• On va dire que je n'ai pas de chance : mon prof de trompette m'avait laissé tomber sans aucune explication après seulement deux cours. J'avais senti que ça se passerait comme ça car je commence à me voir comme celui qu'on abandonnera un jour ou l'autre.
    En effet, c'est comme ça que ça s'est passé.
    Je l'ai rappelé à l'ordre, il m'a répondu un SMS avec les explications habituelles : un planning trop dense, des ennuis " perso " ( " perso " c'est pratique, ça évite de mentir plus en profondeur, on ne ment qu'en surface ).
    Evidemment je n'en ai pas cru un mot car cette génération ils font tous comme ça : ils n'assument rien, se défilent, occultent, font de la rétention d'infos, gardent tout pour eux, font l'autruche, ne prennent jamais parti sauf pour des causes qui n'en sont pas ( les légumes bios, les animaux, et.c ), ils s'abstiennent aux scrutins...

    Pour les cours de théâtre, j'ai été obligé de les quitter, car cela ne se passait pas comme je m'y attendais. La salle de répétition n'étais pas un théâtre, le prof ne songeait qu'au spectacle de fin d'année, n'avait pas de plan pour assurer un cours structuré, c'était un peu trop bricolage.
    J'ai fait savoir par mail que je quittais, en donnant mes raisons, qui en gros concernaient le mode de fonctionnement de " l'atelier comédie ".

    Et bien j'ai reçu un mail en réponse, qui se moquait de moi, on m'y indiquait l'adresse du Cours Florent, comme si j'étais un prétentieux qui exigeait des cours comme ça se donne là bas. Ils m'ont demandé de les informer quand je jouerai dans un spectacle où je serai en haut de l'affiche ...Bref c'était un brin haineux et méprisant, ça m'a déçu et même un peu attristé, d'autant plus que mon mail de départ était respectueux des personnes.

    Le rejet, encore le rejet, toujours le rejet. Ca fait un peu complotiste ou délirant, mais bon, tous ces malentendus sur ma personne.
    Ingrid ne s'était pourtant pas trompée et il me semble que ma femme, qui lui a succédé après sa mort, ne s'est pas trompée sur mon compte non plus.

     " Un effacement "  (  59  )


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  • La mère de mes filles, qui se comportait de façon monstrueuse en tant qu'épouse et en tant que mère, elle m'avait dit un jour :

    - Pffff, pour l'instant elles t'adorent parce qu'elles ne savent pas qui tu es vraiment. Un jour, quand elles auront compris, elles te feront la gueule une bonne fois pour toutes, suffira d'attendre patiemment. Ce jour viendra.

    Ce jour est venu.

    " Un effacement " (  60  )


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  • Le théâtre la vraie raison de mon abandon du groupe c'est qu'il était constitué d'une douzaine de sexagénaires et plus âgés, qui tous ont gardé l'honneur d'être appréciés, choyés, respectés par leurs enfants adultes, ce qui n'est plus mon cas.
    Or, il y parmi eux pas mal de gens dont le caractère et les idées sont loin des miennes sur le plan de l'amour de la paix, de la gentillesse, de l'affection.

    Ils racontent tous comment s'est passé leur week end avec leurs enfants et petits enfants, ce dont je suis privé par mes deux filles sans raison aucune, ou du moins sans raison objective et avouable.

    Lorsque je dis à des gens que mes filles me snobent et même me critiquent, voire m'agressent en paroles et en actes, il y a toujours qqn pour dire :
    " Y'a pas de fumée sans feu "
    Et donc j'ai honte car c'est très difficile de faire admettre cette vérité qui est : mes filles je les ai soignées et adorées et elles me rejettent sans explications." Un effacement " ( 61 )


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  • Je m'aperçois que ça fait des années que ça me traine dessus, les abandons, les oublis de moi, les comme-si-j'étais-déjà-mort.

    Me souviens ma soeur, elle a développé sans raison logique une haine de ma personne, une espèce de jalousie je suppose, mes parents la traitaient de bourrique et moi j'étais toujours en tête de classe à l'école.

    Elle m'a donc ignoré à partir de l'adolescence et moi de même car je n'y trouvais pas mon compte.

    Mon frère s'y est mis en second, soudain, terminé, il n'a plus voulu entendre parler de moi. Je n'existais plus.

    J'ai demandé à  mes parents de lui faire entendre raison, mais en fait mes parents trouvaient qu'il avait raison, sans me dire pourquoi.

    J'ai donc rayé de ma liste de gens à fréquenter mes parents, je ne pouvais les voir sans penser à leur trahison, soutenir mon frère qui avait décidé que j'étais mort-vivant.

    Me souviens que j'en parlais quotidiennement à Ingrid, et à d'autres, notamment à mes filles. Elles avaient l'air de dire que je faisais une fixation là-dessus mais bien sûr que quand notre frère nous voit comme un mort on fait une fixation. Je voudrais bien y voir les autres, ceux qui n'ont jamais vécu ça.

    Et puis voilà que mes filles s'y sont mises aussi. Je ne sais même pas pourquoi, c'est une immense question de feu qui me brûle. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

    " Un effacement " (  62  )


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  • Ai écrit un sms à ma fille cadette ce matin, lui rappelant que même les assassins ont droit à des visites.

    M'a répondu que même à Auzwisch j'aurais été mieux traité qu'elle ne le fait. Elle se moque de moi, elle raille.

    Ma femme depuis son boulot lui a écrit sa désapprobation devant ce mauvais traitement de ma personne.

    Elle a eu comme réponse une litanie de stupidités à mon sujet qui montrent bien que ma fille cadette est souffrante, que son esprit ne fonctionne plus tout à fait normalement. On ne peut dire de telles horreurs à mon sujet sans que ça ne soit pathologique. Elle parlait au nom de mes deux filles, mais je ne sais trop si l'ainée aurait partagé ces opinions.

