• Je réussis fort bien mon effacement, je ne demande plus à personne de me téléphoner ou de m’envoyer mail, ou message privé sur Réseau Social ou SMS.
    On gagne toujours la partie lorsqu’on est du coté des frustrateurs, des abandonneurs.
    J’ai le sentiment d’avoir abandonné la partie, comme un nageur qui s’essoufle en essayant de flotter après le naufrage du grand navire et qu’il se laisse aller à la noyade.
    La fille d’Ingrid m’écrit de temps en temps, depuis qu’elle a reçu la convocation à l’hommage pour les dix ans de la disparition de sa mère, elle m’envoie du SMS et nous bavardons un peu par ce biais. Mais ça durera ce que ça durera.
    Je ne suis plus convaincu de quoi que ce soit, parfois je me fais l’effet d’être en train de geler, côté sentiments.
    Ma fille cadette est dans la panade financière, elle est en fort découvert, n’arrive pas à remonter la pente, depuis qu’elle s’est endettée pour son nouvel appartement.
    Je crois qu’elle revoit de temps en temps l’homme pour qui elle avait quitté son mari.
    Je lui ai proposé de prendre en vacances de Toussaint les deux enfants, ceux qui sont venus chez nous pendant les grandes vacances.
    J’ai parlé au téléphone avec ces deux petits, j’étais étonné qu’ils aient l’air si joyeux, je crois que les enfants n’ont pas réelle conscience des drames qui se nouent juste au-dessus de leur tête. Je crois que les enfants sont d’indécrottables optimistes.
    Une jolie vie de famille a été brisée, leur jolie vie de famille, les voici une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre.

    " Un effacement  "  (  39  )


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  • Il y a eu cette petite réunion au cimetière, devant la plaque d’Ingrid, au colombarium.
    Je m’étais imaginé qu’il y aurait une assitance d’une trentaine de gens, mais nous n’étions pas nombreux.
    Il y avait la fille d’Ingrid, son compagnon et leur petit garçon, la soeur d’Ingrid et son mari, ma fille ainée, deux collègues, deux ATSEM et deux anciennes élèves.

    Je n'ai

    Nous avons mangé le midi dans une pizzéria.

    Je n’ai toujours pas de nouvelles de ma fille cadette, je sais qu’elle est déjà arrêtée par le médecin, je m’inquiète beaucoup car elle a des tendances suicidaires.

    Mes boyaux sont noués. En fait j’ai peur qu’elle ne passe à l’acte. Le silence terrible est comme une menace.

     

     " Un effacement " ( 40 )


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  • Ce matin j’ai eu une crise de larmes silencieuses. Je me sentais déprimé à cause d’hier, avoir eu tout ce mal à savoir ce qui se passait pour ma fille cadette, et celle-ci qui ne m’a rien raconté au téléphone, et les autres qui faisaient semi-omerta :
    - Je vais bien, m'a-t-elle dit.
    J’apprends juste après par son fils qu’elle est souffrante.
    Je me sentais triste et abandonné, et je me faisais du souci pour elle.
    Les bi-polaires, ils réservent souvent de très mauvaises surprises.

    J’ai donc décidé de jouer la comédie désormais, cela fera partie de la stratégie de « l’effacement «, c’est-à-dire que ça ne sera plus moi mais une image polie de moi, astiquée, sympa, et.c...

    Je ne serai plus moi mais quelqu’un qu’on va apprécier pour un jeu de comédie. Puisqu’ils ne savent pas m’apprécier ou ne veulent pas m’apprécier comme je suis, je vais leur fournir du toc sucré.

    " Un effacement " ( 41  )


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  • Le principe est de ne pas se laisser noyer par un coup de cafard. Ces derniers temps, vu la situation et peut-être certainement relancés par la réunion au cimetière d'Y., qui concernait la disparition d'Ingrid, et aussi à cause de cette omerta qu'on m'impose justement quand ma fille cadette va mal, ces derniers temps j'ai été attaqué rudement par les coups de cafard.

    J'essaie de mettre au point une technique de " non-existence " mais ça n'est pas simple, je pense que ça se rapprocherait de la méditation bouddhiste, mais dans un autre esprit, plutôt une espèce de mort-vivante, on agit, on fait semblant, on continue, on fait, on dit, mais on n'est pas.

    Oui l'existence est difficile pour moi en ce moment, j'ai l'impression de revivre mon livre " Ingrid absente ( pathologie d'un vide ) ", d'en revivre les pages.

    Mais bon je vais explorer la technique de " non-existence ", pour voir si ça peut servir. Faut bien trouver des combines et des trucs pour survivre dans la douleur .

    " Un effacement "  ( 42 )


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  • Je ne sais même pas comment je fais pour supporter que mes filles semblent m'ignorer la plupart du temps.

    J'ai bien compris que j'avais présumé de mon importance pour elles.

    Je ne sais quand " cela " a commencé.

    Je sais que j'en ai pris conscience il y a un an environ, ce qui m'a amené à écrire ce livre qui va paraître : " Ingrid absente ( pathologie d'un vide ) "
    Et puis voilà maintenant que j'écris " Un effacement ".

    C'en est la suite, différente, presque plus triste car je ne me bats plus, je crois être résigné, je m'efface. Ma fille cadette m'a démoli cet été, dans mon salon, des paroles pleines de poison, qui m'ont donné envie d'en finir avec l'existence.
    Ce mail de ma fille ainée, méchant et injuste.

    Et pourtant depuis quelques temps je vivote sans trop de chagrin. Je continue.

