• Je me fais toujours " avoir par surprise ", cette fois il s'agit du film " L'ombre d'un soupçon ", réalisé par Sidney Pollack.
    Le type apprend la mort de sa femme, une femme apprend la mort de son mari.
    Ces scènes-là je ne les supporte pas, j'ai une grosse envie de pleurer qui monte.

    Evidemment je n'avais pas supporté, je ne supporte pas, je ne supporterai jamais qu'on m'ait dit, qu'on me dise, qu'on me dira toujours :

    - Ingrid est absente.

     

    Jeudi  3  Décembre  2015  ( Vers 23h20  )


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  • Ma fille cadette a obtenu son permis de conduire cette semaine. Elle y avait échoué plusieurs fois et donc cette victoire l’a soulagée.

    Je lui a envoyé hier un mail pour essayer d’avoir de ses nouvelles car elle ne me contacte plus depuis quelques jours, sans raison connue de moi.

    Elle m’a parlé de son permis et des avantages que cela va lui apporter.

    Elle ne me demande jamais plus de mes nouvelles en fin de mail, jamais.

    On dirait que mon devenir lui est devenu indifférent, ou bien que seul le sien compte à ses yeux ...

    Samedi  5  Décembre  2015  ( Vers 23h55  )


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  • L’horreur c’est quand on se rend compte que la pensée permanente de l’absente est tout doucement de moins en moins permanente et que cet oubli dans lequel on me confine est encore plus solide, plus dur, plus minéral pour Ingrid.

    Les gens l’oublient plus sûrement qu’ils m’oublient.

    Et moi je ne veux pas qu’on m’oublie, je ne veux pas qu’on oublie Ingrid.


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  • Une longue après-midi tout seul, soirée en sus, ma femme partie travailler à l’HP  de 13 h à 22 h.

    Pas un coup de fil, pas un message privé sur Réseausocial, pas un mail, encore moins de visite.

    Me suis vu, fatigué, dans l’après-midi, regarder un film de Woody Allen ( « Maris et femmes « ) simplement parce qu’Ingrid adorait ce film et j’avais l’impression de le regarder à nouveau avec elle mais bien sûr cela a mis encore plus en relief son absence et cet isolement m’a tant pesé, aujourd’hui...

    Ce dimanche n'est qu'un peu entamé et se traine si lentement...


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  • "....Tu es heureux tu te sens bien tu as trouvé ton équilibre et te voilà funambule qui tombe, culbuto sans cesse touchant le sol de la tête, tu te relèves chaque fois mais le jeu te lasse, te voici Saturne sans ses anneaux.... "

    Lundi  14  Décembre  2015  ( Vers 13h45  )


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  • C’est quand je m’éveille quatre ou cinq fois par nuit, qu’à chaque fois je me lève et que je vais pisser dans le silence et l’obscurité, que je me réinstalle devant le grand écran de ma télé et que j’essaie de m’intéresser à un film ou un documentaire, histoire de retrouver le sommeil, c’est quand cela arrive que je repense toujours très fort à l’absence d’Ingrid.

    C’est aussi quand je suis dans un hypermarché et que je fais des courses alimentaires et que soudain je repense au goût du « pain de poisson « que réalisait Ingrid, à chaque diner important, à chaque dîner de réveillon, elle adorait confectionner cette sorte de pâté au goût frais, d’herbes et de poisson, quand j’ai ce goût qui me revient en souvenir, il y a son absence qui me pèse à nouveau.

    En ce moment il y a ces annonces de fêtes de Noël, les gens courent partout acheter cadeaux et nourritures, je me souviens qu’Ingrid elle adorait s’acheter du pain allemand de Noël, qui s’appelait je crois du « stollen «, ce goût très particulier que je n’ai jamais retrouvé depuis, je me demande si je pourrais refaire moi-même du « pain de poisson « comme celui d’Ingrid et si je pouvais trouver du « stollen « le même que celui que nous nous partagions, je me demande si je pourrais m’empêcher de pleurer...

    Dimanche  20  Décembre  2015  ( Vers 1 h  du matin )


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  • Une maudite journée toute pleine de tristesse, pour moi. J’ai pourtant enregistré, ce matin, seul dans la maison ( ma femme était partie travailler à l’HP ) les deux voix d’un tango, une chanson de Bertolt Brecht et Kurt Weill, tout droit sortie de « L’Opéra de Quatre Sous «, la Balade du Souteneur.

    Je me suis aperçu que j’étais contraint, faute de partenaire/femme, de faire les deux voix, celle de l’homme, celle de sa compagne.
    Faute de partenaire/femme.

    Ingrid parfois participait à mes enregistrements, elle chantait plutôt bien, aimait cela et se prêtait de bonne grâce à mes demandes.

    Ce matin elle aurait fait la voix de cette femme, d’autant plus que, d’origine allemande, elle adorait l’univers Brecht/Weill, notamment en écoutant souvent un CD de Marianne Oswald.

