• J’ai fouillé dans de vieux cartons et ai retrouvé un journal tenu pendant deux mois de vacances scolaires, en 2003, qui raconte par le menu les journées passées avec Ingrid, à la fois c’est un peu émouvant, cela me plonge en nostalgie .
     Vendredi  19  Juin  2015  ( Vers 23h20  )
    Quand je relis ce gros carnet, je suis en 2003 avec Ingrid et nous voici quand je le referme, en 2015 avec Ingrid morte et moi vivant avec ma femme une autre vie,  dans une autre région.

    Pour couronner le tout, j’écoute le disque de Fred Astaire qu’adorait écouter Ingrid.
    Elle avait une passion pour Fred Astaire, car elle le trouvait léger et angélique, elle aimait les hommes délicats et fins. 

    Elle me disait que les gens ne me connaissaient pas, que pour elle j'étais délicat et fin mais que pour les gens j'étais rustre et mal dégrossi et elle me disait qu'ils se trompaient tous sur mon compte. Elle seule savait qui j'étais et plus personne ne sait, aujourd'hui qu'elle est morte, qui je suis. 


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  • Ces petits évènements-là ne m’arrivaient jamais auparavant.

    Dans ma vie précédente, du temps où Ingrid et moi étions comme une seule personne, je n’étais pas si vulnérable.

    Aujourd'hui ne suis plus bien certain de ce que je vais demander à cette charcutière.

    Elle ne sait pas que mes crises de bégaiement sont sporadiques, que ça n’est pas ma vraie façon de m’exprimer, elle ne sait pas non plus que mes trous de mémoire ne sont pas du gâtisme.

    « - Monsieur vous désirez ?

    « - Une une une... Heu....

    Je me concentre :

    « - Heu... Une une une une... Heu...Une...

    Puis :

    « - Je ne sais pas....

    Je sors de la charcuterie rapidement, j’entre dans une boulangerie en espérant que ce trouble ne m'empêchera pas d'acheter du pain.

     


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  • Ma mère dit à mon père :

    « - Tu n’y arriveras jamais, comment vas-tu faire s’il arrive une voiture en face ? «

    Mon père est en train d’essayer de dépasser, en côte, un très long camion.

    Nous sommes cinq dans la Deux Chevaux de mon père et il s’est irrité quand le camion l’a doublé dans la descente.

    « - Salaud ! a crié mon père : je vais te montrer, moi...»

    La Deux Chevaux ne parvient qu’à rester à mi-camion.

    « - Attention ! hurle ma mère .

    En face nous arrive droit dessus une voiture. Il est trop tard pour se rabattre.

    Mon père serre sa voiture contre le flanc du camion. Je ferme les yeux au moment où la voiture va nous percuter. Elle a un klaxon puissant.

    Elle nous croise en nous frôlant.

    Mon père fait un doigt d’honneur à son conducteur. Il continue à essayer de dépasser le camion.

    Il dit :

    « - Les routiers ils font chier tout le monde sur les routes. Ils se mettent en grève à la première occasion, ces fainéants. Fumiers de routiers. «

    Il ajoute fièrement :

    « - Tu as vu, chérie, comment que je lui ai fait un doigt d’honneur au con d’en face ? «

     Dimanche 21 Juin  2015  ( Vers 1900 )


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  • Je craignais bien que ma fille cadette bi-polaire ne m’écrirait plus spontanément dès son installation chez son nouveau compagnon.
    Elle me dit, alors que je lui en fais la remarque ( par écrit ) qu’elle a ceci ou cela, mais juste avant elle m’écrivait presque chaque jour.
    Je savais bien qu’il ne fallait pas me laisser endormir ni bercer par une nouvelle façon d’agir de sa part pour notre relation.

    Cela me remplissait de joie, qu'elle se soit mise à correspondre avec moi quotidiennement.

    C’est toujours lassant de constater à nouveau que toute relation que j’ai avec qui que ce soit ne dépend que de l’autre, de son bon vouloir, son bon plaisir, sa disponibilité, son humeur.
    Les échanges devraient s’équilibrer d’eux-mêmes, se montrer réguliers, on dirait que dans une relation je suis le seul en attente, en désir, en espérance.

    Je comprends une fois de plus pourquoi les gens ont inventé un dieu avec qui ils imaginent connaître de vrais échanges, c’est pratique car c’est le fruit de leur inventivité et donc ils peuvent décider que « dieu « leur parlera autant de fois qu’ils en ont besoin ou envie.
    La religion, la croyance, c’est pour oublier l’isolement, la solitude, pour se faire croire que ça n’existe pas, qu’il y a toujours « quelqu’un «.


