• Je délire dans le canapé, allongé, pâle, tremblant. J’ai attrapé une telle fièvre que tout est brouillard et souffrance. Je me sens comme un volcan.

    J’ai l’impression que cela dure depuis quelques jours, ça n’en finit pas.

    Un matin je me sens mieux et Ingrid me raconte une histoire étonnante dont je n’ai aucun souvenir :

    « - La nuit dernière j’ai entendu que tu ouvrais la porte d’entrée de l’appartement, puis je t’ai entendu descendre les escaliers, puis tu as ouvert en bas la porte de la rue. Je me suis levée pour voir ce que tu faisais et je t’ai retrouvé torse nu au milieu de la route, en pleine nuit, tu marchais pieds nus dans la neige, tu allais n’importe où... Je t’ai ramené là haut par la main, je t’ai parlé, tu ne me répondais pas.

    Au bout d’un moment tu m’as parlé mais comme s’il ne s’était rien passé.  Tu te rends compte, malade comme tu es, tu étais juste en pantalon de pijama dans la nuit froide et la neige !

    Je réfléchis :

    « - Je ne t’avais pas dit que lorsque je fais de fortes fièvres j’ai des crises de somnambulisme ? Ca m’a pris quand j’étais petit et apparemment ça se reproduit encore....

     


    votre commentaire
  • Mon sentiment d’isolement dans cette foule de gens qui ne connaissent que leur nombril est aggravé par celui d’avoir perdu une région, d’être orphelin d’une région, de ne plus y être.
    Cette région est le Nord de la France, c’est même, à l’origine, un département.
    J’y ai passé de nombreux mois dans mon enfance, qui, additionnés les uns aux autres, sont des années.

    - Ah quel bonheur d’entendre parler ch’ti... Quel bonheur votre accent !
    C’était hier au soir, nous étions, ma femme et moi, en voyage d’agrément, rarissime chez nous.

    Ca se passait à Provins, il y avait une fête médiévale, avec tout ce que cela comporte de bon et de mauvais, mais nous avons passé un week-end relaxant, hotel, promenades, calme, restau.
    C’est au restau de l’hotel que j’ai entendu ce merveilleux accent du Nord.
    Une des serveuses.

    - Vous êtes du Nord ? Huuuuum ! votre accent est si merveilleux !

    Et nous sommes partis pour une bonne demi-heure de bavardage sur la région du Nord, son langage, ses coutumes, mais surtout l’esprit des gens qui y habitent, la culture du mot, de la langue, du contact fréquent et chaleureux.

    Et ensuite, donc, j’ai vu j’ai pensé j’ai su que ma sensibilité à l’isolement avait été accentuée par mes origines du Nord, Wattrelos.
    Là bas, tout le monde se parle, et parle beaucoup.
    Et toutes les autres régions ne valent rien sur le terrain de la communication en comparaison avec celle du Nord de la France.
    Et voilà pourquoi je souffre tant de silence et d’isolement.
    Là-bas dans le Nord on ne laisse pas un homme rester dans son coin, s’il est sympa et qu’il aime parler, il va connaitre du monde.
    Ici c’est le désert, les gens se tirent la gueule, ils ne s’intéressent pas aux autres.
    On se desséche, on crève de solitude, j’aurais peut- être du retourner à Wattrelos pour revivre !


    votre commentaire
  • Encore une belle journée d’isolement.
    Depuis que ma fille cadette bi-polaire a changé de foyer, après avoir quitté son mari , et bien voilà : c'est terminé la correspondance mail quotidienne.

    Sur Réseausocial, plus de messages, peu de commentaires, et.c.
    Ca me dégoûte.
    Ici j’ai passé la journée tout seul ou presque et ma seule sortie a été les courses à l’hypermarché.
    Ca fait un état flou comme un calamar ou une méduse ou une pieuvre, quelque chose de mou, d’inconsistant, de difficile à cerner.
    Mon moral je le garde grâce à mes projets d’avenir, dommage que je ne puisse compter sur personne pour avoir un sentiment qu’on pense un peu à moi ( à part ma femme : personne ).
    Ma femme à elle toute seule ne peut remplacer la société, et en plus elle travaille, car plus jeune que moi de plus de dix ans.

