• Le Grand Mutisme du Monde à mon endroit se poursuit.

    A se demander si je vis vraiment, si j’existe vraiment.

    Je pense qu’avec cette canicule terrible, ce soleil qui dévore tout depuis quelques jours, si on devait m’emmener aux Urgences pour malaise coup de chaleur, je m’apercevrais que paradoxalement, c’est lorsque l’on va mourir que l’on se préoccupe de notre vie, soudain.

    Tant que tu es sur tes deux pieds et que tu gémis que tu es seul seul seul, personne ne t’écoute, parce que tu es debout.

    Allongé et près de la fin, tout le monde se réveille autour de toi.

    Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé....


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  • ( Tandis que ma femme est installée sur le canapé à regarder la première étape du Tour de France cycliste, ils se battent contre la montre à Utrecht ).

    A part la pluie et le beau temps ( la canicule en ce moment est dans toutes les conversations ), les gens ne s’intéressent pas à moi.
    Pas de mails. Pas de messages. Pas de coups de téléphone.
    Encore moins de visite.
    Encore moins l’intention de venir me visiter.

    Je me dis je connais surtout trois couples de jeunes :
    La fille d’Ingrid ( ma compagne décédée ) et son compagnon .
    Ma fille cadette bi-polaire et son nouveau compagnon. ( elle vient de s’installer avec lui dans sa maison ).
    Ma fille ainée et son mari .
    Tout ce monde m’abandonne à mon isolement.

    La fille d'Ingrid et son compagnon m’ont boudé depuis que la voiture avec laquelle je les conduisais à la gare pour leur retour à Paris est tombée en panne. Ils ont estimé que j’étais responsable de cette panne et donc se sont permis des remarques, de la méchanceté gratuite, puis de la bouderie.
    J'ai donc vu une jeune femme insulter au travers de moi la mémoire de sa mère défunte ( Ingrid ) en me traitant ainsi mais sa mère n’est plus là pour me faire respecter.

    A croire qu’ils faisaient semblant devant elle. Je le soupçonne fortement.
    Ils ont mis à profit cette anecdote dont j’ai été victime ( car moi ça m’a coûté cher en réparation et sur le plan affectif ça m’a fait bizarre d’être ainsi maltraité puis abandonné ), pour m'éliminer de leur vie.

    Ma fille cadette se débat contre sa bipolarité alors je n’ai pas grand chose à attendre de ce côté-là. Son nouveau compagnon semble ne pas chercher à me connaitre , tout va aller à l’abandon et au silence, je le pressentais mais ça s’installe.
    Ils ne savent plus si j’ai de l’importance, ils imaginent certainement que je n’en ai pas beaucoup. Et ils privent leurs enfants de ma compagnie, je ne les vois jamais. 

    J’ai été très important pour ma fille cadette et ça n’a pas changé, c’est elle qui ne le sait plus, qui oublie.
    Je dois la solliciter pour avoir des nouvelles sinon elle n’en donne jamais d’elle même.
    Elle m’envoie des photos de ses enfants mais je les connais à peine, j’ai même pas l’impression d’être leur grand-père.

    Ma fille ainée se débat contre des tocs, des compulsions.
    Pas d’hostilité déclarée à mon égard mais rien ne bouge, c’est moi qui sollicite des nouvelles, c’est moi qui téléphone et tombe sans cesse sur les répondeurs.

    Par moments évidemment je suis fatigué de la médiocrité de ce stupide modus vivendi, d'autant plus que je n'ai jamais failli.
     
    Tout ce monde-là s’en mordra un jour les doigts car la vie se venge toute seule.
    Samedi  4  Juillet  2015  (  Vers 16h20  )
    Tu vois Ingrid, comme ils m’ont abandonné depuis 2006 que tu es morte à l’hôpital.


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  • Quand Ingrid est morte au CHU, à 53 ans d’une greffe cardiaque qui n’a pas tenu, on m’a beaucoup entouré : ma fille cadette et son mari d'alors se sont mis en quatre, ils m’ont logé chez eux et s’occupaient de voir si je mangeais, si j’étais triste ou non, ils guettaient les progrès, et.c..
    Puis il y a au Esther et Pauleu ma fille ainée.
    Ensuite, quand je suis revenu chez moi, quelques mois plus tard, j’avais eu droit aux nombreuses visites de la fille d’Ingrid, qui venait de perdre sa mère mais semblait préoccupée par mon sort, ce qui ne s'est pas poursuivi plus tard.
    Je m'étais dit  que pour ces gens-là j’étais certainement précieux.

