• Etrange nuit avec les fantômes. Venus me tourmentés vers quatre heures, ne plus pouvoir m’endormir avant cinq heures trente. J’ai pris un Xanax car j’ai craint rester éveillé jusqu’au matin ! Mais bon il est 11 h et je flotte un peu mais je flotte !

    Consultation de mes deux boites mails : nothing.
    Consultation de mes SMS sur mon portable : nothing.
    Appel téléphonique pour me saluer et me demander quelques nouvelles : nothing.
    Dans ma boite Facebook : deux messages brefs. ( Deux personnes sur plus de cent qui s’enquièrent de ma personne ).
    Visites prévues pour passer un moment à bavarder avec de vrais êtres humains en chair et en os: nothing.

    Cela est le début d’une journée. Il y a Blandine dans la maison, c’est au moins ça mais ça n’est pas suffisant.


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  • Les regards sur la vie que nous menons, sur les personnes que nous sommes, souvent j’ai le sentiment que la vue a baissé, qu’elle est très limitée, que bien des aspects de ce qui devrait être remarqué ne le sont pas, sont laissés de coté, sont oubliés.

    J’ai souvent l’impression que les gens agissent de façon un peu trop animale, instinctive, peu subtile, un peu brutale.

    Je sais bien que j’aurai beau envoyer de petits messages, trouver des prétextes à apparence anodine pour communiquer, je vais me heurter à du silence, ce silence glacé et bizarre imposé par des gens qui autrefois me donnaient de l’importance.

    Il me faudra à nouveau me ressaisir, retrouver du goût à tout, me hisser vers le haut, car évidemment ça sent la glissade, à force.

    Mais je ne glisse jamais longtemps, le but étant : vivre longtemps, faire aboutir les projets, continuer, maintenir le cap du bateau.


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  •  

    "....Nous étions devenus silence et viscosité. Nous entendions nos souffles. Nos frottements nous changeaient en feu, nous étions effleurements, éloignements, effleurements, nos mouvements coulaient comme fluides parfaits, nos pensées s’égaraient en tourbillons. Nous étions turbulents. Nous laissions des sillages de plis dans le drap de dessous du lit, la couette ayant volé dès le commencement je ne sais où . Nos caresses s’écoulaient, lentes et appuyées, comme de la lave.
    Nous étions juxtaposés parfois, nous adhérions l’un à l’autre d’autres fois, nous nous accolions, aussi.
    C’étaient vagues de douceur suivies de vagues de douceur et puis la rage nous prenait soudain et nos dents mordillaient, nos doigts voletaient, papillonnaient, s’accrochaient, se faisaient prisonniers, se libéraient. Chaque endroit de notre peau était dense de baisers.
    Nos énergies s’additionnaient pour nous mener plus avant que nous n’étions jamais allés jusqu’alors, elle comme moi. Nos contacts étaient partiels, mais nous avions le sentiment que nous étions cloués avec force l’un à l’autre là où nous étions joints. Nos trajectoires étaient courbes et s’emmêlaient au point que nous ne voulions pas défaire les noeuds de nos membres et que  nous restions coincés voluptueusement plusieurs minutes avant de nous délivrer pour mieux nous emprisonner  à nouveau. Nous nous donnions de larges sourires. Nous étions une seule solution agitée dont les éléments ne retombaient jamais complètement, troublés à peine en inertie. Cela n’advenait que sporadiquement, pour que les souffles puissent se calmer. Il semblait que nos emmêlements étaient irrationnels et que la constante du niveau très élevé de notre plaisir se situait bien au-dessus du plafond, plus haut encore que le toit de cet hôtel.
    Ingrid se scellait à moi .Notre plaisir était en nous et nous nous l’échangions pour mieux goûter celui de l’autre.  Personne n’aurait pu suivre le déroulement de ce ballet car il obéïssait à un scénario complexe de totale improvisation harmonieuse. Nos yeux plongeaient les uns dans les autres, les siens, bleus, étaient comme deux petits lacs. Notre coexistence était totale, doucement brutale. Notre isolement était parfait. Il n’y avait pas de questions mais toujours des réponses de geste à geste. C’était une chorégraphie vaporeuse et liquide productrice de fièvre, imbibée de l’effervescence de ce qui prenait couleur de passion bouillonnante. Nous abordions nos élans avec entrain et ardeur, dans l’éloquence d’une calme excitation enthousiaste. Il arriva plusieurs fois des évènements d’atteinte d’ultime chaleur qui nous pénétraient d’une sensation de fournaise jouissive.
    Nous étions chacun devenus inflammables au contact de l’autre. L’indolence des cheveux blonds et fins de Ingrid s’éveillait parfois brusquement en secousses pour couper en morceaux la chanson des appétence en lames d’or étincelantes.... "


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  • Tu imagines peut-être que je vais changer de sujet, que je vais cesser de parler de ça, de mon isolement et ma solitude pesantes et qui n’en finissent pas ?
    Je vais continuer à en parler, car si toi ça te fatigue, ça te lasse et ça t’ennuie, qu’en est-il de moi qui suis dans l’oeil de ce cyclone muet et vide ?
    J’ai repensé ce matin à cette même impression d’être mort en même temps qu’Ingrid, mais tué par les autres, à petit feu, par abandon.

    Cette situation : ma fille cadette s’en va courir l’amour nouveau avec le meilleur ami de son mari, qu'elle vient donc de quitter .
     

    Pendant ce temps, pendant que les adultes ne pensent qu'à eux-mêmes, ma femme et moi sommes privés de nos petits enfants.

    J'ai proposé que nous élaborions un calendrier pour que les enfants puissent jouir un peu de nous voir..

    Réticence, un calendrier ça engage, or, ils ne veulent aucune obligation envers les autres, aucun engagement, ils ont toujours voulu décider de presque tout, maitriser, faire que ça se passe suivant leurs désirs, besoins, intérêts.

     

    Donc on ne me répond pas et pendant ce temps les petits-enfants grandissent. Ils sont privés de nous et nous sommes privés d'eux.
     



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  • «.... Je la surprends en train de méditer au jardin ( il s’agissait d'Ingrid ), elle a coiffé mon chapeau de paille à cause du soleil qui tape dur et il est trop grand pour sa tête minuscule, il lui tombe sur les oreilles et lui masque les sourcils..

    - J’étais déjà comme cela enfant, m’a t elle dit, je voyais un papillon et je suivais son vol ou bien je regardais les chats jouer.

    Elle cultive « l’art d’être ailleurs «, c’est une pensive, une rêveuse, elle introvertie et moi extraverti.

    - Tu parles même la nuit, me dit- elle parfois.

    Elle aime s’allonger dans l’herbe, la tête reposant sur ses bras repliés, et regarder passer pendant de longues minutes les nuages :

    - J’aime bien quand ils sont en chou-fleurs tout boursoufflés et tout blancs.

    Dans quelques siècles, Ingrid sera réincarnée en chat et moi en éléphant. Nous nous tiendrons à l’écart de tout bruit et toute agitation et nous serons heureux.... «

    C’était ainsi que j’écrivais sur elle et sur nous en cette heureuse année 2001.

     

    Lundi  25  Mai  2015  (  Vers 18h20  )

    Ingrid a rejoint, cinq ans plus tard, ses chers nuages tout là haut et que moi je suis resté depuis à errer tout en bas comme un éléphant égaré.

     


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  • Te voici de plus en plus oubliée
    Les pensées s’‘éloignent
    Tu n’ es plus d’ aujourd'hui
    Tu as vécu c’ est tout
    Nous voilà bien
    Nous voici sans plus rien
    En moi
    Quelque chose n’ intéresse plus
    J’‘ ai vécu avec toi tout ça
    Mais comme si c’ était rien
    Alors que dirons-nous
    De tout ça ?
    J’ en parle seul aux murs ils ont leur vie les gens....

     


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  • Bon un réveil dirons nous « neutre «.
    Le silence dans la maison car ma femme est partie très tôt à son travail à l’HP.
    Hier évidemment j’ai continué à chercher un moyen de ne plus me trouver isolé, seul, entre quatre murs, ne jamais avoir de visites, ni de coups de fil ni de mails ni de SMS, ni de messages privés Réseausocial.

    Regardé mes mails et ces faux messages de « La Banque Postale « sur laquelle je n’ai aucun compte, des arnaqueurs mitraillent le web pour escroquer les gens, essayer d’avoir leurs coordonnées bancaires, et.c..
    Sur le coup on a une émotion puis on se dit « Je n’ai pas de compte à cette Banque, je n’ai qu’un seul compte bancaire et ils m’auraient averti personnellement si j’avais des soucis «.
    Mais comme on est affaibli par cette espèce de mélancolie due à cet éternel souci de solitude et d’oubli, on a un instant le coeur qui bat et le moral qui dégringole.
    Heureusement sur Internet des milliers de gens ont eu droit aux mêmes tentatives d’arnaque.

    Un petit café dans la maison silencieuse.
    La nuit j’ai la télé pour faire office de veilleuse, je la mets en murmure et elle éclaire un peu la pièce, j’ai beaucoup de mal avec la nuit, le silence, ce côté morbide de la nuit.
    J’imagine que ce silence est l’un des multiples dommages co-latéraux du décès d’Ingrid.

    Je ne sais comment sont vécus les autres deuils.
    Le mien semble ne déboucher sur rien, ne pas évoluer, continue son bonhomme de mauvais chemin, continue à me faire souffrir, rien n’y aura fait.
    Me souviens de l’abrutissement exalté dans lequel me plongeaient les médicaments que ma psychiâtre, celle qui m’a pris en mains au sortir des obsèques d’Ingrid.
    Ces médicaments ont évité le pire.
    Mais ne m’auront pas donné le meilleur.

    Il y a eu ma femme qui m’a sauvé la vie. Cette liaison a évité le grand saut.
    Le souci est que depuis septembre 2006 se sont installés des états parasitaires, par exemple le besoin exacerbé de voir du monde, de rencontrer du monde.
    Et puis tout ce qui ramène à Ingrid, qui tourne autour d’Ingrid, qui peut m’évoquer Ingrid, tout ça est sans cesse recherché, trouvé, avalé, digéré, et ça refait des racines.

    Le principe est-il de détruire la souffrance ? De l’oublier ? D’essayer de s’en distraire ? De la supporter d’une façon ou d’une autre ?

    La supporter d’une façon ou d’une autre et SEUL, voici le principe imposé. La vie est intelligente qui te ramène toujours à l’essentiel.

    Ai relancé ma fille cdette pour lui rappeller que je lui ai proposé de venir se reposer chez nous en cas d’urgence. Ici c’est calme ( ! ) et donc ça la retaperai.

    Evidemment ici on me lit on ne sait qui je suis en live mais je suis gai et joyeux dès qu’en présence d’une personne pour laquelle j’ai des sentiments.
    Cela est logique : j’ai ce livre pour évacuer une partie des souffrances provoquées par l’isolement et donc bien sûr : une visite = la joie revient.

    Car cela peut étonner qui ne  me connait pas : je suis de caractère amusant, drôle, joyeux et gentil. Et je l’écris sans vergogne car c’est la vérité.

    C'est triste d'avoir ses deux filles souffrantes....


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  • Il y avait ce vertige qui m’avait pris dès les premières heures d’éveil pour venir se coller comme quelque chose de gluant à mon humeur.
    Le vertige habituel du « Pas de mails, pas de visites, pas de coup de fil pas de SMS pas de messages privés, rien venant directement d’un humain de lui à moi. «

    Je me souviens avoir pensé, un soir où une fois de plus je tentais d’avaler cette effroyable solitude qui me serait désormais imposée par la disparition d’Ingrid, je me souviens avoir pensé, dans cet appartement qui était froid car volontairement sans chauffage, je me souviens avoir pensé qu’essayer de vivre sans elle était comme d’essayer de confectionner du pain sans farine, sans levure, sans eau , sans sel.

    Sans la farine de la douceur de ses mains et de ses baisers, , sans le sel de ses mots et de ses pensées, sans l’eau de ses larmes lorsqu’une injustice était commise quelque part sur Terre ou qu’un film de série B  pathétique l’émouvait, sans la levure de l’énergie qu’elle me transmettait simplement en respirant à mes côtés.

     Je me souviens que l’appartement dans lequel j’avais cette sensation de croupir depuis ses obsèques était un grand appartement de fonction au dessus de l’école maternelle où nous avions enseigné dans des classes voisines pendant presque quinze ans.

    Je me souviens que je n’avais pas remis le chauffage en route à l’approche de l’hiver.

    Je me souviens que je ne dormais plus dans notre lit qui pendant si longtemps avait été comme un paquebot traversant l’océan des plaisirs renouvelés. Je dormais dans le canapé du salon et je laissais la télé allumée toute la nuit car le silence m’angoissait désormais, il me rappelait sans cesse qu’Ingrid ne chantait plus dans la maison.

