• Jeudi 21 Mai 2015 ( Vers 16 h )

    Eveil tardif ce matin car j’avais pris un Xanax avant de m’endormir, je crois vers 2 h du matin.
    Je ne me suis pas senti trop mélancolique ni carfardeux, car après un bon sommeil profond je suis toujours en meilleur état.
    Aussitôt une pensée pour ceux qui devraient se préoccuper plus souvent et plus longtemps de ma personne mais qui ne le font pas pour diverses raisons valables ou non.
    Puis une pensée pour Blandine partie au boulot sans me réveiller, ce dont je lui sais gré.

    Dehors il semblait ne pas pleuvoir.
    Je me suis préparé un café et me suis rallongé et en zappant sur le grand écran en face de moi j’ai vu que débutait un film que je connais par coeur, étant amateur du cinéma de Claude Sautet : « Une histoire simple «, avec Romy Schneider et Claude Brasseur.

    Sautet en 70 quand j’avais 18 ans, j’étais allé voir « Les choses de la vie «, et ce film m’avait séduit. Il m’avait séduit justement parce que l’homme dans la voiture est seul, sa solitude au moment de l’accident est telle qu’on la ressent fortement.
    Chaque fois que j’ai eu un gros pépin  j’ai été replongé dans « Les choses de la vie «, avec ce sentiment que ça n’en finit plus et ce rappel de l’organiste qui est resté le front appuyé sur son clavier parce qu’il est mort. Il me semble que cela était inspiré par une scène de Fantomas.

    Il y a eu cette chanson : « L’année où Piccoli jouait Les Choses de la Vie «

    «....Sur l'écran on voyait
    Piccoli mourir

    Jeudi 21 Mai 2015  (  Vers 16 h  )


    C'est toujours pour les autres
    Que tout doit finir
    Pour nous le monde était jeune...»

    Donc après ce plaisir que m’avait donné Sautet j’ai continué à suivre son cinéma, déçu,  un sentiment de baisse de peps et de qualité à partir de « Un mauvais fils «.
    En plus j’ai jamais aimé Dewaere, qui n’aura fait que du Dewaere toute sa vie d’acteur.

    L’élément qui me séduisait et que l’on retrouvait toujours dans un film de Sautet, c’est « la résidence secondaire pour les week-ends entre amis. J’ai toujours rêvé de week-ends où seraient rassemblés des amis, de ces chaleureuses rencontres ritualisées ( une fois par mois, une fois par trimestre ) où l’on échange des nouvelles, où l’on rit, où l’on fait des projets, et moi j’ai le désert pour cela et je ne connais personne pour faire cela.
    Peut être Sautet a t il idéalisé, peut-être qu’il traduisait ses fantasmes dans ses films, avec ses manies des bistrots, des restaurants, de la pluie, des groupes.

    J’ai connu un petit peu des ces ambiances ( sans savoir que ça serait illusoire ) lorsque j’étais en couple avec Ingrid, notre couple servait de pivot à tout cela et à chaque anniversaire, à chaque noël, à chaque fête, les trois filles et leurs compagnons venaient, voire des amis en plus. J’ai même connu un anniversaire où il y avait des dizaines d’amis et même mes parents et Entonnoire, ma soeur ! ( Rarissime, sauf que comme d’habitude elle faisait la gueule, elle n’aimait qu’elle et son nombril et cette fête qui m’était consacrée la rendait malade ).

    Voilà ce qui me touchait toujours dans les films de Sautet : le sens moral des personnages, même en cas de désaccord, je n’ai jamais connu cela qu’avec Ingrid et Blandine.
    Les gens, mon entourage, mes soi -disant « proches « n’ont pas ce sens moral, le terme est flou et désuet mais cela veut dire : « Rester humain «, « Rester correct «, « Rester civilisé «, « Conserver la décence et le respect dans la relation «.

    Si les gens que j’avais connus avaient été des personnages de Sautet, leur sensibilité et leur sens moral et humain auraient fait de ma vie autre chose que cette suite d’abandons, d’épisodes de grande solitude, de méchanceté.

    ( Je repense à la fille d’Ingrid m’engueulant, la dernière fois qu’elle m’aura rendu visite, parce que ma voiture était tombée en panne pendant le trajet qui me la faisait la ramener à la gare... ) Entre ces parenthèses : un exemple de ce que j’appellerai la « perte du sens moral «.
    J’ai des centaines d’exemples, je repense à ma soeur attendant trois semaines avant de m’apprendre que notre père est mort. ( J’en profite pour mettre un placard dénonçant cela publiquement sur Facebook, après tout c’est trop facile de se montrer aussi cruelle clandestinement ).

    Moi ce qui m’a toujours sauvé, ce sont les projets qui me viennent sans cesse, mes projets de livres, mes projets de musiques, mes projets de peintures.
    Moitessier, je suis, sur l’eau, traversant les océans décidés par moi, et fendant la flotte jusqu’à mon avenir. Etonnamment les blessures terribles que la vie m’infligent de temps en temps ne parviennent pas à faire couler le petit bateau, au pire je dessale.
    Mon vieil ami décédé me disait : « Tu as démâté «.
    Il était marin et c’est lui qui m’a donné l’exemple de la métaphore marine.

    Le problème que pose l’isolement, et l’abandon oublieux par les autres, c’est que l’on a le sentiment de se trouver sur un pallier après monté de nombreuses marches d’escalier, mais que lorsqu’on se retourne on s’aperçoit que les marches ont toutes disparu, qu’on est monté mais qu’on ne saura pas redescendre. Ce qui aura construit ma vie, ce qui m’aura amené jusqu’à ce stade, ça n’est plus.


    Mon étonnement est souvent : pourquoi MOI je suis tombé sur ces mauvaises personnes, qui ne savent pas « se tenir «, qui sont animées de sentiments méchants et vengeurs, jaloux et médiocres ? Pas de bonne tenue, pas de respect de l’autre ni de la situation.
    Je me réponds parfois que c’est nos connaissances qui ne sont pas les mêmes, que notre sensibilité s’est trouvée différenciée par les évènements, la vie, les études, la culture, la pratique artistique, les expériences....?

    Je reparlerai aussi de ce violent sentiment de ne jamais me sentir « Là «, de ne pas y être ou bien que je ne devrais pas y être. Ce sentiment très accentué parfois m’a toujours accompagné. Je l’ai oublié lorsque j’étais avec Ingrid, elle me donnait fortement l’impression que j’étais bien là, que c’était ma place. Que j’avais trouvé.
    Elle est morte, depuis. J’ai repris la fatigante gravitation en orbite autour de ma propre vie.



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