• Ingrid lisait tout ce qu'écrivait Fred Vargas, c'étaient  des romans policiers et si Ingrid les lisait c'est qu'ils présentaient un intérêt puissant pour elle.

    C'est une piste que je n'ai jamais explorée, au sujet d'Ingrid, je sens que je vais me laisser attirer par l'univers de Fred Vargas pour comprendre quelque chose de plus au sujet d'Ingrid.

    Lundi  19  Octobre  2015  ( Vers 21h15 )

     


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  • J’étais à nouveau en train de me demander pourquoi j’étais si seul.

    Ce questionnement prend des allures stupides monomaniaques.

    Je n’ai pas encore trouvé la vraie réponse, je sais que ça a rapport avec la mort d’Ingrid, mais aussi avec la maladie de mes deux filles ( l’une bipolaire, l’autre atteinte de mille tocs ).

    J’ai songé aussi à ce qui fait de moi une personne « différente « de la majorité.
    Quand j’étais jeune on me disait « surdoué «.
    On a même pensé au syndrôme d’Asperger.
    Tout ceci m’a fait penser à une petite différence à peine remarquable mais qui pourrait suffire à provoquer un léger malaise chez l’autre.

    Peut-être aussi ma façon rationnelle de vouloir organiser une relation, une façon presque mathématique de concevoir les échanges.

    Puis j’ai pensé :
    « Même si j’ai des réponses cela ne change rien au résultat «.

    Et je suis parti me promener au Grand Jardin Magique, toujours seul mais une fois de plus entouré d’arbres qui bruissaient au vent, arbres très hauts et très colorés par l’automne, rouges, jaunes, bruns, vert foncé.
    La femme du jardinier est venue bavarder un peu avec moi et m’a montré des magnifiques collections de papillons réunies par son fils.
    Puis elle a appris que j’écrivais des livres.
    - Comme j’aimerais lire ce que vous écrivez !
    Au retour, j’ai vu que ma femme avait accroché une mangeoire avec des graines et de la graisse, pour les oiseaux qui auront faim et froid cet hiver.

    Jeudi  22  Octobre  2015  ( Vers 2h du matin )


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  • Je me suis rendu compte que si Ingrid revenait faire un tour pour me voir je serais, comme je l’avais toujours été autrefois, intimidé.
    Ingrid m’intimidait beaucoup, elle m’impressionnait.

    Elle se trouvait elle-même banale.
    Moi je la trouvais fascinante, si intelligente, son esprit concevait des raisonnements très logiques, bien construits, bien structurés.

    Je lui enviais cette capacité à réfléchir de façon si rationnelle, si efficace.

    Elle avait ce regard bleu si sérieux lorsqu’elle parlait, et cette voix grave modulée, qui me faisait penser au son d’un cor d’harmonie, à la fois doux et profond.
    Elle penchait souvent la tête et cachait son regard derrière sa frange blonde, par timidité.

    Encore une fois aujourd’hui je la regrette toujours encore une fois, puisque je l’évoque à nouveau.

    J’aime jouer à « Si Ingrid revenait me voir... «, comme si elle n’était pas morte, comme si ça n’était pas définitif, comme si j’attendais encore ce miracle.

    Ingrid ne reviendra jamais me voir.

    Je continuerai à jouer mélancoliquement à cela.
    Je survis par ce jeu.
    Je sais que ce n’est qu’un jeu.

    Mais j’y joue.

    Vendredi  23  octobre  2015  ( Vers 22h25  )


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  • J'ai le sentiment d'exister surtout pas ma non-existence aux yeux des autres. Qu’en me négligeant ils me donnent un sentiment de vie.

    Raisonnement je crois de Thomas d'Aquin qui disait que ne pas croire en Dieu c'est montrer qu'il existe car on ne peut affirmer ne pas croire en quelque chose qui n'existerait pas.

    Raisonnement tordu mais c'est quand on n'a pas le choix : en m'ignorant, en m'oubliant, on me prouve que j'existe puisque j'en souffre et que cette souffrance donne du corpus à ma vie elle-même...
    Me revient cette histoire de « non anniversaire «, qui était je crois une invention de Lewis Carroll. Fêter 364 non-anniversaires et un seul anniversaire.

    Moi je suis devenu le non-ami, le non-père, le non-humain, le non-voisin, le non-frère.

    J’espère que je ne dirai jamais « Je suis souvent dans l’isolement mais j’en ai pris l’habitude «.
    De même que j’espère que jamais je ne dirai : « Ingrid est morte depuis suffisamment longtemps pour que je n’y pense plus... «

    Dites-moi, que lisez-vous ici ?
    - Des mots, un texte écrit par toi...
    - Illusion, il n’y a personne, car je ne suis personne. Ce texte existe par lui-même. Un texte, ça fait oublier celui qui l’a écrit, ce sont des pages sans vie que l’on tourne.