    Mais au fil des années, alors que j’avais tout fait pour remonter correctement la pente : mariage avec ma nouvelle femme, par exemple, j’ai senti qu’ils m’abandonnaient....

    J’en ai conclu peu à peu que j’étais le témoin permanent de la POSSIBILITé DE LA MORT DE L’AUTRE, je suis un RAPPEL MORBIDE, je suis le :

    - Souviens-toi que l’autre est mortel(le ).Samedi  4  Juillet  2015  ( Vers 17h )

    Et que donc cette pensée est inconsciemment à l’esprit de ceux qui m’auront le plus fréquenté dans ce couple que je formais avec Ingrid et que désormais la pensée des souffrances et du manque du à ce décès les torture chaque fois qu’ils me voient.
    D’où leur évitement permanent.

    Je suis la Mort de l’Autre.


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  • Bon une fois de plus, pas de mail, pas de message, pas d’appel téléphonique, pas de SMS, pas de visite.
    Me suis levé tôt, en ai profité pour faire quelques courses dans un hypermarché, il manque toujours une bricole ou deux.
    J’ai remarqué que la canicule est moins vigoureuse.
    J’ai préparé le repas du midi pour ma femme et moi.
    J’ai mis la messe catholique en fond sonore comme je le fais chaque dimanche pour me voir replongé dans une vieille ambiance dominicale dont je n’ai la nostalgie que parce que j’étais enfant puis adolescent, ma seule et unique façon de me remémorer un tout petit peu une époque que je n'aurai pas appréciée.

    J’ai dormi sur le canapé, fatigué de m’être levé trop tôt, tandis que ma femme regardait son étape du jour du Tour de France à la télévision.
    Elle a  voulu ensuite que nous buvions un verre de cidre dehors sur la terrasse en grignotant des surimis.
    Mais j'ai préféré le faire à l'intérieur car les voisins font un barbecue qui empeste l'alcool et leur nouveau molosse aboie n'importe quand.

    Leur inculture et de leur vulgarité me fatigue.

    Le peuple  me fatigue par son manque de respect du contexte alentour. Ils imposent leurs habitudes et leurs manières stupides ces mal dégrossis, à moi de m'en protéger. Dimanche  5  Juillet  2015  ( Vers 19h15  )
    Voilà.
    Une journée creuse et vide, une de ces journées comme j’en vis plein depuis qu’Ingrid est morte.
    Une journée de purgatoire.


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  • Isolement culturel :  une espèce de cauchemar permanent qui m’agresse par tous les trous où que j’aille, quoi que je fasse...

    Les chansons, tout aussi idiotes que celles de mon enfance, même pas plus évoluées ou de qualité meilleure, des sujets bateaux ( l’amour... ), les notes toujours les mêmes, le rythme toujours le même, et la philo à deux balles .

    Les styles changent un peu, liés aux moyens techniques, par exemple il y a ces façons de rendre les voix sinuantes en fin de ligne de texte, un peu arabisantes , un peu bêlantes, mais artificielles, on entend bien que c’est un engin qui s’attaque à la voix et en fait quelque chose.

    Je chercher toujours à écouter de bonnes chansons mais je n’en trouve pas. Ce qui m’étonne c’est que la technologie est  cent fois plus évoluée et perfectionnée que quand j'étais ado mais que les idées restent pauvres, voire plus pauvres encore qu’autrefois.

    Il n’y a plus  de chansons nettement engagées .


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  • Nous devions nous rendre à Argenteuil voir pour la première fois une amie Réseausocial.
    Elle peint, elle dessine , nous avons sympathisé.

    Elle fait sa première expo ce soir, vernissage à la Maison des Arts.

    Mais ma femme a été retenue au travail et donc nous avons décidé de faire tranquillement les 200 km et quelques après demain, car elle sera de repos et ça sera plus simple question planning.

