• Reçu dans la matinée de la part du mari de ma fille cadette ( un message privé Réseausocial )

    Désolé j'ai été bien trop ambitieux. Je fais au mieux mais la je cours à l'autre bout de l'acadëmie pour le boulot.
    Je pense bien à toi dans tous les cas, et sais que c'est inconfortable d'attendre une réponse.
    Mais dans les grandes lignes nous sommes d'accord sur de nombreux points je crois.
    Désolé je file à nouveau et reviens vers toi au plus vite.

    Je sais qu'il n'écrira pas ou alors dans longtemps et je sais que ça sera bref. Je sais que peu de monde a envie de m'écrire.


    votre commentaire
  • Mardi 19 Mai 2015  (  Vers 21h30  )

    Ai reçu par La Poste le « Journal de Bolivie « du Che, qui va de Novembre 1966 à Octobre 1967. Je l’ai retrouvé dans la publication « Maspero «, je l’avais lu en 1978, et j’avais toujours rêvé de le relire, mais l’exemplaire que j’avais en main appartenait à la bibliothèque d’Y.
    Je l’ai acheté d’occasion pour 3 euros.
    Je n’espérais pas le retrouver un jour mais à l’époque il n’y avait ni informatique, ni Priceminister.
    Isolement, solitude, ce sont des thèmes qui deviennent cruciaux à mesure que l’année ultime d’ Ernesto Guevara avance.
    Isolement et solitude quand il écrit la dernière page de son journal et qu’il sera fait prisonnier le lendemain, abattu le surlendemain.

    J’ai consulté sur Internet de nombreuses photos, nombreuses.
    Il y a un mystère. Ces images mettent cet homme à grande distance car comme il était politicien il a toujours fait oeuvre de démonstration face à un appareil.
    Je me suis souvenu qu’il était mort à 39 ans et évidemment on ramène à soi et on se dit :
    - Je faisais quoi, à 39 ans ?
    Et je me souviens que je vivais avec Ingrid un superbe roman d’amour comme on en vit peu, depuis trois ans, c’était tout chaud tout brûlant entre nous et parfois je me dis que moi aussi il aurait fallu que je meure à cet âge, je serais mort en plein bonheur.
    Ingrid est morte alors que notre amour était encore tout chaud, bien vivace et bien brûlant, un amour de près de vingt ans qui n’avait pas été lézardé par quoi que ce soit, un amour presqu’insolent.

    Et bien sûr j’ai conscience que, partant de Che Guevara, de son isolement dans la jungle et de sa mort prématurée, je reviens comme toujours à Ingrid, à son isolement dans son lit d’hôpital, au mien, noyé dans le deuil, à la mort prématurée d’Ingrid.

    Elle est morte en 2006 et elle était née en 1953.

    Ingrid m’avait souvent parlé de Che Guevara car les gens de notre génération ont été marqués par son épopée, nous rêvions tous d’instaurer la révolution dans notre pays pour nous débarrasser des vieilles valeurs et pour rénover le vieux monde.
    Nous avions « fait « Mai 1968 et nous avions à cette occasion frôlé du doigt l’atteinte de notre but.
    Ingrid et moi étions en harmonie socio politique, même passé, même culture hippie..

    Me souviens longtemps avant d’avoir connu Ingrid, de mon escapade à moto, sur un petite cylindrée de 125 cm3, en une seule étape Rouen/Toulouse. J’avais pensé au Che et à son voyage initiatique avec son copain Alberto sur leur grosse Norton.
    C’était bien sûr la jeunesse et l’aventure.
    Nous avions gardé l’étincelle qui allume notre moteur d’aventure, Ingrid et moi et lorsque nous nous sommes croisés pour la première fois, les deux étincelles ont fait, ensemble, un brasier.

