PDF envoyé sous forme de SMS à ma fille ainée :

Ton fils a besoin de s’habituer à connaître son grand-père ( ton père ) avant de pouvoir le fréquenter durablement et régulièrement comme font tous les petits-enfants avec leurs grands-parents. ( Quelques jours chez nous pendant les vacances scolaires en compagnie de ses cousins et cousines serait un minimum convenable ).
Rien ne devrait pouvoir s’opposer à ce qui aurait du être une habitude naturelle depuis longtemps.
Je demande donc, à l’orée de l’année 2017, que nous ayons une concertation au plus tôt afin  de mettre au point entre nous, sans intervention extérieure,  un protocole relationnel très progressif entre ton fils, sa grand-mère par alliance et moi son grand-père.
Ayant passé près de quarante ans à prendre soin de très jeunes enfants, ayant de l’affection à donner à mes petits-enfants,  je trouve injuste pour ton fils de le priver de cette richesse culturelle et affective que je veux lui donner, et injuste envers moi de n’avoir fait de moi et de ma femme que des grand-parents théoriques.
Nous avons des relations régulières et bénéfiques avec nos autres petits-enfants et donc je crois que c’est le moment de rétablir la situation de ton fils à la normale vis à vis de nous.
En espérant que tu donneras sans trop attendre à ce mot la considération qu’il mérite,
Papa.

Ma femme tousse depuis une semaine et je l'ai accompagnée chez le médecin.
Je l'ai attendue en lisant.
Quand sa consultation a été terminée, ils sont sortis du cabinet elle et lui et il est venu me trouver puis m'a dit devant tout le monde que c'est de ma faute si ma femme fume, que je ne suis pas assez autoritaire pour l'en empêcher et que j'ai donc une responsabilité dans son problème de santé.
Il a fait semblant de plaisanter en disant cela mais il m'a mis mal à l'aise. Je lui ai répondu que ma femme est assez grande et indépendante pour faire ce qui lui plaît et que si elle fume ou non c'est son problème et pas le mien.

Ma fille cadette m'a envoyé chier par SMS, j'essaie de provoquer une discussion pour savoir comment on fera l'année 2017 pour mes petits-enfants.
" Tu n'as qu'à voir avec leur père ".
Elle m'a menacé de changer de numéro de téléphone, elle m'a averti qu'elle effacerait mes messages avant de les lire, bref que de la gentillesse qui ne fait pas avancer grand chose.
J'ai transmis les captures d'écran de cette pénible discussion ( très douloureuse pour moi ), à son ex mari, celui qu'elle a quitté il y a deux ans pour son meilleur ami.
Celui-ci, bien qu'ayant été méchant avec moi en SMS il y a quelque temps, a montré des signes " d'eau dans son vin ", nous laissant parler un peu au téléphone avec les deux petits.
Donc il ne fera pas partie des gens concernés par mes revendications légales ultérieures éventuelles.

Allons allons nous ne sommes pas dupes
Mademoiselle vous avez été une gentille
Enfant
Mais la maladie a fait de vous une méchante
Qui fait du mal à son papa
Qu’elle adorait tant
Qu’elle chérissait
Qu’elle aimait
Autrefois
Les poupées sont cassées et les desserts ont disparu
Les jeux ne sont plus drôles l’école est fermée
La récréation est finie depuis bien longtemps
La porte aux souvenirs sera bouclée à double tour
Pour ne plus me rappeler
Ce qui me ferait monter les larmes aux yeux
On a la mémoire attendrie quand on se souvient
Des enfants si gentilles
Qui foulent aux pieds les sentiments
Lorsqu’elles ont mal grandi
Moi on me contraint à déménager
Je fuis celles que j’aimais à la cloche de bois
Je pars sans bagage je n’emporterai rien
Qu’un peu d’amertume et de mélancolie
Au-dessus d’un abime de chagrin
Il ne faut pas montrer qu’on a le coeur malade
Les chirurgiens se jettent dessus le découpent
En morceaux que la vie jette aux chiens

J'ai eu un échange de mails avec mon ex-gendre, celui que ma fille cadette a quitté pour son meilleur ami.
Il semble avoir des difficultés de communication équivallentes aux miennes avec elle, elle se montre fermée à tout dialogue, à toute proposition, on dirait qu'elle se coupe du monde du passé.
Je me demande comment elle est dans le quotidien, j'avoue que je crains le pire.
Toujours est-il que mon ex-gendre semble ouvert aux rencontres de nos petits-enfants avec nous, je sais qu'il y voit intérêt pour son divorce, mais moi de mon côté j'y vois intérêt pour que les enfants nous voient régulièrement, et aussi pour ( j'ai honte mais tant pis ) : ME VENGER !

