• Nous avancions de manière irréversible vers un futur qui m’inquiétait. Ce grand espace sombre piqueté de petits points luisants nous aspirait vers un dénouement : l’idée même qu’il y aurait de toutes façons une conclusion me faisait frémir.

     

    Mercredi  1  Juillet  2015  (  Vers midi  )



    Je crois que j'ai eu et que j'aurai toujours le coeur pur, du moins j'ai essayé et j'essairai jusqu'au bout.

     Ca fait du bien de savoir que des siècles et des siècles après le nôtre, il y aura encore des êtres au coeur pur, comme Ingrid et moi.
    C'est du coeur qu'Ingrid était souffrante.


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  • J’ai vécu ce matin un long moment d' isolement de grande solitude de grand abandon de grand oubli. Cette fois il ne s'agissait pas de moi.

    C’était un vieux, un très vieux, un petit vieux, il marchait à l’aide de jambes complètement bloquées, il glissait à petits coups même un escargot ça va plus vite.
    Une casquette moche et raide sur la tête, l’air buté et triste, il s’était mis en tête d’ouvrir son coffre de voiture, avec une clé qui tourne dans une petite serrure, il se penchait pendant une heure pour saisir un chiffon d’une main toute tremblante, il avait l’intention de remettre de l’huile dans son moteur, il mettait des jours pour faire tourner le bouchon de son bidon d’huile fraîche.

    ( « Nous avons de la chance, nous n’en sommes pas encore là... « )

    Après il y a la honte de se plaindre mais il ne faut pas céder à ces hontes-là : sinon on n’en sort plus et la plainte devient interdite, vu qu’il y a toujours pire que soi.

    La mauvaise foi, c’est de montrer une carte pourrie à celui qui se plaint de son jeu, en lui disant :

    « Tu vois, y’a pire, y’a pire, y’a toujours pire ... « Jeudi  2  Juillet  2015  ( Vers 10h  )


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  • La maison où je passe tout ce temps tout seul avec moi-même.

    Pendant que ma femme  est au travail.

    Je n’attends pas de coup de téléphone, je n’attends pas de message, je n’attends pas de mail, je n’attends pas de visite, très peu de gens, voire personne ne pense à moi en cet instant.

    Tout le monde s’occupe de ses petites affaires, à croire que je n’aurai pas existé assez longtemps ou assez fort pour qu’on se souvienne que je respire et que je marche sur cette planète, la même que celle des oublieux.

    Dans les cas où je sens le vertige qui me prend, une sorte de malaise vagualâme, je mets en bande-son du chant grégorien.
    Cette musique, ces voix qui résonnent parmi des salles voûtées aux murs de pierre, elles imposent une ambiance d’ermitage à la maison qui s’harmonise tout à fait avec ma solitude, mon isolement, mon oubli par les autres.

    Les Choeurs des Moines de l’Abbaye Notre-Dame de Fontbombault.

    Les mots sont en latin.
    Ce sont des sortes de prières chantées, c’est a capella.

    Je n’ai plus rien à voir avec les religions depuis très longtemps mais j’aime l’art religieux en général, surtout quand il s’agit des églises et cathédrâles et du chant grégorien.


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  • Il y a ces vertiges des « retours en arrière «, soudain voilà : Ingrid est là, sa présence plane dans la pièce, des souvenirs me remontent comme de la nourriture indigeste.
    Je me trouve dans une sorte d’ambiance, une atmosphère magique, et quelque chose dans mon inconscient travaille à vouloir me faire l’attendre.

    J’attends Ingrid, je me dis :

    - Ah, dis donc, tu es longue à revenir. Depuis 2006 que tu es partie sans me le dire et nous voici 9 ans plus tard et je t’attends encore.

    Puis je me dis :

    - Imbécile, tu t’es laissé surprendre encore une fois.

    Il y avait de la réalité palpable dans ces souvenirs, souvent il s’agit d’une scène bien précise, par exemple Ingrid devant le miroir de la salle de bain qui se maquille, qui entoure ses immenses yeux bleu-pâles de noir et qui se met du rouge vif sur les lèvres, qu’elle a boudeuses.


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  • Le Grand Mutisme du Monde à mon endroit se poursuit.

    A se demander si je vis vraiment, si j’existe vraiment.

    Je pense qu’avec cette canicule terrible, ce soleil qui dévore tout depuis quelques jours, si on devait m’emmener aux Urgences pour malaise coup de chaleur, je m’apercevrais que paradoxalement, c’est lorsque l’on va mourir que l’on se préoccupe de notre vie, soudain.

    Tant que tu es sur tes deux pieds et que tu gémis que tu es seul seul seul, personne ne t’écoute, parce que tu es debout.

    Allongé et près de la fin, tout le monde se réveille autour de toi.

    Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé....


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  • ( Tandis que ma femme est installée sur le canapé à regarder la première étape du Tour de France cycliste, ils se battent contre la montre à Utrecht ).

    A part la pluie et le beau temps ( la canicule en ce moment est dans toutes les conversations ), les gens ne s’intéressent pas à moi.
    Pas de mails. Pas de messages. Pas de coups de téléphone.
    Encore moins de visite.
    Encore moins l’intention de venir me visiter.

    Je me dis je connais surtout trois couples de jeunes :
    La fille d’Ingrid ( ma compagne décédée ) et son compagnon .
    Ma fille cadette bi-polaire et son nouveau compagnon. ( elle vient de s’installer avec lui dans sa maison ).
    Ma fille ainée et son mari .
    Tout ce monde m’abandonne à mon isolement.

    La fille d'Ingrid et son compagnon m’ont boudé depuis que la voiture avec laquelle je les conduisais à la gare pour leur retour à Paris est tombée en panne. Ils ont estimé que j’étais responsable de cette panne et donc se sont permis des remarques, de la méchanceté gratuite, puis de la bouderie.
    J'ai donc vu une jeune femme insulter au travers de moi la mémoire de sa mère défunte ( Ingrid ) en me traitant ainsi mais sa mère n’est plus là pour me faire respecter.

    A croire qu’ils faisaient semblant devant elle. Je le soupçonne fortement.
    Ils ont mis à profit cette anecdote dont j’ai été victime ( car moi ça m’a coûté cher en réparation et sur le plan affectif ça m’a fait bizarre d’être ainsi maltraité puis abandonné ), pour m'éliminer de leur vie.

    Ma fille cadette se débat contre sa bipolarité alors je n’ai pas grand chose à attendre de ce côté-là. Son nouveau compagnon semble ne pas chercher à me connaitre , tout va aller à l’abandon et au silence, je le pressentais mais ça s’installe.
    Ils ne savent plus si j’ai de l’importance, ils imaginent certainement que je n’en ai pas beaucoup. Et ils privent leurs enfants de ma compagnie, je ne les vois jamais. 

    J’ai été très important pour ma fille cadette et ça n’a pas changé, c’est elle qui ne le sait plus, qui oublie.
    Je dois la solliciter pour avoir des nouvelles sinon elle n’en donne jamais d’elle même.
    Elle m’envoie des photos de ses enfants mais je les connais à peine, j’ai même pas l’impression d’être leur grand-père.

    Ma fille ainée se débat contre des tocs, des compulsions.
    Pas d’hostilité déclarée à mon égard mais rien ne bouge, c’est moi qui sollicite des nouvelles, c’est moi qui téléphone et tombe sans cesse sur les répondeurs.

    Par moments évidemment je suis fatigué de la médiocrité de ce stupide modus vivendi, d'autant plus que je n'ai jamais failli.
     
    Tout ce monde-là s’en mordra un jour les doigts car la vie se venge toute seule.
    Samedi  4  Juillet  2015  (  Vers 16h20  )
    Tu vois Ingrid, comme ils m’ont abandonné depuis 2006 que tu es morte à l’hôpital.


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  • Quand Ingrid est morte au CHU, à 53 ans d’une greffe cardiaque qui n’a pas tenu, on m’a beaucoup entouré : ma fille cadette et son mari d'alors se sont mis en quatre, ils m’ont logé chez eux et s’occupaient de voir si je mangeais, si j’étais triste ou non, ils guettaient les progrès, et.c..
    Puis il y a au Esther et Pauleu ma fille ainée.
    Ensuite, quand je suis revenu chez moi, quelques mois plus tard, j’avais eu droit aux nombreuses visites de la fille d’Ingrid, qui venait de perdre sa mère mais semblait préoccupée par mon sort, ce qui ne s'est pas poursuivi plus tard.
    Je m'étais dit  que pour ces gens-là j’étais certainement précieux.

