• Le lilas que j’‘ ai senti tout à l’ heure au jardin
    S appelle Ingrid
    La salade toute jeune que j’ ai coupée
    S’ appelle Ingrid
    Le ciel ensoleillé au-dessus de tout ça
    S appelle Ingrid
    Le sentier qui me promène
    S appelle Ingrid
    Ma vie s appelle Ingrid
    Je m appelle Ingrid


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  • En fait je ne peux fonctionner autrement que grâce à une certaine forme de rationalité, contrairement à ce qu’on pourrait croire, j’ai toujours obéï à ce qui me paraissait logique, j’aime la vérité, et les sentiments ne l’emportent jamais sur la raison, en moi.

    Je me souviens que lorsqu'Ingrid est partie j’ai commencé par m’imposer l’idée qu’il me faudrait continuer à vivre et éviter ainsi à autrui un deuil supplémentaire ( celui de ma personne ) et aussi me donner la chance de savoir ce qu’après-demain me réserverait.

    Or il se trouve que pour l’instant je ne regrette pas cette obligation que je me suis imposée, car dans un premier temps j’ai vu que ma fille cadette et son mari semblaient extrêmement soucieux que je ne dégringole pas et donc m’avaient maintenu juste en surface, ce qui représentait déjà un exploit en soi.

    On peut dire qu'ils m'ont sauvé la vie.

    Ensuite ma fille ainée et son entourage ( constitué des membres de sa belle famille ) m’ont donné à leur tour le sentiment que je valais plus qu’un lombric.
    Puis la fille d'Ingrid  lorsque je suis revenu chez moi, elle a été très présente, se dérangeant depuis Paris quasiment chaque semaine et me tenant compagnie plusieurs jours de suite.

    Puis tout a été abandonné, chacun ayant sa propre vie et ses propres intérêts , peut être pour essayer d’oublier tout ça, et je me suis aperçu que je me retrouvais peu à peu très seul très isolé, de façon vertigineuse et donc j’ai du retrouver cette promesse que je m’étais faite en début de deuil, pour ne pas l’oublier, car l'abandon et l'isolement donnent parfois l'envie d'en finir, furtivement.

    Cela a fait l'effet d'un chantier qu'on n'a pas bouclé.Mercredi  8  Juillet  2015  (  Vers 12h45  )

    Les points de repères se sont évaporés : la fille d'Ingrid et son compagnon sont devenus impraticables, car sujets à des humeurs fréquemment négatives et la seule fois où j’ai vu leur enfant il s’est montré très désagréable et très mal élevé.

    Ma fille ainée est gênée par de multiples phobies et nous ne nous rencontrons plus qu’une ou deux fois par an à Paris, à mon initiative.

    Ma fille cadette m'ignore.

    Car pour ce qui est de mon contexte relationnel, ça fait des années que j’en espère un « normal «, et qu’il ne vient pas et j’y ai d’ailleurs renoncé, je crois que les évènements auront été plus forts que les humains, dans tout ça.

    Seul mon optimisme perdure, il y a toujours cette espèce de conviction qu’un avenir meilleur est en vue.


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  • Je ne sais pas si d’autres personnes ayant passé la soixantaine se posent cette question :
    - Ai-je réussi ma vie ?
    Je me souviens de cette question :
    - Qu’est ce qu’une vie réussie ?
    Et je me souviens que personne n’a jamais su répondre à cela, car la vie commence et dure et se termine de façon biologique.
    Peut-on  imaginer qu’une vie est réussie simplment parce qu’elle a commencé et qu’elle continue ?

    Mais bien sûr lorsque je vois ces victimes finales de l’isolement, ces sans-logis, ces crève-la-faim, ces terriblement malades, ces terriblement seuls, je n’ose plus parler de « vie réussie «.

    J’en arrive à la mienne : elle aurait pu être mieux menée, mais je sais bien qu’elle n’est pas ratée, car j’y ai mis mon grain de sel, à ma vie.
    Lorsque ma première femme m’a persécuté, pendant ces longues années, entre les quatre murs de notre appartement, j’avais ce sentiment que ma vie était ratée mais en même temps je savais qu’elle durerait encore et encore et qu’un jour cette méchant femme n’y figurerait plus.

    Dès que j’ai rencontré Ingrid j’ai pensé que ma vie pouvait se rattraper et que j’aurais assez vite le sentiment de l’avoir réussie.