    Mardi  7  Juillet  2015   ( Vers 15 h  )


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  • Le lilas que j’‘ ai senti tout à l’ heure au jardin
    S appelle Ingrid
    La salade toute jeune que j’ ai coupée
    S’ appelle Ingrid
    Le ciel ensoleillé au-dessus de tout ça
    S appelle Ingrid
    Le sentier qui me promène
    S appelle Ingrid
    Ma vie s appelle Ingrid
    Je m appelle Ingrid


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  • En fait je ne peux fonctionner autrement que grâce à une certaine forme de rationalité, contrairement à ce qu’on pourrait croire, j’ai toujours obéï à ce qui me paraissait logique, j’aime la vérité, et les sentiments ne l’emportent jamais sur la raison, en moi.

    Je me souviens que lorsqu'Ingrid est partie j’ai commencé par m’imposer l’idée qu’il me faudrait continuer à vivre et éviter ainsi à autrui un deuil supplémentaire ( celui de ma personne ) et aussi me donner la chance de savoir ce qu’après-demain me réserverait.

    Or il se trouve que pour l’instant je ne regrette pas cette obligation que je me suis imposée, car dans un premier temps j’ai vu que ma fille cadette et son mari semblaient extrêmement soucieux que je ne dégringole pas et donc m’avaient maintenu juste en surface, ce qui représentait déjà un exploit en soi.

    On peut dire qu'ils m'ont sauvé la vie.

    Ensuite ma fille ainée et son entourage ( constitué des membres de sa belle famille ) m’ont donné à leur tour le sentiment que je valais plus qu’un lombric.
    Puis la fille d'Ingrid  lorsque je suis revenu chez moi, elle a été très présente, se dérangeant depuis Paris quasiment chaque semaine et me tenant compagnie plusieurs jours de suite.

    Puis tout a été abandonné, chacun ayant sa propre vie et ses propres intérêts , peut être pour essayer d’oublier tout ça, et je me suis aperçu que je me retrouvais peu à peu très seul très isolé, de façon vertigineuse et donc j’ai du retrouver cette promesse que je m’étais faite en début de deuil, pour ne pas l’oublier, car l'abandon et l'isolement donnent parfois l'envie d'en finir, furtivement.

    Cela a fait l'effet d'un chantier qu'on n'a pas bouclé.Mercredi  8  Juillet  2015  (  Vers 12h45  )

    Les points de repères se sont évaporés : la fille d'Ingrid et son compagnon sont devenus impraticables, car sujets à des humeurs fréquemment négatives et la seule fois où j’ai vu leur enfant il s’est montré très désagréable et très mal élevé.

    Ma fille ainée est gênée par de multiples phobies et nous ne nous rencontrons plus qu’une ou deux fois par an à Paris, à mon initiative.

    Ma fille cadette m'ignore.

    Car pour ce qui est de mon contexte relationnel, ça fait des années que j’en espère un « normal «, et qu’il ne vient pas et j’y ai d’ailleurs renoncé, je crois que les évènements auront été plus forts que les humains, dans tout ça.

    Seul mon optimisme perdure, il y a toujours cette espèce de conviction qu’un avenir meilleur est en vue.


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  • Je ne sais pas si d’autres personnes ayant passé la soixantaine se posent cette question :
    - Ai-je réussi ma vie ?
    Je me souviens de cette question :
    - Qu’est ce qu’une vie réussie ?
    Et je me souviens que personne n’a jamais su répondre à cela, car la vie commence et dure et se termine de façon biologique.
    Peut-on  imaginer qu’une vie est réussie simplment parce qu’elle a commencé et qu’elle continue ?

    Mais bien sûr lorsque je vois ces victimes finales de l’isolement, ces sans-logis, ces crève-la-faim, ces terriblement malades, ces terriblement seuls, je n’ose plus parler de « vie réussie «.

    J’en arrive à la mienne : elle aurait pu être mieux menée, mais je sais bien qu’elle n’est pas ratée, car j’y ai mis mon grain de sel, à ma vie.
    Lorsque ma première femme m’a persécuté, pendant ces longues années, entre les quatre murs de notre appartement, j’avais ce sentiment que ma vie était ratée mais en même temps je savais qu’elle durerait encore et encore et qu’un jour cette méchant femme n’y figurerait plus.

    Dès que j’ai rencontré Ingrid j’ai pensé que ma vie pouvait se rattraper et que j’aurais assez vite le sentiment de l’avoir réussie.

