Mon univers, ma personne, sont tellement différents de la moyenne que bien sûr je vis sans cesse le rejet.
Les gens n'aiment pas que l'on soit différents d'eux, surtout quand on ne peut deviner d'où vient ce sentiment de malaise provoqué par une " différence invisible ".

Je suis tellement triste de tous ces abandons...

Je dois vérifier si je suis ou non Asperger.
J'en ai tellement de caractéristiques et j'ai tellement vécu les épreuves de ces gens que souvent j'ai l'impression d'en faire partie.
J'ai laissé un mail à un organisme de ma région qui s'occupe de ça, j'attends la réponse.
Hier j'ai discuté par mail avec une Asperger qui s'implique dans ce domaine ( conférences, livre, et.c ). C'était une discussion sympa.
Quelque chose me dit qu'après le diagnostique ( Etre ou ne pas être ), une nouvelle vie commencera pour moi car ne pas savoir, ça fait comme un noeud qui empêche d'avancer.

Je me suis trouvé revigoré par l'entretien avec une avocate.
En effet, deux choses me faisaient grandes souffrances : l'une de voir ma femme privée de sa petite fille, l'autre de m'être vu utilisé comme prétexte pour cette privation et ensuite d'avoir été gommé complètement, occulté, méprisé, bref d'être devenu une sorte de maccabée vivant.
Nuit et brouillard.
De pouvoir raconter notre histoire à cette professionnelle de la justice, cela m'a redonné vie.
J'ai eu l'impression de renaître, dans ce cabinet.
J'ai donc décidé que si les autres refusent la confrontation en médiation, je poursuivrai tout seul l'action, celle de vouloir que la petite fille nous rencontre à nouveau, simplement pour que ceux qui ont voulu faire de moi un mort-vivant entendent parler de moi souvent, n'aient plus affaire qu'à moi, alors qu'ici ils voulaient n'avoir affaire qu'à ma femme.

Bonjour,ce mail pour vous remercier de votre écoute éclairante lors de notre rencontre jeudi 5 dernier.
J'ai envoyé, suivant votre conseil, une demande de rendez-vous à l'Association M, je pense qu'ils me répondront courant de la semaine prochaine.
Afin de pouvoir éventuellement vous contacter par la suite si l'affaire ne s'arrange pas, je vous communique nos intentions.
Si la médiation est acceptée par les parents de L, il se pourrait qu'un accord émerge et donc je ne vous solliciterai pas pour une suite éventuelle mais vous le ferai savoir pour conclure.
Si la méditation échoue ou si les parents de L n'y accèdent même pas ( ce qui est tout à fait probable ), je serai seul, même si ma femme me soutiendra, à poursuivre l'action qui consistera à obtenir pour L un droit de visite et d'hébergement avec nous.
Pour des raisons personnelles, tenant à son enfance douloureuse, ma femme est complètement inhibée pour ce qui est des affrontements, même si elle en souffre. On peut appeler cela un " blocage ". C'était déjà un gros effort de sa part que de venir dans un cabinet d'avocate.
C'est la raison pour laquelle je voulais savoir si une action qui aura un aspect individuel de ma part ( mais dont les conséquences, en cas de réussite, pourront profiter à ma femme, la grand mère paternelle de L ), pourra être commencée avec votre soutien, en cas d'échec de médiation ?

Cordialement...

Cher Monsieur,

Je réponds à votre mail d’hier.

Une action menée uniquement par vous ne serait pas très cohérente.

  Le juge aux affaires familiales ferait sans doute échec à votre demande car il considérerait que si la grand-mère ne fait pas d’action, c’est que ses droits sont respectés ou qu’elle ne souhaite pas les faire valoir. Dans cette dernière hypothèse, l’absence de cohésion entre vous serait considérée comme contraire à l’intérêt de l’enfant.

  Sentiments Dévoués

Bon voilà. Faute de combattants ( ma femme faisant défaut ) je ne pourrai me battre seul pour que la petite fille nous revoie. Donc les méchants ont gagné.
J'ai eu beaucoup de mal à digérer ce fait, que l'affaire se conclue comme cela.
Je déteste l'injustice et que les injustes puissent faire à leur guise.

Mon idée du monde et de la justice va évoluer. Je vais certainement acquérir ce pessimisme réaliste qui consistera à me dire qu'il ne faut plus rien attendre de franchement bon de la part des hommes.

Maintenant je vais prendre un peu de repos pendant quelques semaines, j'oublierai ces salauds qui nous ont fait ce sale coup. J'ai un terrible ressentiment.

Je vais laisser se repacifier mon esprit, je vais me tourner vers d'autres centres d'intérêt, je vais tuer tout ce monde-là mentalement. Il en faut, parfois, du courage. Et pour combattre, et pour admettre une défaite. Je sais que cela n'est pas de ma faute. J'ai perdu parce que l'on m'a fait comprendre ( l'avocate ), que ça serait vain de combattre seul.

Parfois des crises d'angoisses devant l'horreur d'un tel isolement.
Je me suis renseigné il y a apparemment du zen soto dans la région, notamment au Moulin de Vaux.
J'enverrai demain un mail là-bas pour savoir quand je peux me pointer, et.c.
J'ai le sentiment qu'il faut que j'aille par là.

Il me reste uniquement ma femme comme compagnie. S'il lui arrivait quelque chose de grave, je me retrouverai totalement seul, oublié, abandonné, ça me donne le vertige.
Evidemment je n'ignore pas que les méditants ne sont pas de grands bavards mais sait-on jamais, les amitiés pourraient naître si je fais une démarche...

Demain j'ai un rendez-vous chez une psychiâtre. Il s'agit qu'elle me fasse un courrier que liront les gens à qui je demande un diagnostique " Asperger ".
On ne sait rien sur rien, sur soi-même, ce que je sais c'est que j'ai des " traits " comme dit ma femme, qui travaille en HP, des " traits " qui pourraient laisser supposer une légère atteinte de ce style, en tous cas je veux savoir.
Car mes soucis à répétition finissent par donner un éclairage sur ce que nous pourrions être en réalité.
Se percevoir comme gentil et bienveillant et être traité comme la peste, que l'on fuit, ça fait réfléchir.

J'ai rencontré une psychiâtre pour la première fois cet après-midi.
Elle m'a fait comprendre que ça ne servirait à rien de savoir si je suis ou non Asperger.
Du coup j'ai renoncé mais par contre je vais entamer une suite d'entretien avec elle.
J'imagine que cela s'appelle une thérapie mais moi je vois ça comme plutôt un démêlage de fils embrouillés.
N'étant pas un Asperger diagnostiqué mais soupçonné, je serai un Aspergoin.
Je continue à ne plus jamais rencontrer qui que ce soit. On continue à m'ignorer, à m'oublier.
Je n'existe plus. Je suis transparent. Je ne suis plus rien.
Une sorte de lombric.

J'appelle cela " Le Vertige du Dimanche au soir ", la semaine se termine, et voilà encore une journée sans êtres humains autres que ma femme dans mon espace-temps.
Cela me noue les tripes de tristesse, chaque fois faut que je surmonte et après ça va mieux, mais c'est pas simple, c'est même dur, plutôt dur.....