    Les plaisirs que m’auront donné mes deux enfants, petites filles, tous ces plaisirs du babillage, des jeux, des activités, des réussites scolaires, des conversations, des découvertes...
    Tout cela aussi m’aura donné le sentiment que ma vie aura été réussie.

    Mais l’étonnement provient de cet abandon partiel du père, de son oubli, de la perte d’admiration ou d’estime que l’on avait de ses activités artistiques.
    Rien de régulier, rien d’entretenu, aléas des pathologies et des existences, des couples qui se font et se défont.

    Quelques bons moments passés à faire le grand père et puis plus rien ou bien un désert infini de temps entre deux rencontres avec mon petit fils .
    Il y a un arbuste que ma femme a planté juste devant la maison et je lui ai donné le même prénom que celui de mon petit-fils, à cet arbuste, comme ça,  je le vois grandir, à défaut du petit garçon.

    Personne ne peut m’empêcher de le voir pousser, attraper de jolies feuilles, se balancer doucement au vent.

    Le petit garçon, on l’élève loin d’ici, on ne lui demande jamais de me téléphoner, on ne lui fait pas m’envoyer de dessins, on ne lui propose pas de parler avec nous en visio conférence, on s’en fout de la relation entre lui et nous.

    On imagine en plus que ce serait un privilège que l’on m’accorderait, on ne se dit même pas que cela pourrait lui apporter quelque chose. On croit que la relation entre le petit garçon et nous ça ne profite qu'à nous.

    Sa petite soeur , j’ai du la voir trois ou quatre fois, dans les bras de ma fille cadette, jamais dans les miens. J’ai vite compris qu’il ne se passerait pas grand chose non plus entre ce bébé et moi.
    Tant pis pour elle tant pis pour moi. Ceux qui ont le pouvoir ont décidé.

    Je n’ai jamais compris pourquoi on avait privé ces enfants de ma grand-paternité, de la gentillesse de ma femme, pourquoi on nous avais privé d’établir une relation suivie avec eux.

    Je crois que c’est parce qu’Ingrid est morte en 2006, j’en suis même certain.

    Il y a donc cette amertume qui me revient dans la gorge de temps à autre et qui me la noue un peu. Ce sont des loupés, du gâchis, cela est conséquence d'un deuil dont personne ne semble se remettre.
    Cette mort m’a maudit.


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  • Ces mots entendus à l’hypermarché, hier :
    - Fais attention de ne pas écraser les yaourths, sinon je vais t’en retourner une.


    Un gros coup de gourdin de solitude, quelque chose qui m’assomme, sur fond de bruit infernal d’hélicoptère venu d’en haut, les gendarmes sont de sortie dans le ciel. Mon rêve : un ami qui descendrait d’un filin depuis l’hélico comme une araignée de son fil au cul, et l’ami atterrirait dans notre jardin et me dirait :
    - Je viens prendre un café !

    Parfois je me dis que mon isolement et l’abandon de ma personne par ceux qui me fréquentaient est peut-être du à mon manque de complaisance ?
    Je me demande ceci, je me demande cela, je fais telle hypothèse, j’en fais une autre, je n’abandonne jamais le questionnement, pas question de se décourager.

    Se décourager, c’est une balle dans le cerveau.

    Me sont venues des visions de tapis de feuilles rouges à l’automne, Ingrid est morte à ce moment de l’année 2006, il y avait des feuilles rouges et jaunes qui volaient partout à cette époque, c’était le sang qui allait venir, le sang de mon deuil. Le jaune et rouge de l’Espagne, moi le taureau percé et saignant tombé après un dur combat.
    Le plus étonnant c’est que je me suis relevé l’arène est vide et le sable est taché de brun, il ne reste plus que l’odeur de ce qui s’est passé et ceux qui assistaient au spectacle sont partis. Il fait nuit et je suis tout seul au centre de cette arène et la lune est calme par dessus tout ça.

    « Je te défends de me parler sur ce ton ! «
    Me souviens avoir dit cela à ma première femme un jour qu’une fois de plus elle me gueulait dessus.
    Elle a ri aux éclats en se moquant de moi:
    - Pour qui se prend ce pauvre type ? Il fait semblant d’ignorer que c’est déjà trop poli que de lui gueuler dessus !

