux disque vinyle tout craquant comme du pain sur ma vieille platine et soudain on entend Vince Taylor chanter « Twenty Flight Rock «.

    J’attrape Ingrid par les mains et nous dansons une espèce de chorégraphie nerveuse, raide et tremblante.

    Lorsque la chanson est finie, nous sommes essouflés. Ingrid nous ressert un ballon de vin rouge et elle fredonne :

    « - Ce soir je serai la plus beeeeeellllle pour aller danser-é-é-é....

    Puis elle ajoute :

    « - Tu vois moi aussi j’écoutais des conneries yéyés...

     


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  • Bon voilà en ouvrant les yeux, un fort sentiment de solitude et de mélancolie.

    C’est quasi quotidien, ça m’arrive presque chaque matin au réveil. J’essaie de faire avec, ce n’est pas si simple.

    Ma femme est partie très tôt à l’hopital pour y travailler, je ne l’ai même pas entendue se préparer car elle est discrète et essaie de ne pas me réveiller, sachant que je m’endors souvent très tard et que mes nuits sont ainsi saucissonnées, éveil endormissement éveil endormissement.

    Lorsque je me réveille je me mets à voir sur la télé un épisode d’une série, comme Borgen ou Urgences.
    J’évite de penser à ce vide qu’on a construit autour de moi.
    Ce vide qu’on ne revendiquera pas ou qui sera nié.
    Il l’est.


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  • Toi tu lis tout ça et tu te demandes : qui est-il ? Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il vécu ?
    Mercredi 13 mai 2015  ( Vers 17h25  )
    Donc je donne quelques éléments de réponse, mais je pense que ton idée sera plus juste lorsque le temps passera et aura plané sur toutes ces pages accumulées. C’est bien sûr un journal mais la chronologie n’est que dans le fait de l’écrire chaque jour avec la date, même si j’y raconte souvent des éléments du passé.


    Les trois soucis points noirs idées un peu fixes sont : Ingrid est morte en 2006 et elle continue à me manquer très fort/Mes deux filles ont tendance à m’ignorer, m’oublier/ Je ne vois pas quasiment jamais de gens malgré que je ne sois ni un monstre ni un idiot.

    Les éléments fondamentaux sont : Ingrid est morte et depuis vingt ans les gens nous voyaient ensemble/J’ai cessé de travailler en 2008 je faisais instituteur de classe maternelle/Mes filles sont atteintes de pathologies, l’une, est bipolaire, l’autre a des tocs, des compulsions.

    Moi : né en 1952 à Rouen.
    J’avais une soeur ( que j’ai toujours ).
    Une méchante soeur qui ne m’a jamais apprécié, elle était vilaine, elle faisait des bêtises, mentait. J’écrirai un chapitre sur ma soeur, à moins que ça n’ait été fait ? ( Je ne relis jamais ce journal, il n’est pas écrit pour moi mais contre mon isolement, donc pour les autres ).
    Moi j’ai eu une belle scolarité, car j’étais discipliné, travailleur et on dirait aujourd’hui « Surdoué ). Je crois que le malaise du milieu familial a fait de moi un type " différent ".

    J’ai des tas de manies comme les Aspergers et j’ai des tas de pertinences dans les domaines culturels et artistiques.

    Donc je ne suis plus de première jeunesse, ni même de seconde jeunesse, plutôt un « senior «, même si ce terme me fait sourire, car j’ai gardé quelque chose de l’enfance, quelque part dans ma personnalité.

    Question travail : en 1972 j’ai été premier au Concours d’Entrée à l’Ecole Normale de Mr St Aignan, sur les hauteurs de Rouen, et j’ai appris mon métier. Ensuite j’ai fait instituteur de maternelle jusqu’en 2008, j’ai pris ma retraite cette année-là.

    Question vie privée : j’ai été mariée avec cette femm bipolaire ( la mère de mes filles ), de 1974 à 1988.
                                      J’ai vécu avec Ingrid  de 1988 jusqu’à son décès au CHU de Rouen en 2006.
                                     Je me suis remarié avec une aide-soignante en HP, en 2008 et je vis avec elle actuellement, dans la Sarthe.

    Et c’est depuis ce temps-là que ça cloche question environnement humain : en Sarthe, personne ne me parle ou ne recherche mon amitié, je vis dans un lotissement avec des maisons tout autour mais chacun reste chez soi et un voisin te fera juste un timide signe de la tête pour te saluer, au pire il émettra une phrase ou deux sur la météo du jour.
    Mes filles  se font d’une telle rareté que ça en est désespérant.
    Donc : ma femme travaillant chaque jour à l’HP ( ou presque ) je me trouve dans la grande et vaste solitude. Mon contact avec l’extérieur, c’est Réseausocial.


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  • La chanson et moi .

    Quand j’étais tout petit, que nous habitions, mes parents, ma soeur  et moi, dans un minable deux pièces de pauvres, Rue du Gros Horloge à Rouen, près de la Place du Vieux Marché, côté maquereaux, côté putains, côté clodos, ma mère était obligée de laver son linge sur le pallier de l’immeuble, me laissant seul de l’autre côté de la porte.
    Ma soeur ainée  allait déjà à l’école, donc ne pouvait me surveiller.
    Ma mère installait une chaise devant le poste de TSF ( on appelait comme ça la radio ) et j’étais obligé d’écouter sans bouger, sans quitter la chaise.