    Me voici désormais les pieds nus posés sur un petit tas de cendres froides.


    votre commentaire
  • Seule la glaise connait le point
    De la souffrance la plus grande
    Elastique et humide, brune et glacée, molle et gluante
    Seule la glaise connait le point
    De la souffrance la plus grande
    Griffée par mes doigts mordue par ma bouche
    Seule la glaise connait le point
    De la souffrance la plus grande
    Ecrite en elle
    Effacée par l ’usure
    Caressée par une main
    La souffrance la plus grande


    votre commentaire
  • J’avais un ami chinois qui était un étudiant quadragénaire venu de Nankin pour étudier l’informatique à l’université, en France.
    Je l’avais rencontré car j’apprenais la langue chinoise. Je l’ai vu pendant deux ans au moins une fois par semaine.
    Il était stupéfait du train de vie que ma femme de l’époque et moi menions : deux voitures, un F5 duplex, deux salaires de professeurs.
    Il se trouve que je m’entendais de plus en plus mal avec cette femme et que donc j'avais fini par la quitter pour vivre le bonheur avec Ingrid.

    Ingrid et moi nous avions un train de vie modeste : un petit appartement de fonction sombre et tout délabré, une seule petite voiture, et.c.

    Mais nous étions si heureux que nous nous en foutions, de notre humble condition de vie matérielle.

    Mon ami chinois avait vu d’un mauvais oeil ma rupture et ma nouvelle situation amoureuse.
    - En Chine quand un couple ne s’entend pas toute la famille les oblige à s’entendre. Ils se réconcilient car la famille met la pression....

    Il était venu nous rendre visite, à Ingrid et moi, il m’avait dit, devant elle :
    - Te rends tu compte de la déchéance que tu vis maintenant ? Tu es dans un petit logement minable, tu  n’as plus l’aisance d’autrefois... Mais pourquoi donc as tu fait ce mauvais choix ?

    Il n'a plus eu envie de me revoir mais comme c'était réciproque tout s'est bien passé.


    votre commentaire
  •  Robinson est seul.

    Bon il y a sa femme mais on ne saurait se contenter d'un couple avec chien pour se sentir très vivant.

    Mercredi 20 Mai 2015  ( Vers 23h30  )

    On me dirait devenu éclipse solaire totale. Cela me fait penser à celle que j'ai partagée avec Ingrid, il y a longtemps, un moment particulier de poésie et de rêve, un moment comme ça dans ma longue vie. On s'en souvient.

    Une éclipse solaire avait été annoncée

    Elle était intervenue pendant les vacances d’été, je crois au mois d’aout.
    Nous avions décidé, Ingrid et moi, que nous nous embrasserions dans la rue dès qu’il ferait tout noir.

     Ca devait être à peu près à l’heure du déjeuner et que le soleil était bien brillant et bien chaud et bien doré tout là haut.
    Et puis il avait commencé à se voir grignoté par de l’ombre et  peu à peu il avait disparu et nous étions descendus dans la rue et nous nous étions postés sous un arbre.
    Tout à coup il y a fait nuit partout et  l’air est devenu frais et  ce fut le moment pour Ingrid et moi de nous embrasser longuement, appuyés contre le tronc du platane.
    Pendant notre long et doux baiser j’avais entendu des oiseaux de notre arbre s’envoler, ils s’étaient tous arrêtés de chanter, ils regagnaient leurs nids pour la nuit.
    C’était la première fois que j’embrassais longuement une femme en pleine nuit à midi dans le silence absolu d’une totale éclipse solaire.

     J’avais pensé à cet instant au film « Le jour où la terre s’arrêta  «.
    Lorsque du coin de l’oeil, par dessus l’oreille d’Ingrid, je vis le soleil revenir, en commençant par un point lumineux au bord du disque noir,  je lui chuchotai une formule :

    - Klaatu barada nikto....

    - Qu’est ce que tu dis ? a demandé Ingrid en s’écartant doucement et en remettant ses lunettes noires à montures de carton.

    - C’est une espèce de formule intergalactique : Klaatu barada nikto....

     Ingrid m’avait pris la main :

    - On rentre ? J’ai faim....
    Pendant les quelques mètres que nous avions à parcourir jusqu’à l’école au dessus de laquelle nous habitions, Ingrid avait répété à voix basse, sous le soleil à nouveau éclatant :

    - Klaatu barada nikto...Klaatu barada nikto...

     
    Je me suis longtemps demandé si les gens se souviendraient aussi précisément que moi de ce qu’ils ont fait ou dit pendant ces quelques minutes d’éclipse totale de soleil, en 1999 ...


    votre commentaire
  • Eveil tardif ce matin car j’avais pris un Xanax avant de m’endormir, je crois vers 2 h du matin.
    Je ne me suis pas senti trop mélancolique ni carfardeux, car après un bon sommeil profond je suis toujours en meilleur état.
    Aussitôt une pensée pour ceux qui devraient se préoccuper plus souvent et plus longtemps de ma personne mais qui ne le font pas pour diverses raisons valables ou non.
    Puis une pensée pour Blandine partie au boulot sans me réveiller, ce dont je lui sais gré.

    Dehors il semblait ne pas pleuvoir.
    Je me suis préparé un café et me suis rallongé et en zappant sur le grand écran en face de moi j’ai vu que débutait un film que je connais par coeur, étant amateur du cinéma de Claude Sautet : « Une histoire simple «, avec Romy Schneider et Claude Brasseur.

    Sautet en 70 quand j’avais 18 ans, j’étais allé voir « Les choses de la vie «, et ce film m’avait séduit. Il m’avait séduit justement parce que l’homme dans la voiture est seul, sa solitude au moment de l’accident est telle qu’on la ressent fortement.
    Chaque fois que j’ai eu un gros pépin  j’ai été replongé dans « Les choses de la vie «, avec ce sentiment que ça n’en finit plus et ce rappel de l’organiste qui est resté le front appuyé sur son clavier parce qu’il est mort. Il me semble que cela était inspiré par une scène de Fantomas.

    Il y a eu cette chanson : « L’année où Piccoli jouait Les Choses de la Vie «

    «....Sur l'écran on voyait
    Piccoli mourir

    Jeudi 21 Mai 2015  (  Vers 16 h  )


    C'est toujours pour les autres
    Que tout doit finir
    Pour nous le monde était jeune...»

    Donc après ce plaisir que m’avait donné Sautet j’ai continué à suivre son cinéma, déçu,  un sentiment de baisse de peps et de qualité à partir de « Un mauvais fils «.
    En plus j’ai jamais aimé Dewaere, qui n’aura fait que du Dewaere toute sa vie d’acteur.

    L’élément qui me séduisait et que l’on retrouvait toujours dans un film de Sautet, c’est « la résidence secondaire pour les week-ends entre amis. J’ai toujours rêvé de week-ends où seraient rassemblés des amis, de ces chaleureuses rencontres ritualisées ( une fois par mois, une fois par trimestre ) où l’on échange des nouvelles, où l’on rit, où l’on fait des projets, et moi j’ai le désert pour cela et je ne connais personne pour faire cela.
    Peut être Sautet a t il idéalisé, peut-être qu’il traduisait ses fantasmes dans ses films, avec ses manies des bistrots, des restaurants, de la pluie, des groupes.

    J’ai connu un petit peu des ces ambiances ( sans savoir que ça serait illusoire ) lorsque j’étais en couple avec Ingrid, notre couple servait de pivot à tout cela et à chaque anniversaire, à chaque noël, à chaque fête, les trois filles et leurs compagnons venaient, voire des amis en plus. J’ai même connu un anniversaire où il y avait des dizaines d’amis et même mes parents et Entonnoire, ma soeur ! ( Rarissime, sauf que comme d’habitude elle faisait la gueule, elle n’aimait qu’elle et son nombril et cette fête qui m’était consacrée la rendait malade ).

    Voilà ce qui me touchait toujours dans les films de Sautet : le sens moral des personnages, même en cas de désaccord, je n’ai jamais connu cela qu’avec Ingrid et Blandine.
    Les gens, mon entourage, mes soi -disant « proches « n’ont pas ce sens moral, le terme est flou et désuet mais cela veut dire : « Rester humain «, « Rester correct «, « Rester civilisé «, « Conserver la décence et le respect dans la relation «.

    Si les gens que j’avais connus avaient été des personnages de Sautet, leur sensibilité et leur sens moral et humain auraient fait de ma vie autre chose que cette suite d’abandons, d’épisodes de grande solitude, de méchanceté.

    ( Je repense à la fille d’Ingrid m’engueulant, la dernière fois qu’elle m’aura rendu visite, parce que ma voiture était tombée en panne pendant le trajet qui me la faisait la ramener à la gare... ) Entre ces parenthèses : un exemple de ce que j’appellerai la « perte du sens moral «.
    J’ai des centaines d’exemples, je repense à ma soeur attendant trois semaines avant de m’apprendre que notre père est mort. ( J’en profite pour mettre un placard dénonçant cela publiquement sur Facebook, après tout c’est trop facile de se montrer aussi cruelle clandestinement ).

    Moi ce qui m’a toujours sauvé, ce sont les projets qui me viennent sans cesse, mes projets de livres, mes projets de musiques, mes projets de peintures.
    Moitessier, je suis, sur l’eau, traversant les océans décidés par moi, et fendant la flotte jusqu’à mon avenir. Etonnamment les blessures terribles que la vie m’infligent de temps en temps ne parviennent pas à faire couler le petit bateau, au pire je dessale.
    Mon vieil ami décédé me disait : « Tu as démâté «.
    Il était marin et c’est lui qui m’a donné l’exemple de la métaphore marine.

    Le problème que pose l’isolement, et l’abandon oublieux par les autres, c’est que l’on a le sentiment de se trouver sur un pallier après monté de nombreuses marches d’escalier, mais que lorsqu’on se retourne on s’aperçoit que les marches ont toutes disparu, qu’on est monté mais qu’on ne saura pas redescendre. Ce qui aura construit ma vie, ce qui m’aura amené jusqu’à ce stade, ça n’est plus.


    Mon étonnement est souvent : pourquoi MOI je suis tombé sur ces mauvaises personnes, qui ne savent pas « se tenir «, qui sont animées de sentiments méchants et vengeurs, jaloux et médiocres ? Pas de bonne tenue, pas de respect de l’autre ni de la situation.
    Je me réponds parfois que c’est nos connaissances qui ne sont pas les mêmes, que notre sensibilité s’est trouvée différenciée par les évènements, la vie, les études, la culture, la pratique artistique, les expériences....?

    Je reparlerai aussi de ce violent sentiment de ne jamais me sentir « Là «, de ne pas y être ou bien que je ne devrais pas y être. Ce sentiment très accentué parfois m’a toujours accompagné. Je l’ai oublié lorsque j’étais avec Ingrid, elle me donnait fortement l’impression que j’étais bien là, que c’était ma place. Que j’avais trouvé.
    Elle est morte, depuis. J’ai repris la fatigante gravitation en orbite autour de ma propre vie.




    votre commentaire
  • Fort et grand sentiment de solitude, de honte de ma condition, sentiment de médiocrité de ce que je vis, va falloir que je réagisse heureusement je me connais je réagis toujours et mon état d’esprit n’est pas à ce niveau, n’y reste pas.
    La vie que je mène depuis la mort d’Ingrid aura été de plus en plus vide, cela doit tenir à moi-même mais aussi à mon entourage qui n’est ni proche ni solide, ni bien vivant, ni dynamique, ni unificateur, et qui donc ne mérite pas le nom d’entourage ?
    J’imagine qu’un jour il y aura des remords, je sais que je ne mérite pas ce traitement, cette absence de traitement, ça fait des hauts des bas, ce matin j’étais de bonne humeur ce soir je suis plutôt sombre, c’est long comme une incarcération sans parloir.
    Un petit découragement, dirons-nous.
    Vais devoir me secouer à nouveau, me donner le pied au cul.
    Heureusement j’ai musiqué cet après midi, j’ai avancé, j’ai fait l’accordéon pour la prochaine démo. Une histoire de fleur et de papillon mais qui n’est pas un haïku. 


    votre commentaire
  • Quoi de neuf ce matin ? Rien, bien sûr : pas une visite, pas un coup de fil, pas un mail, pas un message privé Facebook.
    Ils sont tous tellement occupés, leur vie est si remplie qu’il n’y a pas cinq minutes à consacrer au vieux con perdu dans ce trou du cul du monde.
    Le vieux con ce matin a essayé de trainer au lit, devant un docu sur le Festival de Cannes, mais franchement le Festival de Cannes n’est pour moi aucunement consacré au vrai cinéma, juste une vitrine pour que des loquedus d’acteurs et d’actrices suffisants et narcissiques sa pavanent et se fassent admirer par des pauvres prolos sans savoir, éblouis par ces gens tout bourrés de fric escroqué aux profanes.

    Un vrai film, c’est tellement réfléchi, indépendant et complexe que les merdes qu’ils sortent là bas ne peuvent m’intéresser.
    Pas réussi donc à voir cette sorte de rétrospective télévisée jusqu’au bout, me suis donc mis au travail.
    Après tout ça,  petit déjeuner inintéressant, je l’ai dit : vie médiocre dans l’ombre, ermite au fond de la grotte artificielle d’un jardin anglais.
    Recalé au placard des relations, ne sert plus à rien, n’intéresse pas grand monde, voire personne, ou alors intéresse les malentendus.

    Mal au jambes, suite à Xanax encore pris cette nuit pour m'endormir plus vite et plus longuement.

    Bon allez courage, continue, tu t’es préparé un déjeuner tu vas manger cela veut dire que tu pousses encore l’exploration du temps que tu passeras les pieds sur la planète un peu plus loin.
    D’ailleurs j’ai bouclé la douzième chanson de mes démos. J’ai visé quinze, prévu quinze, voulu quinze et voici donc la numéro douze, je l’aime bien, je la garderai, celle ci, je ne la mets pas au panier.

     

    Télécharger « La fleur et le papillon.mp3 »


    votre commentaire
  • C’est comme une guérilla que je mène contre l’isolement, la solitude, l’oubli.
    Contre le manque de logique de ma situation.

    Ici , ce blog, c'est une arme de guérilla.


    Je me bats aussi contre l’idée sombre que ma fille cadette, Hélène, est en danger de mort à cause des tendances suicidaires que lui inspire sa bi-polarité.
    Il y a ces gens cruels qui croient bien faire en me rappelant que ma fille étant bi-polaire, et bien leur frère leur soeur, leur père, leur mère ou leur tante se sont suicidés.
    Nous sommes à une époque où le nombrilisme faire taire l’empathie.

    Ce matin je me suis réveillé l’esprit cependant relativement tranquille justement à cause de cette impression de guérilla que je mène, cette lutte de survie dans la jungle de l’oubli, du néant, pas de mails pas de visites pas de coups de fil pas de rencontres pas de messages privés.

    Il y a Blandine mais ça ne suffira jamais, un couple ne peut survivre seul et Blandine n’est pas une animatrice, elle est gentille et tranquille, amusante mais peu loquace. Elle me répond.
    Elle me parle rarement de sa propre initiative.


    Les autres ne se manifestent toujours pas, c’est vraiment comme une longue traversée en solitaire qu’on m’aurait contraint de faire. On te met à ton insu sur un bateau, on le pousse doucement du pied, tu te réveilles au milieu de l’océan, tu ne sais où tu es ni où tu dois aller, tu es très décontenancé, stressé, angoissé, seul, tu te demandes où sont les autres, ce qu’ils font, pourquoi tu es là, tu as une radio à bord, tu appelles, ça ne répond jamais. Il ne te reste plus qu'à naviguer ou à te jeter à l'eau.

    Ceux que je croyais connaitre, ceux que j’ai élevés, fréquentés, que j’ai amusés, distraitsSamedi 23 Mai 2015  (  Vers 11h40  ), que j’ai essayé d’enrichir avec mon savoir, ceux avec qui j’ai tout partagé, et bien leurs téléphones sont sur répondeur. Il m’arrive d’avoir une réponse à un mail ou à un SMS trois semaines, voire un mois après l’avoir envoyé.

    Je refuse de mendier la sympathie, la reconnaissance, l’entretien commun d’une relation.
    J’ai encore honneur et fierté, amour-propre.
    Regretteront-ils un jour de m’avoir fait vivre ces moments où l’on se sent être devenu une merde sans importance ?


    votre commentaire
  • Cette collègue m’avait tourné le dos aux obsèques d'Ingrid.

    C’était déjà assez triste comme ça, c’était pas simple d’aller serrer la main à tout le monde, sous une pluie diluvienne, de dire « Merci d’être venu « comme pour une bringue ou une fiesta, là c’était un groupe assez consistant de tout plein de profs dont un bon tiers chialait bruyamment comme des madeleines.

    J’avais décidé de garder les yeux secs et ça marchait.

    ( Je crois que carrément pour ne pas réaliser ce qui était en train de se dérouler j’avais la tête ailleurs et seul mon corps était là, à faire acte de présence pour me rendre service. )

    Donc une seule collègue m’avait tourné le dos, elle pleurait tellement que de son nez coulait un filet de morve dégueu et comme je l’aimais pas depuis toujours je trouvais que sous son nez à elle un filet de morve ça faisait triple dégueu.

     Je l’aimais pas pour toutes les raisons possibles, je n’aimais pas son visage, je n’aimais pas ses propos, je n’aimais pas ce qu’elle allait voir au cinéma, je n’aimais pas les musiques qu’elle écoutait, je n’aimais pas les livres qu’elle lisait, je n’aimais pas sa façon de travailler avec les enfants, je n’aimais rien d’elle, non : rien de rien.

     Je n’aimais pas son visage mais surtout parce qu’il sortait de sa bouche niaiserie sur niaiserie,  elle avait une grosse voix plus grave que celle de Colette Magny et aussi puissante, avec pour commencer sa sale habitude de toujours caser le mot « moderne « à tout bout de champ.

    Elle ne laissait jamais un peu de place pour que l’on puisse dire même trois mots.

    Elle avait une haleine que même un phoque il en aurait eu honte mais je me souviens que personne n’avait jamais osé lui en parler évidemment nous pensions tous à Franck son mari qui l’embrassait certainement parfois.

     - Tiens hier j’ai vu « 37° le matin «, c’est quand même un peu trop moderne comme film comment elle s’appelle Béatrice Machin Chose elle fait quand même assez pute faut reconnaitre bon sang j’aimerais bien avoir ses nichons moi je suis trop plate et je vois bien Franck il lorgne sur les nichons des bonnes femmes dans la rue heureusement j’ai rien à craindre je le tiens par le ventre et le bas ventre n’empêche que les nichons à Dalle si je les avais je me plaindrais pas t’as vu ses lèvres les badigoinces pour faire des pipes même si « 37° le matin « c’est un peu trop moderne mais bon les hommes les nichons c’est pas suffisant pour les satisfaire de toutes façons c’est à l’homme de satisfaire la femme question sexe un mauvais amant il finit toujours cocu faut pas rêver.

     - Hier soir j’ai été voir Rocky IV avec Franck putain Ivan Drago celui qui fait le Russe tu aurais vu la baraque Franck il a dit je vais avoir du boulot pour attraper ses pecs le salaud il a tué un boxeur au début heureusement Sylvester il est balaise mais ça a pas été cadeau les Russes des salauds tous bourrés à la vodka moi j’ai pas pu m’empêcher d’applaudir quand Bilbao il casse sa sale gueule à Ivan Drago putain j’étais contente qu’il lui foute sa rouste à ce communiste de mes couilles toi tu n’aimerais pas ce film t’aime pas le cinéma moderne.

     - Mais c’est qui le réalisateur de ton « Rocky IV  «?

    - On s’en fout.

     - En ce moment je lis « La cité de la joie «  çà se passe chez les Hindous dans des bidonvilles tu verrais le travail c’est crade au possible y’a des missionnaires qui aident les pauvres je pleure presqu’en lisant ce livre putain c’est bien écrit c’est de la grande littérature c’est moderne ça au moins c’est pas ringard comme les livres que tu lis.

     - C'est de qui « La cité de la joie « ?

    - Je sais pas mais c'est rien. Ce qui compte c’est qu’un livre il distraye. T’as kèkchose contre les femmes qui lisent je parie. Les hommes ils aiment pas les femmes intelligentes ça leur fait peur ils préfèrent les cervelles de putes mais moi je suis une femme moderne et je lis et tant pis pour Franck de toutes façons il vient de s’acheter un nouveau vélo.

     - Dis donc à la télé j’ai vu Amélie Nothomb je vais lire ses livres elle porte un grand chapeau noir d’occasion et elle mange des fruits pourris elle sait parler japonais et elle a pas l’air normal elle est toute pâle ses livres y doivent être biens c’est vraiment un écrivain moderne elle a de la personnalité elle au moins.

     - Ah dis donc on l’écoute tout le temps du matin au soir « Cendres de lune « ah dis donc la chanteuse tu la connais pas c’est Jeanne Mas non Mylène Farmer pas grave en tous cas son look tu l’as jamais vu à la télé ? Sa coiffure en mulet on dirait une gouine moi je l’ai vue j’ai dit à Franck faut qu’on achète son disque elle est moderne tu sais pas ce qui est bon Claude je me suis trompée c’est « Femmes d’aujourd’hui « mais bon ça se vaut Mylène Farmer Jeanne Mas c’est les chanteuses d’aujourd’hui t’y pourras jamais rien bon de temps en temps je me mets Stéphanie de Monaco dis donc une princesse qui chante c’est pas tous les jours.

     - Dites donc vus avez vu Challenger la navette elle a explosé y’avait une maitresse d’école dedans dites donc les instits remplaçantes elles ont du faire au froc si elle avait été malade c’est une instite remplaçante qui aurait explosé à sa place avec la navette putain elles ont eu chaud les instits remplaçantes. Heureusement que je suis pus remplaçante.

     - Moi cette histoire Mabrouk Oussetine je me méfie. Bon déjà Devaquet il a pas une mauvaise tête reconnais quand même que sa réforme y’avait certes du mauvais mais y’avait aussi du bon faut pas condamner tout en bloc comme ça c’est facile de manifester avec tout le monde c’est pas ça qui prouve que t’as raison et puis ça lui a apporté qu’il est mort Mabrouk Oussetine attends il est quand même Algérien et il voulait faire prêtre je sais pas mais un Algérien curé ça le fait pas moi je trouve c’est pas bien clair tout ça bon un prêtre ou un séminariste ça n’a rien à faire dans une manif on prétend qu’il n’y était pas mais bon ils n’y étaient pas non plus ceux qui prétendent qu’il n’y était pas surtout qu’en plus il avait le diabète quand on est algérien avec le diabète on fait pas le con aux manifs françaises bon je suis de gauche mais quand même si tu vois Pasqua il n’a pas condamné les Voltigeurs en plus il est au Père Lachaise Oussetine c’est quand même pas si mal tout le monde peut pas y être enterré c’est du privilège quand même.

    - C’est pas Mabrouk c’est Malik.

    - Pas grave on s’en fiche, c’est un prénom pas de chez nous, normal que je me trompe.

     - Pour garder un mari faut savoir faire sept lessives par semaine moi je fais sept lessives par semaine Franck il peut changer deux fois par jour de socquettes quand il revient du vélo comme ça il sent pas des pieds faut savoir tenir sa maison et puis faut savoir lui en faire des bonnes une femme moderne ça ne lui fait pas peur, elle fait ça aussi bien que les putes voire mieux moi j’en fais des extras et Franck m’a dit elles sont bien il a été marié quatre fois avant nous deux et bien il peut comparer sa deuxième femme elle voulait même pas lui en faire une femme ça soit savoir le faire à son mari mais surtout pas vulgairement.

    Aux obsèques d'Ingrid elle m’avait donc tourné le dos, elle avait dit en privé que la mort d'Ingrid c’était bizarre, que ça aurait pas du arriver, ça m’avait été rapporté bien des années après tout ça,  cela m’a fait comprendre pourquoi elle m’avait tourné le dos aux obsèques d'Ingrid, j’imagine qu’elle me tenait pour responsable en partie de sa mort va-t-en savoir....

    Un peu plus tard, me rencontrant dans la rue, elle m'avait dit :

    - Fais attention les veufs ils attrapent souvent un cancer.


    6 commentaires