    Moi je me dis : « Ingrid était-elle fière de moi ? Samedi  11  Juillet  2015  (  Vers 14 h )«


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  • Docteur, expliquez-moi ce qu’est un coeur, comment ça fonctionne et pourquoi un bon dieu de bon sang de bonsoir de jour maudit il cesse de faire son boulot.
    Et que cela aura des conséquences terribles sur la vie des gens qui aimaient celle qui possédait ce mauvais coeur.
    Le mien m’en fous, Docteur, le mien s’il s’était arrêté ça serait moins grave, c’est la liberté le coeur qui cesse de battre.
    Celui d’Ingrid, Docteur, il a fini sa route, il n’a plus fait de bruit, il n’a plus voulu redémarrer.
    Et c’est cela que je voudrais comprendre.
    J’ai bien compris que cela l’avait menée à la fin de sa vie, tout à coup comme ça sur la cinquantaine, un jour de septembre 2006.
    Cela je l’ai bien compris.

    J’essaie de remonter l’histoire, de savoir quand est-ce que le coeur d’Ingrid a commencé à défaillir.
    Il y a eu des signes.
    Première alerte : elle tombe raide alors qu’elle se maquillait devant le miroir de la salle de bain, elle tombe raide par terre tout d’un bloc, sa tête fait « BOUM « sur le sol, les murs tremblent.
    Je sors des toilettes et je l’appelle.
    Elle a perdu brièvement connaissance, retrouve assez vite ses esprits.
    Elle ne sait ce qui s’est passé. Moi non plus.
    Nous ne comprenons pas.... Les médecins ils savent, ils expliquent comme ils peuvent, Docteur, mais nous ne comprenons pas bien... On sait vaguement que son coeur s’est mis à avoir des soucis de fonctionnement.

    Il me semble que cette histoire de valve tricuspide merdique avait déjà été introduite dans notre univers. Que nous en avions déjà entendu parler au sujet d’Ingrid.
    C’était pas tout simple tout facile de comprendre une histoire de valve tricuspide, Docteur, je sais toujours pas de quoi il s’agit.
    Une sorte de clapet qui ferait mal son boulot, pas assez hérmétique ?
    La porte mal fermée sur du sang pourri ?

    Ingrid elle a commencé à tomber comme ça raide de temps en temps, n’importe où n’importe quand, au début une fois par trimestre, puis une fois par mois, puis deux ou trois fois la semaine, et là je l’ai faite emmener au CHU de Rouen et elle en est ressortie deux mois plus tard les pieds devant avec plus de vie en elle.

    On lui a dit, sur place,  de ne pas garder sur elle ses bijoux, elle m’a passé au  doigt un petite bague en or .

    Elle l’avait toujours gardée en souvenir de son père, qui la lui avait donnée, et qui était mort maintenant.
    Et aujourd’hui je porte cette bague que je n’ai jamais enlevée depuis ce jour où elle me l’a passée au doigt en arrivant au CHU.
    Nous devions nous marier en 2007, donc cela valait la peine qu’elle me passe cette bague, c’était comme un mariage symbolique et d’ailleurs elle est morte.
    Elle m’a passé cette bague au doigt en juillet et elle est morte en septembre.
    Et elle est toujours morte et encore morte et ça m’étonnerait que ça change.

    On l’avait opérée ça avait l’air d’avoir marché, tout le monde attendait que ça reparte bien, c’est pas rien une opération du coeur et nous allions la voir chaque après-midi c’était l’été tout le monde pouvait.
    Ce qui nous gênait un peu, Ingrid et moi c’était que nous n’avions pus de vie personnelle, nous n’avions plus de vie de couple, jamais tous les deux ensemble comme nous avions l’habitude, nous étions auparavant un couple qu’on appelle « fusionnel « et là il y avait tout le monde autour, tout le monde venait et nous deux : rien jamais tout seuls.
    Elle s’en désolait en même temps nous avions de l’affection pour les autres mais notre vie de couple à deux était empêchée et nous en avions beaucoup besoin, elle comme moi.
    Mais nous n’avions rien dit car les autres étaient en droit de venir s’informer chaque jour sur ses progrès et les gens manquent souvent d'empathie et ne pensent qu'à eux, à leurs avantages, sans rien voir des empêchements qu'ils provoquent.

    Un jour, dans son lit d'attente,  elle a fait un AVC c’est une jeune toubib qui me l’a expliqué dans le couloir, près de la porte de sa chambre, là haut en cardiologie au CHU.