    Lundi  15  Juin   2015  ( Vers 20h20  )


    votre commentaire
  • C’est terrible, l’horreur de ce silence sur mon existence, aucun regard, on a l’impression de vivre pour rien, quasiment d’être en trop, de ne plus avoir rien à faire d’intéressant pour quiconque.
    J’ai l’impression que les gens respirent dans leur coin leur air à eux et que ce n’est pas le même que le mien.
    Je dois être le seul l’unique monsieur à des kilomètres à la ronde qui écoute tout un album de Jacqueline François. Ces chansons insipides à thèmes, typiquement des années cinquante, me replongent dans ma bulle enfantine. Avant tout cela.
    J’étais tout petit, nous habitions un deux pièces, Rue du Gros Horloge, la partie pauvre, celle qui donnait sur la Place du Vieux Marché, et il y avait cette radio dont j’ai déjà parlé.
    Et parmi d’autres il y avait Jacqueline François. Une voix très ample et plutôt « luxe «, le genre qui devait se prendre pour une Dame, précieuse, elle devait être très conformiste, non pas sur le plan général ( car elle était artiste ) mais pour les manières du quotidien. Chaque chanson qui lui plaisait, elle se l’appropriait.
    Une interprète.
    Tu creuses un peu et tu t’aperçois qu’elle est née à Neuilly, donc pas question de faire « chanson populaire «, j’imagine que le mot « sophistiquée « lui plaisait.

    J’ai remarqué que lorsqu’on se sent seul, oublié, abandonné, solitaire malgré soi, on a tendance à lorgner du coté de la bouffe, je me suis enfilé tout à l’heure une plaque entière de chocolat.

    Voilà donc, 62 ans, des rhumatismes, toujours ce chagrin qui se tient dans l’ombre ( la mort d’Ingrid ) et personne ou presque à qui se confier car la Terre tourne si vite que la force centrifuge nous en éjecte si l’on commence à vieillir et qu’on s’y accroche plus difficilement.

    Je me souviens quand j’ai vécu les premières semaines avec Ingrid morte, j’avais une douleur très forte qui me dévorait le ventre, ma psy me disait qu’il s’agissait de « noeuds d’angoisse «, parfois en ce moment je revis cela, et cela me donne parfois envie de pleurer tellement c’est triste pour un homme comme moi, ayant vécu tout ce que j’ai vécu, ayant fait tout ce que j’ai fait, de se retrouver si seul, si solitaire, d’avoir tant soif de présences humaines, ayant tant envie qu’on lui prête une importance.

    Je bois une bière et je crois que j’avalerai un Xanax tout à l’heure pour dénouer tout ça, car cela brûle et fait mal aux tripes. C’est la peur que cela se prolonge et en plus la solitude, le silence, ça me ramène à mon deuil, qui est une explosion de solitude tout à coup : le monde n’existera plus jamais comme il était et cette profonde nostalgie devient une seconde nature.
    Cela fait comme un passage de pluie, voire une petite tempête calme mais déchirante, et l’on se doute que cela passera mais cela est extrêmement désagréable, même insupportable.
    Quelques versions de « Way down yonder in New Orleans «  pour essayer de faire passer.
    La musique m’entraine souvent un peu à l’écart de ces souffrances-là mais j’avoue que ce soir c’est un peu difficile. Va falloir essayer de m’endormir là- dessus, Ma femme va partir demain matin très tôt et j’espère que je dormirai beaucoup pendant son absence,  pour ne pas avoir à supporter ces longues heures sans personne à qui parler.

    On peut se demander : combien de temps cela pourra-t-il durer et combien de temps est-ce qu’il va supporter cela ?


    votre commentaire
  • Non seulement je n’ai aucun mail, aucun message, aucun coup de fil et aucune visite, mais en plus je n’ai aucune réponse à ceux que j’ai envoyés.