    Moi j’ai tout ce qu’il faut pour être considéré comme un être humain complet, voire normal. Je suis dans cette société,  vivant, mon coeur bat et l’on peut me voir, si l’on me voit ( mais on ne me voit pas ), déambuler parfois par les trottoirs.
    On peut vivre dans une société et ne pas plus exister qu’un mort, qui est un ancien vivant.
    Le mystère est : pourquoi les gens s’ignorent-ils à ce point ?
    Pourquoi a-t-on pris soin de beaucoup de monde et qu’ensuite ce beaucoup de monde t’aura oublié ?

    Je pense parfois que nous ne sommes que provisoirement dans les pensées des autres, que cela est fragile et que cela n’est jamais appelé à durer.

    Je repense à la trivialité du rejet dont j’ai été victime de la part des trois mères des trois femmes que j’aurai fréquentées le plus longtemps.

    La première des trois mères des trois femmes que j’ai fréquentées m’a détesté au premier coup d’oeil car elle faisait partie du lumpenproletariat inculte et extrêmement vulgaire qui ne fonctionne que sur pulsions, croyances, ressentis, truismes, lieux-commun, « bon sens «, et.c.
    ( C’était la mère de cette femme bi-polaire, avec laquelle j’ai eu mes deux filles ).

    La seconde des trois mères des trois femmes que j’ai fréquentées m’a détesté au premier coup d’oeil car elle faisait partie du lumpenproletariat inculte et extrêmement vulgaire qui ne fonctionne que sur pulsions, croyances, ressentis, truismes, lieux-commun, « bon sens «, et.c.
    ( C’était la mère d’Ingrid, mon amour défunte, qui elle-même avait eu sa fille d’un premier mariage ).

    La troisième des trois mères des trois femmes que j’ai fréquentées m’a détesté au premier coup d’oeil car elle faisait partie du lumpenproletariat inculte et extrêmement vulgaire qui ne fonctionne que sur pulsions, croyances, ressentis, truismes, lieux-commun, « bon sens «, et.c.
    ( C’est la mère de la femme avec qui je vis actuellement,  qui a eu son fils d’un premier mariage.)

    Il n’empêche que l’on se demande pourquoi les gens qui ne vous connaissent pas vous rejettent à l’avance alors que leur fille est tombée amoureuse de vous.


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  • Ma femme est partie à 13 h pour aller travailler à l'HP.
    Elle ne reviendra qu'à 22h.
    Je serai seul, sans appel téléphonique, sans messages, sans mails, sans visite d'ici à cette heure.

    ...."Mardi  23  Juin  2015  ( Vers 13h30  )


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  • Mon père est mort depuis un mois et je ne l’apprends qu’aujourd’hui.

    Il vivait loin de ma région nouvelle et nous étions brouillés depuis des années à cause de son caractère pourri.

    Cependant je prenais de ses nouvelles de temps à autre par mes filles.

    Quand il est décédé dans sa maison de retraite, ma soeur a fait en sorte que mon frère et moi ne soyions pas au courant car elle est atteinte de problèmes comportementaux, elle nous hait depuis l'enfance.

    Mon frère m'ignore depuis plus de dix ans je crois.
    Ma soeur ne parle pas à mon frère, mon frère ne me parle pas, moi je ne parle à aucun des deux.

    Ma soeur m’a écrit un mail alors que les obsèques paternelles étaient accomplies depuis longtemps :

    « - Ton père est mort, tu va pouvoir te réjouir.

    Ma femme m’a dit :

    « - Comment peut-on écrire, A TOI, de telles méchancetés ?

    Je réponds :

    « - Ma soeur est malade de la tête depuis toujours.

     

     


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  • Il y a l’isolement géographique, que je subis.

    L’isolement par négligence de ceux qu’on appellerait « mes proches «, isolement par oubli, par égocentrisme, que je subis.

    Il y a aussi l’isolement social : retraite donc finis les collègues, les parents d’élèves, les enfants, que je subis.

    Il y a l’isolement générationnel, que je subis.

    Il y a l’isolement culturel, que je subis.

    Je cumule.