    Je fais des progrès au cornet à pistons. J'ai ce projet de CD de ragtimes, je fréquente le théâtre universitaire, nous allons commencer à travailler une pièce de Bertolt Brecht. Je suis souvent méfiant, ne pas me laisser déborder par la peine et le cafard dans lequel m'ont mis ces filles oublieuses.

    Je me dis : " Elles ont tellement de soucis ".
    L'une a quitté son mari et s'est couverte de dettes, elle souffre de bi-polarité.
    L'autre s'est fait larguer par son mari.

    " Un effacement "  ( 43  )


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  • Ma fille cadette, je lui demande pas SMS ( son téléphone en ce moment est tout le temps sur répondeur ) des nouvelles.
    Elle m'envoie chier, ajoutant même qu'elle n'aime pas qu'on lui " mette la pression".
    Il y a un mois elle me téléphonait pour me demander de lui prêter de l'argent pour prendre le train pour Paris aller-retour rejoindre un monsieur.
    En fait la mémoire est tellement courte qu'elle ne traite que de l'immédiat.Tout le contraire de la maladie d'Alzheimer.

    Il y a des gens qui sont gentils avec toi quand ils ont besoin de toi et qui redeviennent très vite méchants dès que leur plaisir est bouclé.

    Cela me fait écrire des truismes, des clichés, des lieux communs.

    " Un effacement "  ( 44  )


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  • Aujourd'hui c'est un de ces dimanches où ma femme est partie travailler à l'hopital, ça va durer de 11 h ce matin à 22 h ce soir grosso modo.

    Son fils n'habite pas loin avec sa compagne et leur petite fille.
    Ma fille ainée passe le week- end chez le fils de ma femme.

    Ils sont à 30 minutes d'ici, ils savent que je suis isolé, tout seul, une longue journée.

    Ma fille ainée, je l'ai vue pour la dernière fois à la petite réunion pour les dix ans de la disparition d'Ingrid. Je lui avais, à cette occasion,  payé sa part à la pizzeria car elle est " juste " financièrement depuis que son mari l'a quittée, cet été.

    Elle commence à revoir la fille d'Ingrid qui du coup m'envoie beaucoup moins de mails.

    Je pratique l'effacement qui consiste à ne même pas les  appeler ou les inciter à me faire signe.

    De toutes façons ça serait par charité et j'ai ma dignité.
    Cela ne m'empêche pas de supporter un léger cafard, par leur faute.

    " Un effacement " (  45  )

     

     


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  • Ma fille cadette : elle ne répond plus à mes sms demandant de ses nouvelles.
    Je sais qu'elle a des soucis créés par son ex, au début ils se la jouaient " divorce loyal et en toute amitié ", mais il semble que ce garçon tourne casaque et décide de lui faire des ennuis, sachant que sa situation est un brin fragile ( santé et dettes )

    Elle m'a envoyé chié par SMS récemment, elle appelle mes demandes de news : " mettre la pression ".

    Puis voilà que ce soir je reçois un SMS d'elle me disant que je peux l'appeler. Je lui ai laissé un message sonore pour lui demander qu'elle me dise par SMS de quoi il s'agit.

    Je me méfie, à juste titre, avec elle on peut s'attendre à tout quand elle est en crise. Et elle ne prévient pas. Sa maladie, c'est cela.

    " Un effacement " (  46  )


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  • On ne me laissera que le droit d'être chagrin, de me ronger un peu dans mon coin, de souffrir de l'abandon par les filles de leur ancien Papa Gâteau.

    Certains jours c'est plus pénible que d'autres.

    Je me concentre sur la musique, l'écriture, ce qui peut me détourner des pensées sombres.

    N'ai pas envie de devenir ce qu'elles croient que je suis devenu, c'est à dire un vieux con qu'il est bon de laisser tomber dans un coin comme une chaussette qui pue.


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  • Si je ne m'efface pas de moi-même on m'efface.
    Ai reçu SMS insultant ce matin écrit par ma fille cadette, qui donc à mon avis ne va pas bien, c'était blessant, méchant, infondé, une espèce de billet d'humeur tout à fait massacrant et désolant, qui en dit long sur son état d'esprit.
    Toujours cette maudite bi polarité. J'ai essayé de la raisonner par une réponse logique et sans colère mais cela ne sert à rien.

    Sa mère s'emballait de la même façon et me disait les mêmes saletés gratuitement.

    Nous devions avoir à la maison ses deux enfants pour les vacances de la Toussaint, quelques jours. Elle m'a laissé un message sonore :

    " Tu auras mes enfants lorsque tu te comporteras normalement ".

    Quant à sa soeur ainée, qui s'est fait quitter cet été par son mari, elle est allée rendre visite à mon beau fils, le fils de ma femme, à vingt minutes de chez nous. Elle a fait 250 km en train pour ça, elle n'a pas voulu venir me rendre visite, d'après ce qu'il a dit à sa mère, ma femme, qui lui a reproché de jouer le jeu d'isolement de ma personne qui est devenu un sport familial pour des raisons inexistantes, si ce n'est une sorte de méchanceté délirante et bizarre.

    Moi je continue l'effacement, mais je suis triste et j'ai le cafard, une espèce de boule au fond de la gorge qui est signe que j'ai envie de pleurer mais que je me retiens.
    En fait je suis rejeté comme ces gentils enfants des collèges dont on se moque et qu'on met en quarantaine pour des raisons vides, juste PARCE QUE C'EST EUX.
    Je suis devenu une sorte de paria sans en connaitre la cause.

    " Un effacement " (  48  )


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