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28 Juin 2015 ( Vers 20h15 )
Ainsi donc tu aurais cru attraper au matin
Cette main que j’aurais enfoncée comme cela entre deux planches disjointes
Celles de la porte de bois brun, qui était si solide autrefois
Tu m’aurais attrapé la main
Lorsqu’elle serait passée par cette fente entre deux bois
Pour essayer d’éventer l’air ambiant
De l’autre côté
Pour dire « au revoir « ou « bonjour « en s’agitant
Ainsi donc j’aurais encore imaginé pouvoir passer au travers
De la porte sans l’ouvrir
Comme le font les voleurs
J’aurais respiré très fort
En y collant le nez
J’aurais dit
« Cela sent bon au dehors «
Et j’aurais eu envie de m’y rendre
Malgré cette porte fermée
J’aurais entendu
En y collant l’oreille
Une chanson imitant le bruit des vagues
Et j’aurais reconnu que la voix aurait été espagnole
Tout cela au travers de la porte de bois fendue.
« Tu n’aurais pas du ouvrir la main :
Tu as lâché la ficelle
Et je suis monté trop haut
Ne sens tu pas que je m’éloigne ?
Méfie-toi, je m’éloigne
Je m’éloigne et je m’éloigne
Et bientôt tu n’entendras plus
Ma voix ... «
Je ne suis déjà plus là
Je ne suis déjà plus
Je ne suis déjà
Je ne suis
Je ne
Je
Ceci est revenu
De loin
Ceci s’observe
De près
Ceci est une feuille rouge
De loin
Ceci est une blessure
De près
Ceci est la queue d’un écureuil
De loin
Ceci est une flamme
De près
Ceci est de la pluie
De loin
Ceci est une larme
De près
Ceci est de la joie
De loin
Ceci est un chagrin
De près
Ce n’est pas du jamais
Dont je voudrais parler
Et non plus du toujours
Car ça n’existe pas
Rien n’est jamais toujours
Toujours n’est jamais rien
Un peu par-ci par-là
De quelque chose vague
Comme une idée furtive
Sa présence impalpable
Son parfum évanoui
Comme les sens oubliés
Là c’est vraiment jamais
Là c’est vraiment toujours
Matins comme des chevaux
Je grimpe sur leur dos
Ton dos est un miroir
Qui chasse la peur du noir
Noir au fond du café
Meilleur quand tu le fais
Les faits sont douloureux
Je suis quand même heureux
Heureux comme un pinson
Sortant de sa prison
Par un joli matin
Qui s’rait comme un cheval
Au galop triomphal
Que je suis petit !
Je ne parviens même plus à me distinguer
Lorsque je marche dans une rue encombrée de badauds,
Je me perds de vue
Il faut que je me retrouve avant de rentrer à la maison
Car je me suis égaré tellement
Je suis petit !
Du temps où l’on disait de moi que j’étais petit,
Je me trouvais grand
Chaque nouvel acte à ma portée
Me grandissait
Mais avec l’âge
J’ai l’impression de raccourcir
De devenir petit, si petit !
Et le temps qui me reste
Semble raccourcir aussi
C’est désormais palpable,
Il me suffit de suivre du doigt
Le réseau de mes rides
D’écouter vieillir mon coeur
Tout ralentit et se précipite à la fois
C’est troublant
Comme je me sens petit !
N’essaie pas d’avaler tout ce sable,
Ces grandes étendues désertiques
Où tes sentiments se perdent
Ne sois pas trop gourmand avec la vie
Elle est courte, ne la mange pas d’une bouchée
Déguste le sable
Envoie du pied des nuages dorés face au vent
Reçois-les au visage comme autant de caresses
Respire bien le sable parfumé des errances
Ecoute la musique des pas qui en écrasent les grains
Ne t’inquiète pas des traces absentes
Rien ne te suit
Rien ne te précède
Tu auras été un souffle de vie
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