    Je me souviens que cette jeune toubib avait de longs cheveux ondulés et que cela adoucissait un peu la brutalité de ce qu'elle était en train de m'expliquer.
    Elle le faisait calmement, précisément, il n'y avait pas d'affect pour saupoudrer son discours.
    Elle m’a expliqué mais je ne comprenais pas bien ce que ça voulait dire, ces mots techniques, Elle disait qu’elle récupérerait peut être « tout «, ou bien un tiers, et.c, je ne comprenais rien, sauf que j’avais un peu eu peur, ça me faisait peur ce mot « AVC «.
    Je ne savais pas ce que ça voulait dire, on ne me l’avait jamais dit.

    J'ai dit à la jeune toubib :
    - Comme vous avez du courage de dire de telles choses, des choses si douloureuses, aux gens...

    Chez moi j’ai regardé sur Internet, « Accident Vasculaire Cérébral «.
    Je savais le dire, je saurais le dire, désormais :
    - Ingrid a fait un Accident Vasculaire Cérébral.

    Moi j’ai vu après les explications de l’infirmière qu’Ingrid elle avait du mal à me parler, elle avait une drôle de voix, comme si elle avait bu, c’était lent et geignard.

    Cependant elle me reconnaissait, son cerveau fonctionnait bien, je m'attendais à pire.

    Samedi 11  Juillet  2015  (  Vers 22h15  )

     

    Puis elle s’est mise à parler bizarrement, elle bégayait, elle cherchait ses mots, elle ne les trouvait pas, elle en prenait un pour un autre, c’était incompréhensible.
    Elle avait l’air si fatiguée sur ce lit d’hôpital.
    Je suis sorti prendre l’air, allumer une cigarette dehors et puis tout à coup j’ai pleuré, je me sentais angoissé, ma cigarette était secouée par mes doigts tremblants, j’avais déjà vu des gens pleurer à divers endroits de cet hopital, je n’avais pas imaginé que je serais l’un d’eux par la suite.
    J’avais comme l’impression qu’un serpent venimeux venait de mordre notre vie et qu’il ne voulait pas lâcher prise.

    Ces serpents au regard glacé, ils t’attrapent et leur regard est sans âme au fond.


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  • Voilà un des dommages collatéraux de la solitude, de l’abandon par les autres, de l’isolement, de l’oubli de soi par les autres, qui sont un mauvais terrain pour vaincre un deuil terrible.

    Je me réveille doucement, vais me préparer un café, je me recouche et je regarde un énième épisode de la série télévisée américaine Mad Men.
    Je prends mon temps parce que j’ai tout mon temps et qu’en plus je suis tout seul tout seul dans cette maison.
    Pas de mails, pas de messages privés sur Réseausocial, pas de coups de téléphone, pas de visite.
    Donc je me regarde cet épisode de Mad Men  en sirotant ce premier café chaud matinal.
    Et voilà qu’une petite fille, dont le grand père vient de mourir, fait un petit discours de colère à la famille réunie pour préparer les obsèques. Elle a entendu des rires et elle surgit, furieuse, dans la pièce où sont réunies les personnes concernées :

    - Comment vous pouvez rester là ? Vous croyez qu’il ne s’est rien passé ? Vous n’avez pas vu qu’il est parti ? Il était là et maintenant il n’est plus là ! On ne le reverra plus jamais  Il est mort ! Grand-Père est mort ! Nous ne le reverrons plus jamais ! Et tout le monde s’en fiche ! Oui : il est mort et je voudrais que personne ne rigole !

    Moi aussitôt je me vois submergé par des torrents de sanglots, tout à coup comme ça ça me tombe dessus, je n’avais pas prévu. Je suis obligé de me lever d’un bond et d’interrompre le discours de cette petite fille car mes larmes brouillent l’image et mes sanglots me perturbent l’organisme.
    Finie la grasse matinée indolente au pieu.

    Car évidemment j’avais entendu cela, par la bouche de la petite fille révoltée :

    - Comment vous pouvez rester là ? Vous croyez qu’il ne s’est rien passé ? Vous n’avez pas vu qu’elle est partie ? Elle était là et maintenant elle n’est plus là ! On ne la reverra plus jamais  Elle est morte ! Ingrid est morte ! Nous ne la reverrons plus jamais ! Et tout le monde s’en fiche ! Oui : elle est morte et je voudrais que personne ne rigole !

    Ce sont les douleurs encore les douleurs et toujours les douleurs et demain j’en vivrai d’autres.


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  • Les jours où tout le monde est au repos, qu’on appelle « jours fériés «, je me sens paradoxalement plus seul encore que d’habitude, je crois que c’est justement parce que tout le monde est disponible et que cela ne change rien à ma situation d’homme oublié.