    Ca me fait l’effet d’être un harceleur que de relancer les gens comme je suis contraint de le faire.

    Mardi 16  Juin  2015  (  Vers 10h50  )

    J’ai signalé à ma fille cadette bi-polaire que tout à coup elle fait silence, depuis qu’elle a emménagé chez son nouveau compagnon, mais rien, pas de réponse.

    Je savais bien que je retomberais dans leur silence. Leur silence est comme une mer plate et sans vent sur laquelle ils me contraignent à naviguer.


    votre commentaire
  • J’avais écrit ce petit mail à ma fille cadette bi-polaire :

    «....Tu m'écrivais tous les jours ou presque, et voilà que le silence semble s'installer à nouveau. Pas de reproche dans mon propos juste une constatation.... «

    Elle m’a répondu ce matin :

    « .... Navrée,   j'ai été un peu plus occupée par mon emménagement chez Passé. Le silence ne s'installe pas je suis juste irrégulière ! Et puis je n'ai malheureusement pas tant de choses à dire que ça, ça fait partie de mon problème de dépression : comme je n'ai pas d'activités ni de centres d'intérêts, je manque vite de choses à raconter... Mais je suis là, pas de problème!...»


    votre commentaire
  • J’aurai mené un rude combat contre la solitude, l’isolement, l’oubli de ma personne.
    Je me serai rappelé au bon souvenir des autres sans baisser jamais le pavillon.
    Mon désir de communiquer et de relationner n’aura pas cessé.
    Je me serai battu contre l’hostilité, contre l’indifférence, contre la mauvaise foi, contre l’égoïsme et les alibis.

    Voici ce qu'on devrait me dire :

    « Tu ne m’intéresses pas. Je ne t’aime pas. Je n’ai pas besoin de notre relation. Une relation avec toi me fait souffrir . «

    Suis allé cet après-midi au Grand Jardin Magique, vraiment un endroit idéal lorsqu’on se sent seul car on y est encore plus seul, mais dans la nature splendide, dans la beauté verte et avec les oiseaux et l’étang et des fleurs partout sous le soleil et dans les ombres.

    L’intérêt de cet endroit est que  j’y suis seul VOLONTAIREMENT.

    Je m'y donne le sentiment d’être isolé par ma volonté et non plus par la négligence d’autrui.
    Je poursuivrai ainsi ma guérilla jusqu’à solution.
    Régulièrement on me fait des remarques sur les bienfaits de la solitude et du silence, mais franchement qui est dupe, d’autant plus que moi je DEMANDE des contacts, des mails, des messages, des visites, du tchatte, du dialogue, des rencontres.
    Les gens font semblant de ne pas comprendre ou essaient de m’incriminer :
    - Tu es responsable de ton isolement.
    Mais ça ne va pas loin, je continue mon combat, esquivant les coups, et je réattaque le lendemain, tel Che Guevara en Bolivie, la différence étant que je ne finirai pas étendu mort sur le bac à eau d’un lavoir de montagne.

    Je suis allé au Grand Jardin Magique en écoutant dans la voiture du chant grégorien. Ca me plonge dans une ambiance tout à fait hors du temps, c’est tellement vieux cette musique. Ca ne gêne pas pour réfléchir, c’est tranquille et soft.

    Le désespoir de ma situation actuelle n’empêche pas la vie, le coeur de battre, le sang de faire sa route, de tracer son chemin afin que mon vieux corps rhumatisant continue son affaire.
    Mon esprit pense et j’ai encore des envies de créer.
    Mardi  16  Juin  2015  ( Vers  18h35  )


    votre commentaire
  • - En me levant le matin je regarde s’il n’y a pas le message funèbre. Sur mon pc, sur mon smartphone...

    - En te levant ?

    - Ben oui, vu que ces gens là ils te font pendre leur suicide au-dessus de la tête comme une épée de Damoclès. J’ai regardé « bipolaire « sur wikipédia, putain ça m’a fichu la suée, ils disent que les malades finissent toujours par le faire à un moment ou à un autre, souvent...

