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" Un effacement " ( 186 )
Jour après jour je me sens devenir " personne ", ou " rien".
C'est une impression étonnante, celle de muter vers l'homme qui n'a rien vécu, qui ne se souvient que des vingt ans passés avec Ingrid, et qui sent se décoller de son esprit des pans de vie entiers, comme la peau du serpent qui mue.
Cela ne m'angoisse même pas, car je devine qu'il s'agit d'un acte volontaire, mais il se fait sans effort, sans décision prise, sans volonté.Le résultat est que peu à peu je suis quelqu'un qui n'a connu que le jazz et Ingrid ans sa vie passée, et personne ni rien d'autre. J'ai souvenir aussi de mes grands parents du Nord.
Quand je raconte un souvenir, il appartient toujours à ces trois univers qui m'auront rempli de bonheur.
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