    Des après midis entières.
    Mes pieds ne touchant pas le sol, je n’osais sauter de si haut.
    J’avais deux ans. Et j’étais obéïssant. J’avais peur du martinet.
    C’étaient les années cinquante et les chansons étaient aussi niaises et ridicules que celles d’aujourd’hui. On prenait un thème innocent, genre « Les forains « ou « Les lavandières «, ou encore « Les ponts de Paris « et on y déclinait une espèce de poésie niaise et cucul en faisant sonner les rimes à la fin des lignes en ne s'éloignant pas, question sens, du thème choisi au départ.
    Les gens sortaient de cinq ans de fer et de feu, de peurs et de larmes, on leur donnait du sucre d’orge pour les oreilles, cela pansait les blessures laissées par les détonations et les cris.
    Les chanteurs et les chanteuses, parfois, roulaient encore les « r « à l’ancienne mode, notamment un gros Corse nommé Rossi, tout droit venu d'avant la guerre,  le faisait encore. Mais tout doucement apparaissaient des jeunes qui chantaient comme on parle, et essayaient de donner un peu d’énergie à tout ça, car ça s’était endormi depuis la guerre, les anciens chanteurs tentaient de garder pignon sur rue, ils rivalisaient sans succès avec les jeunes.
    Il y avait, comme aujourd’hui, surtout des refrains faciles à retenir.

    «..... Tant qu'y'aura du ling' à laver
    On boira de la manzanilla
    Tant qu'y aura du ling' à laver.
    Des homm's on pourra se passer... «

    Justement ma mère était sur le palier en train de laver son linge. Elle avait une lessiveuse avec un tuyau vertical au centre, dans lequel l’eau bouillante montait et se déversait en petits jets savonneux.
    Ces chansons me parlaient, à moi petit garçon, car j’en chopais une expression que je connaissais et j’en reconstituais une histoire à ma guise.

    Ainsi la musique et les paroles restèrent indissociablement liées à jamais pour moi, ainsi la musique s’apprit toute seule, d’oreille, et elle fit partie de moi et devint une seconde nature.
    Soixante ans après je continue à composer, à écrire des textes, à chanter.

    Cela me console un peu de mon isolement et je sais que lorsque je recommencerai à chanter pour d’autres, cela me fera rencontrer des gens. Et je pourrai donner du plaisir à ces gens.


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  • L'enfer est pavé de bonnes intentions.

     

    «.... Claude , je vais te répondre prochainement, mais je suis un peu débordé par pas mal de choses dans l'immédiat, et comme je ne souhaite pas traiter "a la légère" ton message, cela me semble plus raisonnable ainsi.  J'espère te répondre à quel que chose d'un peu complet avant une semaine. Bien a toi...»

    Ce message m’avait été envoyé le 20 avril par  le mari de ma fille cadette. Depuis, c’est le grand silence. Je me demande pourquoi.

    Ainsi je vis une vie de grandes aventures toute pleine de rebondissements.
    On m’annonce qu’on « va me repondre avant une semaine «
    Un mois plus tard ou presque on n’a toujours pas répondu.

    C'est un pavé de bonne intention supplémentaire sur le sol de mon enfer.


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  • Bien on va essayer de réfléchir à voix haute.
    Le sujet est mon isolement.

    La question est : « Comment se fait-il qu’un père qui aura été si gentil et si pertinent avec ses deux filles sera oublié ou presque par celles-ci, sans qu’un incident notable ne justifie cet oubli ? «

    Je ne me pose même pas la question : « Est-ce qu’un type comme moi mérite qu’on lui porte de l’intérêt ou qu’on recherche sa compagnie ? « car des salopards complets y ont droit, des crétins, des pauvres types, tout ce que l’on voudra : tout le monde y a droit ou presque.

    Je sens que cela va faire comme d’habitude : je ne trouverai pas la réponse, car évidemment rien ne vaut les vérités des autres exprimées par eux-mêmes pour comprendre.
    Moi je ne peux qu’évaluer, essayer de piger, émettre des hypothèses.

    Qu’est ce qui fait qu’on n’a plus envie de parler à quelqu’un que l’on a fréquenté de très près pendant plus de deux décennies ?

    Parfois je me dis « Ma cadette est bi-polaire, cela fait partie des conséquences de sa maladie. Après tout sa mère, qui l’était aussi, faisait la même chose qu’elle envers moi : elle me boudait souvent, et parfois pendant très longtemps, même sans raison avouée. C’était comme ça : une envie de faire la gueule, de ne plus voir, de ne plus entendre parler. «

    Pour ce qui est de ma fille ainée, le souci est d’une autre couleur : je ne crains jamais de vinaigre ou de méchanceté de sa part, mais elle est rare et silencieuse, et je ne sais jamais vraiment pourquoi. Je sais qu’elle a pas mal de problèmes de compulsions, de T.O.C.s et de phobies,  mais à ce point ? Il y a du secret dans ses absences, ses éloignements et ses silences, du secret que je ne parviens pas à percer.

    ( Entre deux petits paragraphes je jette un oeil à ma boite mails : rien total rien total vide ).

    Cela donne toujours le même résultat : un espèce de mélancolie dans laquelle je baigne comme dans un bain un peu tiède.

    Isolement solitude sentiment d’être l’unique être vivant dans le Monde des Absences.


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