Ma fille cadette m'a tellement blessé en me disant des horreurs cet été et par la suite en me traitant en mort que je sens en moi le désir d'une terrible vengeance qui s'éveille.

Quant à la fille d'Ingrid, il a suffi d'une visite de sa belle-mère pour qu'elle m'oublier complètement depuis deux jours. Je crois que je vais lui faire la gueule. A vrai dire je n'en sais rien, je ne sais plus quoi faire avec tous ces gens qui ne savent relationner avec moi.

On verra. Pour l'instant je ne bouge pas.

Nous sommes le jour de Noël. Donc hier soir nous avons diné seuls tous les deux.
Personne ne nous aura téléphoné ou fait signe.

Une espèce d'abandon soft une fois de plus. On se demande quels crimes nous avons commis pour nous retrouver si seuls.
Nous avons tout de même mangé de bonnes choses. Ca faisait comme d'habitude, sauf que la nourriture était meilleure.
On fait semblant de s'en foutre, des réveillons à plusieurs que les autres se permettent, mais mine de rien ça fait remonter un peu de mélancolie.

Ces " fêtes " me rendent amer, ce sont les fêtes des autres. Je n'appartiens plus à ce monde depuis que mes filles m'ont abandonné dans un oubli odieux et douloureux.

On dit toujours que ça ne s'emporte pas au Paradis,  mais vers quel Enfer vont-elles donc emporter tout cela ?

Chaque jour j’y pense, chaque jour je vois que la situation d’oubli dans laquelle mes deux filles m’ont plongé se solidifie, s’éternise.
Je n’ose même plus imaginer que celà évoluera dans un sens meilleur.
Je construis des projets pour sauver la réalité de ce que j’ai fait en tant que papa.
Certes elles m’ôtent, sans que je ne puisse savoir pourquoi, leur affection, mais je vais me battre pour que ça leur soit reproché par un maximum de gens.
Qu’elles aient un sentiment réel d’avoir eu tort de me traiter comme ça, que ça ne se fait pas.
Que ce n’est pas moralement acceptable.

L'année 2017 commence. J'ai annoncé ( je me suis dit à moi-même ) qu'elle serait " différente ". Reste à savoir comment je la rendrai différente et ce que recouvre ce mot...

Une chose est certaine, c'est que lorsqu'on décide que tu n'existe plus, on t'ampute de plusieurs années de ta vie passée, car se souvenir de celles qui ont occupé une grande place pour toi pendant plus de soixante ans, c'est souffrir. Pour éviter de souffrir, on ne veut plus se rappeler le temps passsé, et donc ça fait comme si on avait détruit six décennies de ma mémoire. On m'interdit de me souvenir à moins d'y trouver quelque plaisir masochiste.

C'est silence total comme si je n'avais rien vécu avant 2017 : il ne reste que la fille d'Ingrid pour bavarder un petit peu au téléphone.
Elle n'a pas de nouvelle non plus de ma fille ainée.
De son côté l'ex de ma fille cadette ne répond toujours pas : je lui ai demandé les coordonnées de son avocat et il ne répond pas.
J'ai envoyé mon recueil de poèmes : " Poèmes sur le pouce ", à trois maisons d'édition. J'attends tranquillement les réponses.
Je continue à travailler le cornet à pistons, je fais d'évidents progrès.
J'essaie de ne pas trop souffrir, de ne pas trop m'inquiéter, de ne pas trop désespérer, de ne pas trop m'angoisser.
Je me demande si mon vieux bateau va m'emmener encore loin.