    Une chose est certaine c'est que leur dégoût de ma personne, pour des raisons que ne peut deviner ( celles qu'elles invoquent sont tellement faibles qu'elles donnent plus le sentiments d'inventions pour donner le change que de vraies opinions forgées à partir de vrais évènements ) semble se solidifier.

    Evidemment ça me fait du chagrin, mais le chagrin ne sert à rien, parfois.

    L'année 2017 ne ressemblera pas à celle-ci, car je vais AGIR.  Je vais lancer une opération " justice " pour que mes petits enfants puissent nous voir régulièrement. 

    " Un effacement "  (  63  )


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  • Je ne peux m'empêcher de regarder de temps en temps le film de François Ozon : " Sous le sable ".
    Me souviens que ce film fascinait Ingrid.
    Il y est traité de la disparition de l'homme d'un couple uni.

    Ingrid pleurait en regardant ce film.
    Elle était effrayé par la perspective de pouvoir me perdre un jour.
    Les tourments de la femme seule et perdue la perturbaient.
    Elle disait : " Jamais je ne supporterais cela. Jamais ! "
    Et ses larmes coulaient de plus belle.

    C'est elle qui a disparu un jour sous le sable.

     " Un effacement "  (  64  )


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  • Bon à Paris il pleuvait.
    Suis allé voir la fille d’Ingrid et son fils.
    L’avons attendu devant sa porte d’école maternelle. Les écoles maternelles de Paris sont souvent d’anciens bâtiments noyés dans la vie parisienne, voitures qui font du bruit et puent, toutes sortes de gens qui courent dans tous les sens.
    Moi j’avais pris le TGV première classe et ensuite un taxi.
    Je ne prends plus jamais le métro ni le bus, j’aime pas me mélanger aux quidams.
    Une fois l’enfant sorti de l’école nous avons mangé dans une pizzeria .
    Puis nous avons fait jouer l’enfant à la Cité de la Science.
    Après un goûter chez la fille d’Ingrid je suis reparti en taxi pour la Gare Montparnasse.
    Nous avions discuté longuement de ma fille ainée, car la fille d’Ingrid l’aimait bien et elle ne s’explique pas ses silences, ses disparitions et aussi cette façon de me traiter en paria qui est la nouvelle mode de mes filles.
    Je lui ai annoncé qu’en 2017 il y aurait du changement.

    " Un effacement " (  65  )


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  • Parfois j’ai le vertige, un vertige noir et terrible : me dire que je n’ai plus de filles, qu’elles ne voudront plus me voir, qu’elles n’en ressentent plus le besoin, que je ne fais plus partie de leur vie, que je suis devenu totalement inutile dans leur existence.
    Oui un vertige immense, une pente sans fin.

    Comme si elles me volaient quelque chose de précieux, notamment ma dignité, mon amour-propre, et ma fierté d’homme et de père, comme si elles avaient soudain décidé que j’en serais indigne.

    Aucune raison de leur part de me faire subir cela. C’est pathologique, elles ne vont pas bien dans leur esprit, elles n’imaginent même pas que tout cela est incongru, inadapté à la réalité, c’est un déni de réalité.

    Bon sang ça me revient souvent, il y a quelques semaines, le fils de ma femme qui invite ma fille ainée, qui lui paie le train, malgré que je lui aie fait savoir directement et clairement que ça serait pour moi une grande souffrance de la savoir si près, chez lui ( à vingt minutes en voiture ) et savoir qu’il l’a fait quand même : ils ont passé un dimanche ensemble et je ne les ai pas vus venir me rendre visite, alors que je passais un long et interminable dimanche de solitude et d’isolement, ma femme travaillait ce dimanche-là, à son hôpital.

    C’est là que je me suis rendu compte que je vis entouré de malades, de gens à problèmes, qui ne savent plus ce qui est bon, ce qui est mauvais, ce qui est bien, ce qui est mal. Des gens nombrilistes, cruels, froids, avec des airs sympathiques mais qui ne le sont que superficiellement. J’aurai souffert des années entières de l’inhumanité des autres.

    " Un effacement "  (  66  )


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  • Je sens monter en moi le goût du combat, de la stratégie, de la bataille. Ces filles seront obligées un jour de se souvenir que je suis vivant et on leur dira :
    - Ingrates, un si gentil papa que vous aurez à ce point méprisé et négligé.
    Je vais me battre pour qu’on  leur dise cela, car c’est ce qui doit leur être dit.

    " Un effacement "  (  67  )


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  • J'ai réussi à obtenir une réponse SMS de la part de l'ex mari de ma fille ainée.
    Il ne répondait jamais à mes SMS, j'ai du lui en envoyer des dizaines pour rien.

    Mais là j'ai rusé un peu, j'ai dit " Peux tu me faire signe d'urgence ? "

    Ca l'a intrigué. Il voulait parler au téléphone immédiatement, j'ai préféré prendre un peu de temps, ne serait-ce que pour faire mariner un peu. Mais aussi pour préparer une stratégie de langage. Le truc est de lui proposer de réfléchir pour l'année 2017 à un protocole de rencontres avec son garçon afin qu'il fasse réellement connaissance de son grand-père ( moi ), qui n'ai pu le voir que deux ou trois fois depuis sa naissance, il y a six ou sept ans.
    Je vais lui dire que ma fille ainée ( qu'il a quittée cet été ) ne me répond plus jamais et que donc cela m'oblige à me tourner vers lui. Je pressens qu'il y aura mauvaise volonté pour se mettre d'accord avec moi mais j'aurai commencé en douceur.
    Ceci est une première étape active du Plan.

    " Un effacement "  (  68  )


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