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    "....Nous étions devenus silence et viscosité. Nous entendions nos souffles. Nos frottements nous changeaient en feu, nous étions effleurements, éloignements, effleurements, nos mouvements coulaient comme fluides parfaits, nos pensées s’égaraient en tourbillons. Nous étions turbulents. Nous laissions des sillages de plis dans le drap de dessous du lit, la couette ayant volé dès le commencement je ne sais où . Nos caresses s’écoulaient, lentes et appuyées, comme de la lave.
    Nous étions juxtaposés parfois, nous adhérions l’un à l’autre d’autres fois, nous nous accolions, aussi.
    C’étaient vagues de douceur suivies de vagues de douceur et puis la rage nous prenait soudain et nos dents mordillaient, nos doigts voletaient, papillonnaient, s’accrochaient, se faisaient prisonniers, se libéraient. Chaque endroit de notre peau était dense de baisers.
    Nos énergies s’additionnaient pour nous mener plus avant que nous n’étions jamais allés jusqu’alors, elle comme moi. Nos contacts étaient partiels, mais nous avions le sentiment que nous étions cloués avec force l’un à l’autre là où nous étions joints. Nos trajectoires étaient courbes et s’emmêlaient au point que nous ne voulions pas défaire les noeuds de nos membres et que  nous restions coincés voluptueusement plusieurs minutes avant de nous délivrer pour mieux nous emprisonner  à nouveau. Nous nous donnions de larges sourires. Nous étions une seule solution agitée dont les éléments ne retombaient jamais complètement, troublés à peine en inertie. Cela n’advenait que sporadiquement, pour que les souffles puissent se calmer. Il semblait que nos emmêlements étaient irrationnels et que la constante du niveau très élevé de notre plaisir se situait bien au-dessus du plafond, plus haut encore que le toit de cet hôtel.
    Ingrid se scellait à moi .Notre plaisir était en nous et nous nous l’échangions pour mieux goûter celui de l’autre.  Personne n’aurait pu suivre le déroulement de ce ballet car il obéïssait à un scénario complexe de totale improvisation harmonieuse. Nos yeux plongeaient les uns dans les autres, les siens, bleus, étaient comme deux petits lacs. Notre coexistence était totale, doucement brutale. Notre isolement était parfait. Il n’y avait pas de questions mais toujours des réponses de geste à geste. C’était une chorégraphie vaporeuse et liquide productrice de fièvre, imbibée de l’effervescence de ce qui prenait couleur de passion bouillonnante. Nous abordions nos élans avec entrain et ardeur, dans l’éloquence d’une calme excitation enthousiaste. Il arriva plusieurs fois des évènements d’atteinte d’ultime chaleur qui nous pénétraient d’une sensation de fournaise jouissive.
    Nous étions chacun devenus inflammables au contact de l’autre. L’indolence des cheveux blonds et fins de Ingrid s’éveillait parfois brusquement en secousses pour couper en morceaux la chanson des appétence en lames d’or étincelantes.... "

    « Lundi 25 Mai 2015 ( Vers 0h45 du matin )Lundi 25 Mai 2015 ( Vers 14h20 ) »

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