    Et donc j’ai remplacé la voix d’Ingrid par la mienne, mais on ne remplace pas une absente lorsque cette absente l’est pour cause de décès.

    C’est cela qui m’a donné un accès de tristesse.

    Un accès de tristesse, chez moi, ça ne se voit pas. C’est tout intérieur, ça ne se manifeste par rien du tout, même pas des larmes, même pas la tête baissée, car je suis souvent seul et donc à quoi bon montrer quoi que ce soit aux murs ?

    Mercredi  23  Décembre  2015  ( Vers 2 h du matin )


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  • Aux obsèques d’Ingrid, à un moment ils ont fait partir son cercueil vers l’avant, dans un tunnel, puis des portes se sont refermées sur lui et j’ai su que le feu allait tout réduire en cendres.

    C’est le moment que j’ai choisi pour aller boire un café près de la Gare.

    Nous étions nombreux à nous installer aux tables du troquet de la Gare, les gens ne parlaient qu’à voix basse et beaucoup me regardaient furtivement.

    Lorsqu’une personne meurt, l’autre, celle qui survit au couple, devient la cible des regards et des attentions, c’est Le Grand Dommage Colatéral.
    Je savais que ceux qui étaient en couple à ce moment pensaient :
    - J’aimerais pas être à sa place.
    Ils pensaient à la mort de l’autre, de leur compagnon de vie, de leur compagne de vie.
    C’était tombé sur moi. Pas sur eux.
    Alors ils avaient de la compassion pour moi parce qu’au fond ils s’en voulaient de se dire :
    - Je préfère que ça lui arrive A LUI qu’à moi.
    Et moi je pensais à Ingrid dont le corps se changeait en cendres, tandis que je faisais fondre du sucre dans mon café, en le faisant tourner avec une petite cuiller, et je me disais :
    - Aujourd’hui j’ai la plus mauvaise place.

    Jeudi  24  Décembre  2014 (  Vers 1h40 du matin )


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  • Ingrid...On veut toujours que j’aie davantage de peine parce que j’ai vécu vingt ans avec elle ... mais ma peine vient de  qui elle était , et c’est parce qu’elle était  qui elle était  que j’ai vécu vingt ans avec elle...

    Même si je n'avais vécu qu'une année en sa bienheureuse compagnie je serais aussi chagrin aujourd'hui.

    On dit que le deuil, par son travail progressif, efface lentement la douleur... Je ne pouvais, je ne puis le croire... Car pour moi le temps élimine l’émotion de la perte ( je ne pleure pas ), c’est tout.

    Pour le reste, tout est demeuré immobile.

    Car ce que j’ai perdu, ça n’est pas une Figure ( ma compagne ), mais un être.. Et pas un être, mais une qualité : non pas l’indispensable, mais l’irremplaçable. Je pouvais désormais vivre sans ma compagne ( c’est courant ), mais la vie qui me restait serait à coup sûr et jusqu’à la fin inqualifiable ( sans qualité ).

    Ainsi s'exprimait Roland Barthes.

    Vendredi  25  Décembre  2015 (  Vers  18h35  )


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  • Ingrid, quand nous nous sommes rencontrés, sa fille avait douze ans.
    Celle-ci m’a tout de suite détesté, souhaité que sa mère me quitte.
    Elle espérait que notre couple ne fonctionne pas et cesse au plus vite.

    Elle disait des choses méchantes, elle boudait sans arrêt, elle faisait des scènes de caprice, terribles contre sa mère.

    Elle était si possessive avec Ingrid que j’avais parfois l’impression d’être en trop dans leur vie de couple.

    Elle a supporté notre belle entente de si mauvais gré que dès que possible elle a quitté la maison, se faisant inscrire dans divers internats pendant ses années de lycée. Préférant ne plus vivre avec nous que d'accepter ma présence sous le même toit qu'elle.

    Elle a du beaucoup s’en vouloir, lorsque sa mère est morte, de m’avoir tant haï secrètement.

    Elle a donc redoublé de soins et d’attentions pour m’aider à surmonter la très grave dépression qui a suivi le décès de sa mère, ce que j’ai pris pour des sentiments, mais je suppose qu’inconsciemment c’était pour se laver des vilaines pensées qu’elle a longtemps nourri, tout au fond d’elle, à mon égard.

    Elle culpabilisait.

    Peut-être avait-elle pensé « C’est LUI qui aurait du mourir, et pas Maman... «

    Peu à peu, alors que je me remettais et reprenait pied dans la vie, la fille d’Ingrid s’est éloignée de moi, elle n’a plus téléphoné, elle ne m’a plus rendu visite, elle a fini par trouver un prétexte futile lors de notre dernière entrevue pour ne plus jamais me faire signe.
    Sa mère morte, elle n’avait plus aucune raison de me fréquenter.

    Elle a définitivement fait comme si j’étais mort avec sa mère.

    Dimanche  27  Décembre  2015  ( Vers  17h40  )


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