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  • La violence qui m’isole. La violence environnante.
    Je l’ai subie depuis ma petite enfance. Les écoles étaient des écoles de garçons ou de filles, et il y avait là bas des enfants très très méchants.
    Malgré leur très jeune âge ils savaient déjà pincer, frapper, bousculer, mordre, ils savaient déjà lyncher un faible à plusieurs.
    Ces comportements se retrouvent bien plus tard chez les adultes, ceux qui n’ont pas attrapé la maturité, ceux qui en sont dépourvus, ils font comme des tout-petits, ils frappent et cognent et ne savent pas discuter, dialoguer, ils n’acceptent pas la contradiction et cela donne le fascisme.
    Le fascisme c’est un adulte au cerveau d’enfant qui impose ses volontés capricieuses d’enfant, cette fois en allant au bout de ses haines et de ses colères, déversant des rivières de sang. Quelle différence y-a-t-il entre un groupe d’homme qui massacre à coups de pieds une personne à terre et des enfants qui en font autant ?
    Je me souviens qu’en plus on se moquait de moi si je pleurais.
    Quand je faisais du jazz, une fois devenu jeune adulte, et que je marchais de nuit dans les rues noires de Rouen pour retrouver ma voiture et rentrer à la maison, il me fallait toujours faire attention de ne pas me faire voler mon saxo Selmer MarkVI, rends-toi compte que moi j’ai appris à faire de la musique, à jouer du jazz et qu’il m’a fallu penser à protéger mon instrument car je n’avais pas songé que les voleurs s’y intéresseraient, je ne peux pas me mettre dans l’idée que l’idée de voler peut pénétrer un esprit et l’habiter, je sais que cela existe mais j’ai du mal à le concevoir.
    Donc j’avais en poche un redoutable pistolet à gaz, qui à l’époque pouvait brûler les yeux d’un agresseur et me voici en train d’avoir mis le pied sur le territoire de la violence.


    Jeudi  25  Juin  2015  (  Vers 20h15  )


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  • ( Violences, suite... )

    J’ai également subi depuis ma plus tendre enfance et jusqu’à ce que je quitte le domicile familial de mes parents, une violence au quotidien, une violence éducative « traditionnelle «.

    Certaines victimes de ces violences tiennent des discours syndromes de Stockholm, du genre:
    - Mon père a eu raison de me foutre toutes ces torgnolles. Sur le coup je lui faisais la gueule mais maintenant je l’en remercie.

    Cela me fait penser à une scène du film « Au Bon Beurre «, où l’on voit un pétainiste  vanter le  régime de Vichy  :

    - La France a été vilaine avec sa grande soeur l’Allemagne. Alors qu’ a fait l’Allemagne ? Elle a donné une petite taloche à sa petite soeur pour qu’elle retrouve son calme. Et maintenant la petite soeur est bien gentille et bien obéïssante.

    Nous c’était taloches et punitions, claques, « dérouillées « comme disait mes parents.
    Ma mère utilisait sans cesse son martinet, dont elle faisait cingler les lanières sur nos cuisses.
    Nous étions privés de ceci, privés de cela, nous étions mis en quarantaine pendant une ou deux semaines.
    Nous devions demander pardon à genoux à la Vierge Marie.
    Ma mère simulait un abandon, elle nous affirmait qu’elle nous avait inscrits « En Pension «, et préparait deux petites valises, puis nous entrainait en nous tirant par le bras jusqu’à la gare pour nous mettre dans un train qui nous emmènerait à « La Pension «.

    Devant nos plaintes et nos cris et nos larmes, elle faisait semblant de se raviser.
    - Bon pour cette fois je vais être gentille. Mais la prochaine fois je vous fous VRAIMENT dans le train.

    Mon père a cessé de me taper sur la gueule la fois où j’ai cassé la sienne, vers l’âge de 17 ans. Il ne m’avait pas vu grandir ni forcir et cette fois il a compris que nous devrions désormais en passer par le dialogue démocratique. Vendredi  26  Juin  2015  ( Vers 15h15  )


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  • Etonnant la vie : elle t’offre un amour irremplaçable, quelque chose d’unique, je croise un jour, alors que j’étais loin de m’y attendre, je crois LA femme de ma vie.
    De son côté ( elle me l’a dit ), elle a pensé la même chose, ressenti la même chose, j’étais L’homme de sa vie.

    Nous sommes restés jour et nuit ensemble pendant pas loin de vingt ans, nous étions instits tous les deux dans la même école maternelle.

    Nous ne pouvions nous passer l’un de l’autre.

    Secrètement j’espérais mourir avant elle, égoïstement.
    Elle avait le même désir. ( Elle me l’a dit ).

    Chacun de nous deux savait qu’il ne saurait survivre à la disparition de l’autre.

    Elle a gagné : elle est morte la première.
    Et moi j’ai perdu : je suis condamné, depuis, à vivre.

    Et cette vie est triste, de son asystolie à mon isolement il n’y avait qu’un pas que tout le monde a franchi allègrement.
    Moi je ne voulais pas qu’Ingrid meure et je ne voulais pas me retrouver un jour sans amis, sans famille, sans signes de vie des gens que j’aime.
    C’est mon lot quotidien : un deuil sur une île déserte.Vendredi  26  Juin  2015  (  Vers 23h30  )


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