• Vendredi 8 Mai 2015 ( Vers minuit 15 du matin )

    Moi je suis Claude, j’ai été professionnellement instit’ en maternelle pendant une quarantaine d’années, en Normandie. A 55 ans j’ai cessé de travailler et me suis installé dans la Sarthe pour y vivre avec ma nouvelle épouse . C’était en 2008. Elle est aide-soignante dans un HP.

    J’ai été marié trois fois : la première fois en 1974 avec une femme qui était bi-polaire, ce qui a gâché notre mariage.

    Elle m’a rendu la vie impossible peu à peu jusqu’à ce que ça devienne complètement invivable. 

    En 1988 j’ai rencontré une collègue, Ingrid,  qui venait de Seine-Saint-Denis, et nous avons eu un coup de foudre immédiat, au premier regard, aux premiers mots échangés.
    Nous avons décidé de vivre ensemble le mois suivant et nous ne nous sommes plus jamais quittés depuis, Ingrid et moi.
    Nous avons même fait en sorte de travailler dans la même école et notre amour fut très fort pendant presque vingt ans.
    En 2006 Ingrid est subitement morte à l’hopital de Rouen, après une intervention chirurgicale cardiaque qui a mal tourné.

    Je suis encore très affecté par ce deuil, malgré que j’aie « refait ma vie « avec ma femme, avec qui je me sens bien, mais je n’arrive pas à surmonter la souffrance du manque d’Ingrid.
    Cela transparait bien sûr à chaque page de ce livre.

    Cela m'a isolé du reste des gens que je fréquentais car je ne sais trop pourquoi ils ont raréfié la relation qui avant était « normale «, comme si en mourant Ingrid avait également emporté la relation que les gens avaient avec NOUS et ne peuvent la changer en relation avec MOI, encore moins avec ma nouvelle femme.

    J’ai souvent envie de pleurer quand je suis seul, qu’il suffit d’un rien, une petite émotion, une pensée une vision, un rien.

    Cette tristesse est collante.

    Personne ne se dit à mon sujet  : « J’aimerais que cet homme se trouve fréquemment dans mon environnement proche . «

    Vision réminiscente :

    L’hiver Ingrid portait souvent des collants rouille avec une jupe en tapisserie ( tons verts et vieil or ) qu’elle s’était cousue elle-même. Elle aimait les pulls amples. Elle portait des souliers à semelle plate, sans talon, avec une bride sur le dessus du pied.
    Je me souviens souvent de cela car cette allure me plaisait beaucoup.
    Elle se tordait en S sur un canapé, les deux pieds sur les coussins, ses articulations étaient d’une rare souplesse.

    La grande fatigue me tient, une envie de dormir fréquente, un manque de tonus, les membres douloureux, comme des sortes de courbatures, et pas beaucoup de courage pour me remettre à la musique, cet après midi. Je crois que je vais m’allonger de nouveau.

    Le travail de mémoire, c’est moi qui le fais, je suis chargé de maintenir à flots la mémoire d’Ingrid, je le fais je le fais, je dois le faire, je le fais.

     Je crois que je vais me résoudre à consulter le médecin.

    Je me suis quand même résolu à envoyer un mail de « nouvelles « à ma fille ainée,  j’y prends le ton badin, j’imagine qu’elle répondra mais dans un certain temps, elle répond mais toujours très tardivement pour des raisons que je ne m’explique pas et que je ne connaitrai jamais.

    Dire que je ne puis confier ces petites tristesses-là à Ingrid, cela fait dix ans que je ne peux plus et cela me manque encore.

    Ce soir,  écoutes diverses de musiques, notamment de Patrick Moraz et de Klaus Schulze, des machins bien planants qui accompagnaient mes trips au LSD au début des années 70.

     

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