    Sentiment de vertige de solitude.

     

    C’est une accumulation de petits faits : les embouteillages qui font renoncer à rencontrer une amie, le renoncement de ma fille à ce que je vienne la chercher pour passer quelques jours chez nous, le 14 Juillet et son défilé militaire, le Tour de France.... Mardi  14  Juillet  2015  ( Vers 14h45  )


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  • Il y aurait comme qui dirait
    Toujours une personne supplémentaire
    Qui se tiendrait on ne sait où
    Dont on ne devinerait pas la présence
    Qui serait invisible et inexistante
    Mais là
    Par le truchement du souvenir
    Tellement là pendant des années
    Cette personne n' agirait pas
    N’ influerait sur rien
    Mais souvent on lèverait le nez
    Le soir
    Vers le ciel en se demandant
    Où elle peut bien loger désormais

    Etonnant de te rencontrer
    Comme ça par hasard dans la rue
    Tu m’ as demandé des nouvelles
    Le petit lapin est toujours vivant
    Le petit chien est encore là
    Rien n’ a bougé
    Je suis encore là
    Et tu es contente de me revoir
    Et moi aussi
    Mais évidemment c’ est en me promenant tout seul au marché
    Avec le souvenir de toi
    Que ce désir est venu :
    Te rencontrer par hasard
    Au coin d’ une rue

    Crois-tu, ça m’ a sidéré
    Quand on me l’ a dit...
    On n’ oserait plus me le redire
    Aujourd’hui pétrifié
    Depuis mon coeur
    Devenu un inutile caillou
    A quoi ça pourrait servir
    Maintenant
    D avoir des sentiments pour toi ?
    Ou même, d’ avoir des sentiments ?
    Respirer m’ est désormais pénible.

     


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  • Ai vu pleurer à la télé une jeune fille qui repensait aux viols répétés que lui avait fait subir son père dans son enfance.
    Elle dit :
    - Mon père me manque malgré tout ça, car après tout ça reste mon père.

    Moi aussitôt je pense :
    - Ce père violeur manque à sa victime. Moi je n’ai pas le sentiment de manquer à mes filles, et pourtant j’ai été un papa-gâteau gentil.

    Vient à l’esprit :
    - Normal que ça t’arrive, tout ça : elles sont malades.

    Je m’aperçois que le temps file et que je n’aurai pas vu grandir mes petits-enfants et qu'il est trop tard chaque jour qui passe, trop tard.

    Le fils de ma femme a une petite fille encore bébé.
    Cette petite fille je me demande si je vais pouvoir supporter sans crainte qu’on la voie régulièrement, qu’on s’en occupe, j’aurai toujours peur qu’on me l’enlève un jour, après que je m’y sois attaché.

    A elle toute seule elle va porter la charge d’être une petite-fille c’est à dire que je vais refaire le Bapù ( c’est mon nom de grand père ).

    Je m’aperçois que les deux seules personnes qui m’auront rendu visite depuis quelques jours, chez moi, dans ma maison, sont les techniciens  qui sont venus changer un câble pour que ma connexion Internet soit stabilisée.
    J’étais tout jouasse de parler avec des humains, sous mon toit. D’habitude il n’y a que ma femme.

    Mais bon : des techniciens, même s’ils sont sympas, ils ne disent que quelques mots techniques et sont pressés.
    Moi j’essaie la conversation un peu amicale mais ça met les visiteurs techniques ( ou les pompiers ou le facteur ) mal à l’aise.
    Les gens qui ont une fonction, ils n’aiment pas s’en écarter.
    Donc me revoici solitaire, isolé, oublié.

    Pas un mail, pas un message, pas un SMS, pas un coup de téléphone, pas une visite.


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  • Bizarrement ce jour je souffrais moins du sentiment de solitude.
    Pourtant toujours rien, pas de signe de vie venu de l’extérieur, rien dans ma boite mail, rien dans ma boite à messages Réseausocial, pas de tchat, pas de courrier véritable ( en papier dans une enveloppe ), pas de coup de téléphone, pas de SMS, pas de visite.

    J’ai peur de m’habituer car je n’ai aucune raison de MOINS souffrir de cet état où l’on m’abandonne.

    Or, si je m'habitue, je ne lutterai plus, c'est comme baisser les bras, s'accoutumer à ce qui ne nous convient pas, le combat aurait été mené pour rien.
    Paradoxalement il me faut continuer à souffrir pour continuer à chercher des solutions.


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