    Mais au fil des années, alors que j’avais tout fait pour remonter correctement la pente : mariage avec ma nouvelle femme, par exemple, j’ai senti qu’ils m’abandonnaient....

    J’en ai conclu peu à peu que j’étais le témoin permanent de la POSSIBILITé DE LA MORT DE L’AUTRE, je suis un RAPPEL MORBIDE, je suis le :

    - Souviens-toi que l’autre est mortel(le ).Samedi  4  Juillet  2015  ( Vers 17h )

    Et que donc cette pensée est inconsciemment à l’esprit de ceux qui m’auront le plus fréquenté dans ce couple que je formais avec Ingrid et que désormais la pensée des souffrances et du manque du à ce décès les torture chaque fois qu’ils me voient.
    D’où leur évitement permanent.

    Je suis la Mort de l’Autre.


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  • Bon une fois de plus, pas de mail, pas de message, pas d’appel téléphonique, pas de SMS, pas de visite.
    Me suis levé tôt, en ai profité pour faire quelques courses dans un hypermarché, il manque toujours une bricole ou deux.
    J’ai remarqué que la canicule est moins vigoureuse.
    J’ai préparé le repas du midi pour ma femme et moi.
    J’ai mis la messe catholique en fond sonore comme je le fais chaque dimanche pour me voir replongé dans une vieille ambiance dominicale dont je n’ai la nostalgie que parce que j’étais enfant puis adolescent, ma seule et unique façon de me remémorer un tout petit peu une époque que je n'aurai pas appréciée.

    J’ai dormi sur le canapé, fatigué de m’être levé trop tôt, tandis que ma femme regardait son étape du jour du Tour de France à la télévision.
    Elle a  voulu ensuite que nous buvions un verre de cidre dehors sur la terrasse en grignotant des surimis.
    Mais j'ai préféré le faire à l'intérieur car les voisins font un barbecue qui empeste l'alcool et leur nouveau molosse aboie n'importe quand.

    Leur inculture et de leur vulgarité me fatigue.

    Le peuple  me fatigue par son manque de respect du contexte alentour. Ils imposent leurs habitudes et leurs manières stupides ces mal dégrossis, à moi de m'en protéger. Dimanche  5  Juillet  2015  ( Vers 19h15  )
    Voilà.
    Une journée creuse et vide, une de ces journées comme j’en vis plein depuis qu’Ingrid est morte.
    Une journée de purgatoire.


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  • Isolement culturel :  une espèce de cauchemar permanent qui m’agresse par tous les trous où que j’aille, quoi que je fasse...

    Les chansons, tout aussi idiotes que celles de mon enfance, même pas plus évoluées ou de qualité meilleure, des sujets bateaux ( l’amour... ), les notes toujours les mêmes, le rythme toujours le même, et la philo à deux balles .

    Les styles changent un peu, liés aux moyens techniques, par exemple il y a ces façons de rendre les voix sinuantes en fin de ligne de texte, un peu arabisantes , un peu bêlantes, mais artificielles, on entend bien que c’est un engin qui s’attaque à la voix et en fait quelque chose.

    Je chercher toujours à écouter de bonnes chansons mais je n’en trouve pas. Ce qui m’étonne c’est que la technologie est  cent fois plus évoluée et perfectionnée que quand j'étais ado mais que les idées restent pauvres, voire plus pauvres encore qu’autrefois.

    Il n’y a plus  de chansons nettement engagées .


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  • Nous devions nous rendre à Argenteuil voir pour la première fois une amie Réseausocial.
    Elle peint, elle dessine , nous avons sympathisé.

    Elle fait sa première expo ce soir, vernissage à la Maison des Arts.

    Mais ma femme a été retenue au travail et donc nous avons décidé de faire tranquillement les 200 km et quelques après demain, car elle sera de repos et ça sera plus simple question planning.

    Mardi  7  Juillet  2015   ( Vers 15 h  )


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