    Je me souviens que je n’allumais plus nulle part dans cet appartement de fonction, au soir, que je n’éclairais que  le salon et la cuisine.

    Je me souviens que  dans ce grand appartement glacé et noir je m’étais mis à trembler de froid et de souffrance.

    Je me souviens que j’avais l’impression d’être le dernier être vivant sur cette maudite planète pourrie.

     Je me souviens que je me suis dit :

    - Cette fois c’est la bonne.

    Je me souviens que je m’étais endormi et que je m’étais réveillé en claquant des dents, et que je m’étais dit :
    - Ca serait trop con.

    Et que je m’étais levé pour remettre en route le chauffage.

    Mais je me souviens qu’il s’était montré récalcitrant et que je n’avais pu le remettre en route car pendant quinze ans c’était Ingrid, bricoleuse passionnée, qui l’avait remis en route chaque automne et que je ne savais pas le faire. Je me souviens que nous étions en février et que ça gelait dur cet hiver là.

    Je me souviens que je m’étais dit, en me recouchant et claquant des dents :

    - Elle était ma chaleur, elle dispensait la chaleur dans l’appartement et dans ma vie.

     Je me souviens que soudain je me suis souvenu qu’Ingrid nous avait équipés d’une trousse de premiers soins de la Croix Rouge et qu’à l’intérieur il y avait une couverture de survie, qui était comme faite en papier doré pour du chocolat.

    Je me souviens que je me suis enveloppé dans cette couverture et qu’assez vite la chaleur est revenue comme si Ingrid m’avait à nouveau serré dans ses bras si tièdes.

    Je me souviens que ce bien-être qui m’avait doucement envahi m’était apparu alors comme un signe qu’il ne fallait pas que je me laisse aller à mourir de froid comme ça bêtement par une grande nuit noire glacée de solitude endeuillée.

     Je me souviens que c’est vraiment cette nuit là, m’endormant paisiblement dans la chaleur de la couverture de survie d’Ingrid, que j’ai su que j’allais continuer à vivre et que je retravaillerais un jour dans notre école et que je survivrais jusqu’à la fin.


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  • Tu ne réponds jamais quand je t'appelle,
    Tu es si loin et tu t'éloignes encore....
    Je ne supporte même plus
    De voir des hommes pleurer sur leur malheur :
    On dirait le mien chaque fois
    Les larmes des autres me ramènent
    A celles qui m'ont inondé le visage
    Quand j'ai su ton départ...
    On dirait que depuis
    Je ne suis plus jamais allé nulle part,
    On dirait
    Que je suis mort juste après toi...
    Je ne revis plus,
    Sachant que tu ne reviendras pas.
    D'avoir touché du doigt l'extrême douleur
    Je me retrouve couché devant l'avenir :
    Comme un ciel sombre il me surveille.
    Je rampe désormais sous ce couvercle pesant
    Je cherche ta main pour avancer,
    Mais je n'attrape que le vide...


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  • Tu as besoin d’y penser à ces lèvres rouges douces gonflées naturellement et qui lui donnaient une bouche charnue aux baisers si doux, j’aurais voulu me trouver aspiré totalement par ces lèvres, en commençant par les miennes, aspirées puis j’aurais été avalé tout entier en finissant par mes pieds.
    Tu as besoin d’y penser à ces cheveux blonds très doux souples dans lesquels le bout de mes doigts aimait voyager, s’égarer mèche à mèche, se laisser picoter la peau par les picots de la nuque, de tout petits cheveux tout raids si courts, un millimètre suffisait pour m’irriter la pulpe des doigts.
    Et bien sûr poser un baiser derrière ce petit cou si fragile si mince il y avait une sorte de petite bosse entre le bas de la nuque et le début du dos, j’y déposais aussi très souvent un baiser.
    Y penser aussi à ces grands yeux bleu-pâle, noyé dans un blanc luisant comme de la faïence vernie qui réfléchit la lumière.
    Ces deux grandes paupières si lentes à se fermer, si lentes à se rouvrir.
    Le regard timide si souvent posé sur ses propres pieds.
    Et chaque oeil à côté d’une pommette très haute, une pommette slave.

    Aujourd’hui j’ai tenté des coups de téléphone mais il n’y avait que des répondeurs ça me permettait d’entendre la voix de ceux que j’appelais qui me disait que nous ne parlerions pas ensemble, pas encore cette fois, une fois de plus.


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