    Dimanche  25  Octobre  2015  ( Vers 22h20  )


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  • Ingrid m’a beaucoup raconté les sévices que lui faisait subir l’homme avec qui elle vivait quand je l’ai rencontrée.

    L’une de ces histoires m’a particulièrement effrayé :

    Il lui avait rasé le sexe, lui avait dit de monter sur une table uniquement vêtue de ses bottes de femme, et lui avait dit de marcher de long en large sur cette table de bois.

    Il la regardait faire en se masturbant.
    Il obtenait d’Ingrid une parfaite obéïssance car il la menaçait de sévices sur leur fille, qui dormait dans sa petite chambre. Il disait qu'il la frapperait .

    Lorsqu’Ingrid est venue vivre avec moi, elle sortait de ces années de cauchemar, cela explique pourquoi elle goûta avec tant de plaisir notre vie de couple, qui était calme et sans nuages, toute de joies simples, de douceur et de rires.

    Mardi  27  Octobre  2015  ( Vers Minuit 37  )


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  •                                                            Chanson pour Ingrid

     

    Nous nous parlons doucement
    Des vagues
    Suites de mots
    Délicats
    Nos voix pâles
    Sous les rayons
    De la Lu
    Ne
    Artifices
    Sommes-nous phrases
    Sommes-nous des mots écrits
    Suis je toi ? Es tu moi ?
    Est-ce bien nous ?
    Sommes nous vraiment
    l’un comme l’autre
    Nous sommes l’un
    Nous sommes l’une
    Nous nous aimons surtout la nuit
    La nuit d’été
    Nous enveloppe
    D’une couverture étoilée
    Pour aller jusqu’au matin
    Je veux
    Que cela dure toute la vie
    S’il Vous plait....
    Nous avons beaucoup appris
    Le temps
    Est pour nous comme un fils
    Le monde entre nos esprits
    Ce n’est rien
    Ce n’est rien
    Solitude
    Et silence
    Essaient de nous séparer
    Mais jamais
    Rien n’y parvient
    Pas de fin
    Pas de fin
    Car l’horizon se voit les yeux fermés
    Les yeux fermés
    Les yeux fermés

    Mardi 27 Octobre  2015  ( Vers 13h15  )


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  • Je voudrais bien ne pas être tenté de parler tout seul, comme je le fais de temps en temps, sans être dupe, bien sûr, mais si j'en prends l'habitude, je risque de le faire sans y penser et de devenir un vieux qui parle tout seul, comme on les moque dans les fictions ou même dans la vraie vie, chez les autres.


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  • Mercredi  28  Octobre  2015  ( Vers  Minuit 25  )


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  • Cela fait presque quinze jours que ma fille cadette s’est fait dérober son portable alors qu’elle chantait au sein d’un groupe punk dans un café.

    Elle essaie de reconstituer sa liste de contacts mais je ne figure pas au nombre des personnes dont il est urgent, pour elle,  de récupérer le numéro de téléphone afin de reprendre la communication.

    J’ai pourtant beaucoup compté pour cette fille de sa naissance jusqu’à ses vingt ans au moins et donc elle compte encore beaucoup pour moi.
    Je m’en suis énormément occupé avec toutes sortes de sentiments.

    On dirait que cela n’aura pas servi à grand chose.

    Mercredi  28  Octobre  2015  ( Vers 19h22  )


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  • Encore une fois, pas de message privé sur mon compte Réseausocial, pas de mail , pas de SMS, à part celui de ma femme qui annonce rentrer bientôt du travail, pas de coup de téléphone et pas de visite.

    J’ai repensé à l’un de mes gendres...

    Il y a un trimestre, ma fille cadette l’a quitté pour son meilleur ami, après douze ans de vie commune.
    Le nouveau couple s'est installé dans une nouvelle maison.
    Pendant douze ans j’ai été amené à fréquenter de près l’homme qu’elle a délaissé,  lorsque Ingrid est morte ils m’avaient hébergé pour que je ne reste pas seul, au début de mon veuvage.
    Cela veut dire que normalement des liens auraient du se créer entre lui et moi, d’autant plus facilement que je suis chaleureux et que je recherche la compagnie des humains.

    De mon côté les liens se sont créés mais cela n’a du aller que dans un sens.
    Le mari abandonné ne m’aimait pas plus que ça.

    Depuis le jour où ma fille cadette l’a quitté, il  m’a éliminé de sa vie.

    Comme si je n’avais jamais existé.

    Ca fait douze ans de relations avec moi pour rien.

    Ingrid est morte, donc elle n’aura pas connu cette blessure d’abandon. Si Ingrid voyait tous ces lâchages depuis sa mort, elle reviendrait dare-dare.Vendredi  30  Octobre 2015  (  Vers 16h40 )


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