    Les plaisirs que m’auront donné mes deux enfants, petites filles, tous ces plaisirs du babillage, des jeux, des activités, des réussites scolaires, des conversations, des découvertes...
    Tout cela aussi m’aura donné le sentiment que ma vie aura été réussie.

    Mais l’étonnement provient de cet abandon partiel du père, de son oubli, de la perte d’admiration ou d’estime que l’on avait de ses activités artistiques.
    Rien de régulier, rien d’entretenu, aléas des pathologies et des existences, des couples qui se font et se défont.

    Quelques bons moments passés à faire le grand père et puis plus rien ou bien un désert infini de temps entre deux rencontres avec mon petit fils .
    Il y a un arbuste que ma femme a planté juste devant la maison et je lui ai donné le même prénom que celui de mon petit-fils, à cet arbuste, comme ça,  je le vois grandir, à défaut du petit garçon.

    Personne ne peut m’empêcher de le voir pousser, attraper de jolies feuilles, se balancer doucement au vent.

    Le petit garçon, on l’élève loin d’ici, on ne lui demande jamais de me téléphoner, on ne lui fait pas m’envoyer de dessins, on ne lui propose pas de parler avec nous en visio conférence, on s’en fout de la relation entre lui et nous.

    On imagine en plus que ce serait un privilège que l’on m’accorderait, on ne se dit même pas que cela pourrait lui apporter quelque chose. On croit que la relation entre le petit garçon et nous ça ne profite qu'à nous.

    Sa petite soeur , j’ai du la voir trois ou quatre fois, dans les bras de ma fille cadette, jamais dans les miens. J’ai vite compris qu’il ne se passerait pas grand chose non plus entre ce bébé et moi.
    Tant pis pour elle tant pis pour moi. Ceux qui ont le pouvoir ont décidé.

    Je n’ai jamais compris pourquoi on avait privé ces enfants de ma grand-paternité, de la gentillesse de ma femme, pourquoi on nous avais privé d’établir une relation suivie avec eux.

    Je crois que c’est parce qu’Ingrid est morte en 2006, j’en suis même certain.

    Il y a donc cette amertume qui me revient dans la gorge de temps à autre et qui me la noue un peu. Ce sont des loupés, du gâchis, cela est conséquence d'un deuil dont personne ne semble se remettre.
    Cette mort m’a maudit.


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  • Ces mots entendus à l’hypermarché, hier :
    - Fais attention de ne pas écraser les yaourths, sinon je vais t’en retourner une.


    Un gros coup de gourdin de solitude, quelque chose qui m’assomme, sur fond de bruit infernal d’hélicoptère venu d’en haut, les gendarmes sont de sortie dans le ciel. Mon rêve : un ami qui descendrait d’un filin depuis l’hélico comme une araignée de son fil au cul, et l’ami atterrirait dans notre jardin et me dirait :
    - Je viens prendre un café !

    Parfois je me dis que mon isolement et l’abandon de ma personne par ceux qui me fréquentaient est peut-être du à mon manque de complaisance ?
    Je me demande ceci, je me demande cela, je fais telle hypothèse, j’en fais une autre, je n’abandonne jamais le questionnement, pas question de se décourager.

    Se décourager, c’est une balle dans le cerveau.

    Me sont venues des visions de tapis de feuilles rouges à l’automne, Ingrid est morte à ce moment de l’année 2006, il y avait des feuilles rouges et jaunes qui volaient partout à cette époque, c’était le sang qui allait venir, le sang de mon deuil. Le jaune et rouge de l’Espagne, moi le taureau percé et saignant tombé après un dur combat.
    Le plus étonnant c’est que je me suis relevé l’arène est vide et le sable est taché de brun, il ne reste plus que l’odeur de ce qui s’est passé et ceux qui assistaient au spectacle sont partis. Il fait nuit et je suis tout seul au centre de cette arène et la lune est calme par dessus tout ça.

    « Je te défends de me parler sur ce ton ! «
    Me souviens avoir dit cela à ma première femme un jour qu’une fois de plus elle me gueulait dessus.
    Elle a ri aux éclats en se moquant de moi:
    - Pour qui se prend ce pauvre type ? Il fait semblant d’ignorer que c’est déjà trop poli que de lui gueuler dessus !

    Moi je me dis : « Ingrid était-elle fière de moi ? Samedi  11  Juillet  2015  (  Vers 14 h )«


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