    - « Souvent «... Pas tout le temps...

    - Oui, mais « souvent «, moi j’aurais préféré qu’ils écrivent « rarement «.

    - Et comment tu fais pour passer ta journée avec cette idée en tête ?

    - Je ne sais pas. Il n'y a pas de méthode ni de livre pour apprendre à supporter cette terreur sourde.

    - Pfff, quelle vie...

     


    votre commentaire
  • Je ne revivrai pas je ne revivrai plus ces instants précieux où le bonheur total m’est tombé dessus lorsque nous avons eu notre première conversation, Ingrid et moi, en 1988.
    Elle se faisait insulter, taper dessus par son compagnon alcoolique et névrosé, qui faisait des crises de paranoïa, voyant des nazis tourner autour de leur immeuble, piquant des crises de rage, habité par des obsessions sexuelles confinant au viol.
    Je me faisais insulter de mon coté aussi, frappé par mon épouse d’alors, qui était bi-polaire qui faisait des crises de tout, voyant des complots tourner autour d’elle comme des chauves-souris, piquant des crises de rage, hantée par des obsessions de violence, de sang, de meurtre, terrorisée par ses chimères et nous tourmentant, nos filles et moi, sans cesse.

    - Il me tape, je suis à moitié sourde d’une oreille. Il est menaçant. Il sort son couteau et le pose sur la table pour m’impressionner, me faire peur. Quand il veut obtenir de moi quelque chose que je n’ai pas envie de faire, il menace de s’en prendre à la petite .
    - Elle me gifle, elle me griffe, elle cache les clés de tous les placards, de toutes les portes, de la maison, elle cache les clés de la voiture, elle dit tout le temps : « Tu seras bien obligé... «
    - Moi il m’a menacé un soir avec son couteau, il m’a obligée à me raser la vulve puis à monter debout sur la table, avec mes bottes, et il m’a ordonné de déambuler, j’avais tellement peur du couteau, il était fin saoul.
    - Moi elle me dit sans arrêts que je suis un « pauvre mec «, que je ne suis qu’un raté, qu’elle me fera cocu à la première occasion.
    - Il parle d’une voix douce comme le sifflement d’un serpent qui va mordre, et puis tout à coup il se met à hurler de colère comme un fou furieux.
    - Moi, elle ne fait que hurler, elle ne sait pas parler tranquillement, c’est une malade, elle me bouffe petit à petit et parfois je n’en peux plus.
    - Moi aussi, parfois je n’en peux plus, cela ne durera pas.

    Ce fut notre toute première conversation.  Elle décida de la suite, car nous nous étions découvert une souffrance identique puis une envie de quitter chacun notre enfer.
    Nous sentions qu’en le quittant nous pourrions nous constituer une sorte de paradis, à nous deux.

    C’est ce qui s’est fait un mois plus tard.


    votre commentaire
  • Presque aucun contact par mails messages privés, aucun coup de fil, pas de SMS, aujourd’hui.
    Ai commencé la journée tout seul, étais dans le salon ai mangé deux tartines avec confiture et tasse de café.

    Avais le moral venais de regarder pour trainer un peu un film que j’aime bien : « Dialogue avec mon jardinier «, car c’est réalisé par Jean Becker et il y a Darroussin comme acteur principal je l’aime bien.

    Et les tableaux que le peintre incarné par Daniel Auteuil exécute tout au long du film, je voudrais en acheter un un jour, je les aime beaucoup, ils sont faits dans un style plaisant à mes yeux.

    C’est surtout la solitude, l’isolement, l’abandon par les autres, l’oubli de ma personne par les autres, l’absence de visites, l’absence de contacts venant des autres.
    C’est cela qui continue de me faire souffrir.
    Pour le reste j’ai de quoi être heureux, bien sûr.
    Aucun ennui et toujours de la créativité.
    En plus to day, j’avais moins mal aux rhumatismes.
    Je dois voir le médecin lundi.
    Les vieux ils écrivent des trucs comme ça.
    Toi le jeune tu le feras un jour aussi.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique